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Mauvais rêve ou réalité
Juillet 2014
Email en pied de message
Bonjour, je suis une
jeune fille de 16 ans bientôt 17, et j'ai été violée à l'âge de
13 ans par mon cousin, voici mon histoire.
Ce lundi d'aout je me réveille avec
une étrange sensation de mal être, je regarde autour de moi et je
me souviens, tout me revient. Il est là, allongé à côté de moi,
il dort, paisiblement. Serait ce un mauvais rêve ? Ou alors ça se
serait réellement passé ? Je réfléchis, me pose des centaines de
questions; L'a t'il vraiment fait ? Pourquoi ? Ai-je rêvé ?
J'entends les cris incessant de ma tante, je me lève et me dirige
instantanément vers les toilettes... A ce moment précis je
découvre, horrifée, ma culotte…Humide. Et je comprends, oui, je
comprends que tout est réel, qu'il est allé trop loin, j'ai peur.
Mais surtout j'ai honte, honte de n'avoir rien pu faire, d'être
restée figée malgré ses caresses indécentes. Je ne comprends
rien, pourquoi a-t-il fait ça ? Pourquoi moi ? Que dois-je faire ?
Je suis bloquée par la honte et la culpabilité , je ne
peux rien faire, je suis perdue. Je n'arrive pas à en parler,
j'essaye de me dire que rien de tout cela n'est arrivé, que je suis
encore pure, que mon corps m'appartient toujours... Mais c'est faux,
je ne suis plus la même et je ne le serai plus jamais.
Ma vie a repris son cours, mes proches
ne se doutent de rien, malgré mon agressivité et mes sauts
d'humeur... La nuit je pleure au fond de mon lit en me remémorant
toute la scène; Ses pieds effleurant les miens, ses mains âcres
parcourant mon corps, et ses doigts brisant mon intimité. Il m'a
blessé au plus profond de mon être, de mon âme et je ne parviens
pas à oublier. Pourtant, face aux autres je fais de mon mieux pour
paraitre normale et cacher cette blessure ardente.
J'ai essayé plusieurs fois d'en
parler à ma meilleure amie, de tout lui raconter pour enfin me
décharger de ce poids, de ce fardeau... Mais à chaque fois je n'y
parvenais pas, la honte m'en empêchait.
La honte, c'est terrible, ça te
bouffe, ça te ronge, jusqu'à ce que tu ne sois plus rien, réduite
à une chose inutile et sans défense. Malgré ça j'ai réussi à le
dire, mais les choses se sont enchainées d'une manière assez
déplaisante. Assistante sociale, puis gendarmerie. Je n'ai pas porté
plainte, c'était au-dessus de mes forces, mais je n'ai pas eu le
choix, j'ai dû faire une déposition filmée en plus de ça.
J'ai dû me rendre à V. , là, des
gendarmes, un médecin (femme) et une psy m'attendaient. Je ne
pensais pas que ce serait si... Horrible. Le médecin a voulu me
faire un examen gynécologique, pour moi c'était juste inconcevable
! Je me suis mise a pleuré, crié... J'avais été violé, on avait
pénétré en moi, dans mon intimité sans mon autorisation, c'était
hors de question qu'une inconnue explore mon intimité. Heureusement
un gendarme m'a dit que je n'étais pas obligé, et grâce à lui, je
ne l'ai pas fait. Ah, je la déteste cette femme !
Enfin bref, après ça je pensais mon
calvaire terminé, mais mon état ne s'est pas vraiment amélioré,
c'est simple j'y pensais sans cesse.
J'ai vu une psychologue, ça a marché
au début, j'allais mieux pendant un temps mais ça n'a pas duré...
Alors j'ai voulu soigné le mal par le mal, j'ai eu la mauvaise idée
de coucher avec un garçon, un garçon en qui j'avais confiance, et
pourquoi pas un garçon qui m'aimait ?
Et là j'ai rencontré H, on s'est
parlé deux semaines, puis on s'est vu, et on l'a fait. J'ai eu mal,
j'ai souffert, je ne pensais pas vraiment à mon cousin, alors une
jolie histoire a commencé. Je me sentais bien avec lui, heureuse,
épanouie... Mais pas totalement, car tous nos rapports étaient sans
sensations, vides de sens pour moi, je ne ressentais aucun plaisir,
je regardais le plafond et le réveil, en attendant que ça se
termine…
Jusqu'au jour où il m'a quitté. Tout
s'est effondré, on m'avait trahi encore une fois! Il avait eu ce
qu'il voulait; il s'était vidé bien tranquillement et moi il
m'abandonné... Par message. Voilà encore une fois j'étais seule,
affreusement seule. En qui pourrais-je avoir confiance maintenant ?
Est-ce que j'y arriverai ? Enfin, c'est la rentrée de seconde, une
nouvelle année qui commence, qui, je pensais serait meilleure que la
précédente.
Je croyais aller bien, après tout, le
lycée c'est un nouveau départ ! Alors on rencontre des nouvelles
personnes, on se fait des amis... Mais évidemment il y'a les cours,
ça m'ennuie...
Le soir je rentre chez moi, je
m'effondre sur mon lit, je pleure... Il y'a des hauts et des bas,
beaucoup de bas.
Une semaine où ça n'allait pas, j'ai
fait n'importe quoi, je me suis vraiment trouvée idiote. Le problème
c'est qu'il y eu une conférence de prévention contre les crimes ou
je ne sais plus exactement. J'entre dans la salle, je suis assise au
premier rang, un grand livre ouvert sur un pupitre, et là, en gros
le mot : VIOL. Pour moi c'en était trop, je suis sortie de la salle
en pleurs, c'était trop dur, je n'étais malheureusement pas guérie,
c'était la triste réalité. J'étais faible, fragile
psychologiquement, hypersensible... Le soir en rentrant chez moi,
j'étais détruite moralement, et je ne sais pas pourquoi, j'ai pris
un compas, et j'ai commencé à me griffer l'intérieur des poignets,
ça me faisait du bien, j'avais l'impression que mon corps
m'appartenait, j'extériorisais tout mon mal-être en agissant comme
ça, mais c'était mal et au fond je le savais. J'ai continué
pendant 3 jours, je voyais le compas et je ne pouvais pas m'empêcher
de me faire du "bien". Heureusement je me suis rendu compte
que je faisais n'importe et je me suis vite ressaisi ! Après cet
épisode on est allé en vacances chez ma grand-mère qui vit à coté
de mon oncle (père de mon " cousin"). Il n'était pas
censé être là alors j'étais sereine. Mais voilà, un soir alors
qu'on mangeait, on riait, tout allait pour le mieux, il est arrivé.
Je l'ai vu rentré, il est venu me faire la bise et là c'était
trop! NON ! NOOOON !Il a pas le droit de me toucher ! NON!
Mon cœur battait à cent à l'heure,
je paniquais, alors je suis montée dans la chambre et j'ai pleuré,
encore et encore... Ma mère m'a dit qu'il fallait que je passe
au-dessus... Qu'on irait revoir la psy etc... Je n'y suis jamais
retournée. Alors que je savais très bien que je n'allais pas bien.
Cet été j'y suis retournée, j'ai
appris qu'il devait venir en même temps, j'ai appelé ma mère, en
panique.
Finalement il n'est pas venu... Mais
après ça tout le monde m'a dit que je devais tourner la page,
passer à autre chose. Mais bordel ! Est ce qu'ils savent ce que ça
fait de vivre ce que j'ai vécu ? NON ! Personne ne sait, alors non,
qu'on ne vienne pas me dire d'oublier parce que c'est impossible.
C'est
inoubliable.
Trois ans après mon viol, oui, j’arrive
enfin à l’admettre, il m’a violé, je suis une victime. Bref, je
rencontre un garçon on sort ensemble, on s’aime, je suis vraiment
bien avec lui, je sais que c’est le bon. Il sait tout de moi, je
lui ai tout raconté. Deux semaines qu’on est ensemble, je ne suis
pas tout à fait prête mais on est bien, on s’embrasse, on se
caresse, et il descend, descend, descend, je n’entends plus que nos
respirations, le silence pèse, le silence me replonge dans l’enfer
de cette nuit passée, ses caresses, ses gestes, son souffle tout me
rappelle ce que j’ai vécu, éprouvé durant cette nuit. Il
commence avec son doigt, je me sens mal, le souffle court, je
sanglote discrètement, j’ai l’impression de tout revivre, j’ai
mal, très mal, trop mal alors que je ne suis plus vierge. Je me mets
à pleurer plus fort, je ne peux pas me retenir, il s’arrête, me
console… Je ne comprends pas, je pensais que tout ça était
derrière moi, mais non, je suis incapable d’éprouver du plaisir,
et ça me fait peur, je ne sais plus quoi faire, je me sens faible et
stupide et idiote… Aidez-moi…
Merci de votre réponse, je souhaite
rester anonyme.
Pénélope
Bonjour,
On vous demande de gommer,
de nier, d'oublier une terrible blessure alors que cette blessure n'a
jamais été soignée et « saigne » encore : il n'est pas
étonnant que votre malaise perdure et s'accentue d'autant plus que
vous êtes confrontée, avec les membres de votre famille sans parler
de votre agresseur, à une situation ambivalente où chacun s'évertue
à vous désavouer indirectement puisque tous vous demandent de ne
pas prendre en considération le mal qui vous a été fait, en
contestant la gravité de l'acte que vous avez subi et en réfutant
les conséquences de cet acte sur votre santé, alors que ces
conséquences sont inscrites dans votre corps et dans votre
psychisme.
Vous êtes littéralement en prise avec une situation
paradoxale où l'on reconnait plus ou moins que vous avez été
victime d'un fait très grave puisqu'il s'agit de viol mais où l'on
vous ne reconnait pas le droit d'être une victime, justement, avec
tous les effets qui y sont liés.
Or ces effets sont connus :
http://www.sosfemmes.com/violences/viol_consequences.htm
http://www.sosfemmes.com/violences/viol_abus_sexuels.htm
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Mémoire
traumatique et victimologie
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Site de l'association Mémoire Traumatique et Victimologie,
créée en 2009 et présidée par le Dr Muriel SALMONA,
spécialiste des psychotraumatismes dus aux violences. Mémoire
Traumatique et Victimologie est une association de formation,
d'information et de recherche sur les conséquences
psychotraumatiques des violences. Elle a pour but d'améliorer
l'identification, la protection et la prise en charge des
victimes de violences par une meilleure information du public et
par la formation des professionnels impliqués, d'améliorer leur
orientation et leur accès à des soins spécialisés de qualité,
et aussi d'améliorer la connaissance et compréhension des
conséquences des violences, dans l'optique de lutter contre
toutes les violences et d'améliorer leur
prévention.
http://memoiretraumatique.org/
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Le syndrome de répétition est la manifestation directe de
l'image traumatique incrustée en vous et qui se rappelle
systématiquement à vous lors des rapprochements amoureux
notamment.
C'est vous qui avez raison : c'est impossible
d'oublier!
Il vous sera seulement possible d'intégrer cette
terrible expérience dans le cours de votre vie, seulement et
seulement si, vous parvenez à élaborer ce traumatisme.
Je vous
laisse prendre connaissance des différents documents.
Dans
l'attente de votre réflexion,
Cordialement,
Chantal POIGNANT
Agent de conseil
SOS Femmes Accueil
2, rue Saint-John Perse
F - 52100 Saint-Dizier
Bonsoir,
Merci d'avoir repondu si
rapidement, j'avais deja lu de nombreux documents pour comprendre ce
qui m'arrivait et je vous remercie pour ces derniers.
J'aimerais
pouvoir élaborer mon traumatisme ( que voulez vous dire par là ?)
mais je ne sais plus comment faire, j'ai peur de décevoir mon
copain et de ne jamais ressentir aucun plaisir durant nos rapports,
dois-je suivre une thérapie? Je suis perdue, des fois je crois que
ça va mieux, mais cet épisode de ma vie me hante et revient au
galop à tout moment lié...
Merci de votre réponse
Pénélope
Bonjour,
"Elaborer un traumatisme", c'est
effectivement faire un travail sur soi-même pour "ne plus être
perdue" comme vous l'écrivez vous-même, pour revenir sur ces
angoisses, ces peurs, qui gâchent la vie de la victime parce que ces
angoisses et ces peurs sont enkystées à l'intérieur d'elle-même
faute d'avoir été réellement prises en compte, décryptées,
comprises.
Il s'agit, après avoir reconnu et nommé ces
angoisses, d'effectuer une sorte de travail de désensibilisation
avec l'aide d'un professionnel.
Pourriez vous m'indiquer en toute
confidentialité votre département afin que je vous oriente?
Seriez
vous d'accord pour que je publie votre témoignage anonymement ou
avec un mail anonyme (si vous souhaitez avoir du soutien) dans notre
espace échanges?
Dans l'attente,
Cordialement,
Chantal POIGNANT
Agent de conseil
SOS Femmes Accueil
2, rue Saint-John Perse
F - 52100 Saint-Dizier
Bonsoir, je viens du département ... et oui je suis d'accord et ce
mail est déjà un mail anonyme donc il n'y a aucun problème, merci
pour votre aide
Pénélope
elle.ombre@laposte.net
Merci beaucoup pour votre autorisation.
Voici des adresses de
CMP où vous pourriez consulter gratuitement un professionnel psy :
http://www.sosfemmes.com/ressources/contacts_psys.htm
(Cliquez sur votre département).
Mais prenez aussi
connaissance de ce site :
http://aivi.org/
Notamment
parce que l'association organise des groupes de paroles et ce serait
bien que vous en trouviez un proche de chez vous ; il y a celui de
Lyon mais ce n'est pas tout près ; peut-être pourriez vous vous
renseigner :
http://aivi.org/fr/nos-actions/groupes-de-parole/groupe-de-lyon.html
Consultez
attentivement le site de cette association :
http://www.claire-dufour-jaillet.com/wp-content/uploads/mondeatraversunregard.pdf
Je
reste à votre disposition.
Informez moi svp de vos
démarches.
Cordialement,
Chantal POIGNANT
Agent de conseil
SOS Femmes Accueil
2, rue Saint-John Perse
F - 52100 Saint-Dizier
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