[page d'accueil] [retour messages, FAQ et réponses] | @

Message ou FAQ

 

Quand passé et présent s'entrechoquent...

Email en pied de message
Mai 2015

Bonjour.
Je suis une victime d'inceste (père) et cela s'est produit dès mon entrée au collège jusque fin 3ème.
Très honnêtement, j'ai réussi à aller de l'avant et construire ma vie sans même y penser. Je me suis mariée une première fois et divorcée tout aussi vite ("erreur" de jeunesse/rébellion parents-enfants etc). J'avoue avoir mal vécu ce premier divorce surtout que mon mari de l'époque m'avait trompée. Je l'ai vécu comme une trahison, comme un abandon.
Ensuite, j'ai eu plusieurs relations sans grande importance. Je ne m'attachais pas aux hommes avec qui je partageais quelque chose. "AIMER" est quelque chose qui m'est très difficile à montrer et à dire. De l'entendre de mes partenaires, je n'y crois pas aussi.

Actuellement, je suis une mère au foyer avec 3 enfants à charge (écolier, collégien, lycéen) et mon mari vient de m'annoncer son intention de divorcer après 14 ans de vie commune. Il m'en avait déjà parlé il y a 1 an 1/2 et j'avais pris cette annonce comme une bombe.
Dès le début de notre relation, je lui ai fait part de mon viol. J'avais peur de sa réaction et de ses questions. Aucune question si ce n'est qu'il était "peiné" pour moi, chose compréhensible.
Ma 1ère grossesse était imprévu puisqu'au premier mois de notre relation, je suis tombée enceinte. Il est resté. Nous avons donc démarré une vie à trois, puis à quatre et ensuite cinq ! Nous nous sommes mariés et depuis peu, nous sommes propriétaires d'une maison (premier achat).
Malheureusement, je dois faire face à un divorce que je prends très mal.
Il y a 6/7 ans de cela, mon père a été jugé et condamné pour viol sur mineur. Il s'avère qu'il a abusé de ma soeur (je l'ai appris durant les interrogatoires au commissariat) ainsi que de ma demie-soeur (dont je découvrais l'existence). J'ai très mal vécu le procès ; Le fait qu'il y ait prescription me concernant ; Le fait que ma soeur ne m'en ai jamais parlé (pour ma part, je lui ai dit ce qu'il m'était arrivé plus jeune quand j'ai su que j'allais être moi-même maman) ; Le fait de découvrir l'existence d'une autre famille (ce qui m'a rendu tellement "responsable" envers ma demie-soeur de ce qui lui était arrivé). J'ai réellement mal vécu ce procès et les mois qui suivirent.
Quand bien même mon mari n'avait pas les informations , les bonnes "armes" pour m'aider et me soutenir, je me suis sentie très seule. J'en ai voulu à ma soeur (on ne se parle toujours pas) ; J'en ai voulu à ma mère qui me demande constamment pourquoi je n'ai rien dit ; Quand à mes frères, ils ne comprennent pas.
En attendant, la vie a continué mais je me sentais toujours aussi seule.
Depuis le procès, je n'ai plus eu de relations sexuelles avec mon mari. J'ai "horreur" de ça ; Je n'éprouve aucun plaisir dans tout ça et je me sens forcée à faire semblant. Je donne peu de marques d'affection à mon mari qui lui-même ne m'en donne peu ou en présence d'autres personnes. Et le fait qu'il fasse ça me frustre parce que dans l'intimité, il n'est pas démonstratif. Quand il se comporte comme ça devant d'autres, j'ai l'impression d'être un "trophée" ou un "objet" et ça m'irrite.
Il m'arrive de m'échapper de ce monde et de m'enfermer dans une bulle. Les conséquences sont plutôt catastrophiques pour l'entourage puisque je peux ne plus parler avec quelqu'un pendant un laps de temps de courte ou longue durée. Et c'est de là que tout s'est détérioré avec mon mari.
Quand il m'a évoqué le divorce il y a  an 1/2, j'ai paniqué et j'ai tout de suite décidé de vouloir sauver mon couple. Nous avons tenté une thérapie de couple qui a été CATASTROPHIQUE. Nous n'avons fait que quelques séances mais mon mari voulait me faire comprendre qu'il fallait que j'entame une thérapie personnelle et que lui gérerait ses problèmes différemment. J'ai donc entamé une thérapie individuelle et très honnêtement, elle me fait du bien. Mais je n'ai pas le soutien de mon mari. Je me rends compte que je ne l'ai jamais eu et que malgré les efforts que je faisais, je n'avais "droit" à rien de sa part.
Durant ces quelques séances en thérapie de couple, j'ai découvert qu'il était inscrit sur des sites de rencontre, sites sur lesquels il se connectait sur son lieu de travail assez régulièrement ; J'ai appris que l'achat de la maison était une seconde chance pour notre couple et très honnêtement, je n'étais pas au courant. J'aurais eu cette information, jamais je n'aurais acheté cette maison. J'ai appris qu'il avait des vues sur une collègue du bureau.
Durant ces 1 an 1/2, j'ai subi agressivité dans ces paroles et ces actes (il ne m'a pas touché physiquement) mais moralement, mentalement et psychologiquement, il est très destructeur.
Je pense que le divorce s'annonce mal pour moi puisqu'il compte entamer une procédure de divorce pour faute. Il m'a fait savoir que j'étais aussi une personne toxique. Je l'ai trouvé extrêmement injuste et dur, lui qui me répète sans cesse "je ne te déteste pas".
Durant ces 1 an 1/2, il est aussi très colérique envers moi à m'insulter et me dénigrer (il en oublie les enfants dans ces moments là).
Je ne reconnais plus cette personne avec qui j'ai passé 14 ans de ma vie. Je ne l'ai jamais vu comme ça. Je ne pensais pas qu'il serait capable d'aller aussi loin dans la méchanceté entre menaces de "tu n'auras plus de carte bleue ou accès au compte-joint".
Depuis quelques jours (depuis qu'il a vu son avocate), il ne me parle plus (me disant que c'est elle qui lui a dit de ne plus me parler) et il s'isole presqu'en étant une victime. Il fait ce qu'il a à faire et c'est tout. Ppas une parole, pas un échange. Je sais qu'il prépare son départ avant même la fin de la procédure et très honnêtement, je ne sais pas comment je vais gérer tout ça puisque je ne travaille plus depuis 14 ans. Je n'aime pas ce "rôle" qu'il essaie de se donner, ce qui me rend mal à l'aise et presque coupable.
Ma thérapeute ne l'a jamais rencontré mais bien évidemment, il fait parti des conversations et elle trouve qu'il a un côté manipulateur, un manque d'empathie pour moi et qu'il attendait beaucoup de moi sans que lui ne fasse quoique ce soit pour moi. Elle m'apprend à me reconnaître en tant que victime et à reprendre confiance en moi mais surtout à arrêter de culpabiliser puisque mon mari en joue beaucoup avec ce sentiment de culpabilité.
A l'heure qu'il est, je dors mal, je mange peu, je suis angoissée de me dire comment je vais gérer tout ça, mes enfants et moi. Je ne sais pas ce qui m'attend ; Je ne sais pas vers qui me tourner, quels organismes ; Comment je vais gérer les difficultés financières qui vont se présenter à moi. J'ai tellement de questions et d'angoisses.
Comment peut-on utiliser ce qui m'est arrivé si jeune (ce viol) dans une procédure de divorce. Je trouve ça "aberrant", comme si je ne me sentais pas suffisamment salie et mal pour revivre encore et encore ce cauchemar. J'avoue avoir des comportements "étranges" mais ces 1 an 1/2 ont été pire que tout ! Entre crise de jalousie, fouille permanente, pleurs etc. Ça a été difficile. Je ne comprendrais jamais son agressivité envers moi et qu'on ne puisse pas arriver à parler "calmement". Je ne comprendrais jamais comment la situation a dérapé et j'en veux tout de même à mon mari. Il m'a abandonné, trahi, humilié et il est devenu quelqu'un de détestable. Sa famille elle-même ne le comprend pas. Et malheureusement, il est entouré de mauvaises personnes ce qui n'aide pas dans la situation.
Je continuerais mes séances de thérapie parce que j'en ai besoin et qu'elles me font réellement du bien. Il est temps de vivre pour moi et pour mes enfants.

Albane


Bonjour,
"Il est temps de vivre pour moi et pour mes enfants".
C'est en effet vers cet objectif que vous devez orienter vos ressources.
Un petit bémol cependant : je dirais plutôt "vivre pour moi ", retrouver confiance et estime afin que les enfants vivent le mieux possible la situation, afin que votre tristesse ne déborde pas sur eux.
Aussi, je me demande s'il ne faudrait pas plutôt demander une procédure de divorce plus "apaisée" malgré les émotions qui ont déferlé et envenimé un conflit déjà latent.
* http://vosdroits.service-public.fr/particuliers/F10569.xhtml
Il s'agirait donc pour vous, d'accepter l'idée de la séparation et de tenter de trouver les meilleurs arrangements afin de ne pas trop pâtir de la rupture d'un point de vue financier car psychologiquement, il est certain que vos souffrances ne vont pas se résorber dans l'immédiat (heureusement que vous avez entrepris une thérapie).
Il s'agirait aussi, de trouver les meilleurs aménagements par rapport aux enfants concernant l'exercice de l'autorité parentale et les droits d'hébergement car, si vous souffrez évidemment d'un sentiment d'abandon de la part de votre époux, cela ne signifie pas qu'il veuille "abandonner" ses enfants.
* http://vosdroits.service-public.fr/particuliers/N18775.xhtml
Je pense, comme vous, que vos traumatismes de l'enfance n'ont pas leur place dans cette procédure.
Même si vous vous êtes construite plus ou moins bien à partir de ces failles induites par les événements traumatisants, que ce vécu a une importance capitale dans vos relations aux autres et notamment par rapport aux relations amoureuses et sexuelles, il ne me semble pas judicieux de l'introduire dans la procédure.
Cette trahison de la part du père de vos enfants ravive bien entendu tous les souvenirs que vous avez tenté d'enfouir en vous et si vous déclarez au début de votre témoignage, que "vous avez réussi à aller de l'avant et à construire votre vie sans même y penser", vous savez bien maintenant que vous avez fait semblant et "comme si"durant une bonne partie de votre vie.
Pour quelle procédure de divorce avez vous opté?

Cordialement,
Chantal POIGNANT
Conseil

 

Bonjour.
Je vous remercie de votre réponse ainsi que les différents points que vous avez soulevé.
Effectivement, je n'avais pas réellement vu l'impact qu'a eu cet évènement traumatisant dans ma jeunesse et par le biais de la thérapie, je comprends mieux certaines choses et je peux mettre des mots sur ce que j'ai et je ressens.
Oui, il est temps de vivre pour moi, c'est certain. J'ai mis ma vie entre parenthèse durant 15 ans pour me consacrer à mes enfants.
Quand mon mari m'a évoqué le divorce il y a 1 an 1/2, je ne pensais pas qu'il irait jusque là. D'où cette prise de conscience que quelque chose n'allait pas.
Ca fait 3 semaines qu'il a rencontré une avocate ;  J'en ai fait tout autant (sans lui en informer). La personne que j'ai rencontré m'a surprise de par son écoute et elle a été de bons conseils. J'ai suivi toutes ces recommandations telles que m'inscrire chez Pôle Emploi, prendre un rv avec une assistante sociale, continuer ma thérapie, rester fidèle à moi-même (m'occuper de mes enfants, la maison etc) et de voir la suite des évènements.
En 3 semaines, je me suis réconciliée avec ma mère (parce que j'avais besoin d'avoir une mère dans son rôle de mère, amour, soutien, écoute) ; Je poursuis ma recherche d'emploi sachant que depuis le début de semaine j'ai réussi à décrocher un petit emploi de 2h/jr dans une école jusque la fin de l'année scolaire 2014/2015 (j'en suis presque "émue" et paniquée mais il n'y pas de raison que ça se passe mal) ; J'évite de m'isoler et j'ai trouvé le soutien de plusieurs mamans dans le coin. J'en reste surprise et de moi et de toutes ces marques d'affection, de compréhension. Et bien évidemment, je continue ma thérapie.

Pour le moment, elle a bien reçu une lettre de l'avocate de mon mari qui entend bien divorcer et nous n'avons pas plus d'informations.

Depuis 1 an 1/2, je "vis" l'agressivité" (non pas physique) dans ses paroles, ses actes ne comprenant pas pourquoi je n'ai droit qu'à ça ! Toute discussion s'avère inutile car il se braque et il ne répond à aucune de mes questions.

La seule chose qu'il m'ait dit en sortant de son rv avocat, "je suis une personne toxique", "nous allons faire un divorce pour faute", "mon avocat m'a dit de ne plus te parler" et qu'il comptait bien quitter le domicile avant même la fin de la procédure !

Je n'ai opté pour aucune procédure puisque mon avocate m'a dit d'attendre ce que Monsieur demande et ensuite nous aviserons. Lui, sans consultation d'avocat, m'avait soumis ses requêtes pour un divorce à l'amiable - requêtes dont je n'ai rien accepté en suivant les conseils de mon avocat. Il l'a très mal pris allant jusqu'à envoyer ses requêtes à mes ami(e)s de longue date en leur précisant que je devais accepter si j'aime les enfants. J'ai trouvé ça fortement gonflé de sa part. Ce qu'il faut savoir de mon mari, c'est qu'il a toujours obtenu tout ce qu'il souhaitait dans sa vie et qu'il avance de projet en projet. Et pour le coup, il a très mal pris le fait que je n'accepte pas ses requêtes. Il m'a également fait la menace que si je n'acceptais pas ses conditions, le divorce serait alors "sale" !!!

Comme m'a dit ET mon avocate Et ma thérapeute, c'est mon mari qui a décidé de divorcer ce qui ne veut pas dire que je dois tout accepter de ses requêtes. J'ai également mon mot à dire. Donc, comme vous le lisez, je n'agis pas dans la précipitation mais c'est très difficile d'avoir une personne, en face de vous, fermée à tout dialogue calme et restant toujours sur la défensive. Très honnêtement, je ne reconnais pas cet homme. Les enfants sont également "affectés" pour tous ces évènements, surtout mon aîné. C'est même lui qui m'a dit d'arrêter tout dialogue avec son père parce que je me rabaissais et qu'il ne m'écoutait pas quoiqu'il en soit !

Je vous remercie encore pour l'attention que vous avez porté à mon mail. Je vous remercie pour les différents éléments de réponse que vous m'avez adressé. Je n'hésiterais pas à consulter les liens que vous y avez joint.

Cordialement.
Albane

Bonjour,
Effectivement, il est hors de question de céder aux menaces non dissimulées de ce monsieur concernant les modalités et les conséquences du divorce et déjà, le fait qu'il puise s'exprimer ainsi est particulièrement irritant.
Cependant, il faut savoir qu'un divorce pour faute est long et fastidieux et trop souvent se termine par un divorce aux torts réciproques, d'où l'intérêt de "dépassionner" le débat et de tenter malgré tout, sinon la recherche d'une entente véritable impossible, du moins celle d'un compromis.
Vous êtes bien encadrée par votre avocate et votre thérapeute ; il ne vous "reste qu'à" restaurer votre confiance et estime en vous afin de poursuivre vers de nouveaux horizons une fois que la tempête sera passée.
Mais pour le moment, protégez vous au maximum.
Vous êtes sur la bonne voie et vos efforts paient déjà puisque vous avez trouvé un travail.
Cordialement,
Chantal POIGNANT
Conseil

[page d'accueil] [retour messages, FAQ et réponses] | @