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Message ou FAQ

 

S'en est suivi un lourd chantage affectif

Octobre 2011

Mon histoire est une histoire banale, qui n'aurait jamais dû se terminer ainsi. J'ai été en couple pendant plusieurs années avec un homme, avec qui je ne vivais pas. Notre histoire d'amour avait bien débuté mais rapidement j'ai compris que je ne ferais pas ma vie avec, trop de choses nous éloignaient l'un de l'autre. J'ai donc rompu avec lui.
Suite à cela s'en est suivi un lourd chantage affectif, chantage au suicide , je me sentais mal : il me faisait croire que j'étais la cause de ses déboires, je cédais, me remettais avec pour ensuite le quitter car je savais qu'il n'était pas fait pour moi. Les choses s'étaient tempérées. Nous avions des nouvelles l'un de l'autre mais plus aucun contact physique.
Un soir, il était vraiment tard, il a eu besoin d'aide pour un travail qu'il devait rendre. Il m'a demandé si je pouvais lui rendre ce service, je lui ai dit de passer chez moi. Et je l'ai aidé. Nous avons travaillé tard. Il a prétexté être trop fatigué pour reprendre le volant, et a voulu dormir chez moi. Je lui ai dit oui, et puis je me souviens qu'il m'a embrassé. Je me souviens aussi l'avoir repoussé, lui avoir dit que je ne voulais pas de ça, que ce n'était pas une bonne chose. Je vais épargner les détails macabres, mais j'ai dit non, j'ai hurlé, je me suis débattue, mais il avait trop de force pour moi. Je sais qu'au bout d'un moment, j'ai arrêté de crier en espérant que tout se termine le plus vite possible.
Il s'est endormi presque aussitôt dans mon lit. Et moi, je suis allée dans ma salle de bain. J'ai vu ma mine déconfite dans le miroir. Je suis rentrée sous la douche. J'ai mis l'eau chaude en route. Je me suis lavée, encore et encore. Je me rappelle qu'au bout d'un moment l'eau qui coulait était froide. Le réveil a sonné. Je suis partie travailler. Il a fini par partir de chez moi.
En rentrant, j'ai refait le lit en changeant les draps comme ci de rien n'était. J'ai beaucoup dormi après. Je me réveillais en hurlant.
Je n'ai rien dit, je voulais faire comme ci tout cela n'avait jamais eu lieu. Et puis, je me suis enfermée dans mon mutisme, je ne sortais plus, je ne voyais plus personne, je ne donnais plus de nouvelles. J'avais une vie sociale très développée, mais mon silence n'a inquiété personne. Et comme je n'en ai pas parlé, ni à mes amis, ni à ma famille, je n'ai pas brisé ce silence.
Un an a passé. J'ai fini par rencontrer quelqu'un avec qui je suis restée longtemps. Quelqu'un qui a compris mais qui m'a respectée. Ma vie allait mieux. Je pensais tout contrôler. Mais ce qui arrive parfois à certains couples nous est arrivé et nous nous sommes séparés.
Et là, depuis maintenant deux ans, je fais des cauchemars plus fréquents, je m'isole à nouveau, être en public me fait peur, j'ai des phases de nettoyage intensives. Je fais des attaques de panique.
J'ai tenté une première psychothérapie, sans succès, tout simplement parce que c'est de ça que j'avais besoin de parler mais que la psy se focalisait sur la rupture. Alors, j'ai continué de faire comme ci tout était normal et à me taire.
Et puis, il y a quelques temps, je me suis faite de nouveaux amis, en me forçant à sortir de cette carapace que je me forgeais à force de mutisme. Et l'un d'eux a compris à mes réactions, et a fini par se décider à aborder le sujet. Et pour la première fois depuis 6 ans, j'ai prononcé de moi-même cette phrase terrible : « je me suis faite violée ».
Ce qui est dur, c'est que j'avais confiance en mon ex, et que maintenant faire confiance me pose problème.
J'essaye de ne plus pratiquer la politique de l'autruche, je me suis décidée à consulter un avocat, qui m'a expliqué que je n'avais pas de preuves et qu'un procès serait difficile. Et que même avoir des excuses semblait compliqué.
Je regrette de ne pas avoir eu la réaction de ne pas me laver et d'aller directement, telle quel à un commissariat.
Mais tout cela n'est rien à côté de ce que je ressens au fond de moi. Ce soir là, il n'a pas fait que de me violer, il m'a tué de l'intérieur. Il m'a pris quelque chose en moi, et je recherche, je m'accroche comme je peux pour retrouver de la vie en moi. J'ai l'impression d'avancer à tâtons dans le noir.
Aujourd'hui, je rêve de ne plus me sentir angoisser, de pouvoir un jour prétendre à avoir une relation saine avec un homme, de confiance, de ne plus me terrer dans ma carapace chaque fois qu'une personne cherche simplement à me connaître.
Je voudrais juste remercier mon ex, celui qui m'a montré que malgré tout ce qui m'est arrivé, aimer et être aimer pouvait encore être possible et aussi mon ami, celui qui m'a permis de mettre des mots sur ma souffrance. Ils m'ont redonné envie de croire en l'être humain.
Aujourd'hui, je me renseigne à droite et à gauche pour trouver une thérapie qui me correspondrait. J'ai décidé de me battre. Et aussi, de réapprendre à vivre. Je croire que la vie ne se résume pas à un horrible cauchemar. Et me sentir vivre.
Je souhaite garder mon témoignage anonyme et par conséquent ne désire pas que mon adresse mail soit communiquée

Bonjour,

Je respecterai votre anonymat mais j'aimerais effectivement pouvoir publier votre témoignage et j'attends, de vous, une véritable autorisation.
Merci.
Vous avez tenté de vous défendre contre la représentation du viol, vous avez essayé d'échapper à la reconnaissance des caractères de réalité, de gravité et d'anormalité de cet évènement en pensant peut-être que "c'était comme un accident, on s'en remet" et vous avez voulu vous maintenir dans un certain fonctionnement psychique dans l'espoir que cette expérience "sorte" de vous, mais ce n'est pas une banale expérience que de sentir ce corps qui vous appartient, "petite maison de mon âme" selon l'expression d'Elisabeth MATHEY, "ancrage de mon sentiment de moi", se fracturer sous la contrainte et, votre corps s'est alors posé définitivement, comme un "interlocuteur énigmatique" façonné par la violence de l'autre.
Il vous questionne et vous êtes restée muette longtemps.
Pour résister à une sensation d'anéantissement, vous vous êtes enfermée et recroquevillée sur vous-même. Au lieu de "sortir" (de vous), l'impact de l'évènement s'est enkysté en vous, jusqu'à cette énonciation : "je me suis faite violée".
La production de symptômes, comme les phases de nettoyage intensives notamment, témoignait d'une terrible angoisse et a été réactivée par la séparation d'avec votre compagnon, ne serait-ce que parce que cette séparation a renouvelé un sentiment d'insécurité, même inconscient.
Votre psy s'est focalisé(e), dites vous, sur la rupture mais peut-être parce qu'elle (il) a deviné que cette rupture réactivait une angoisse masquée.
A-t'elle (il) délibérément voulu ignorer le viol ou lui avez vous délibérément dissimulé?
Dans l'attente,
Cordialement,
Chantal POIGNANT
Agent de conseil

Bonsoir,
Vous avez bien entendu mon autorisation pour publier mon témoignage.
Je ne sais pas si mon psy attendait de moi que je dise de moi même ce qui m'était arrivé, ou si tout simplement elle se focalise sur la rupture car ça a été une des période les plus difficile de ma vie. Je me sens prête à m'investir à nouveau dans une psychothérapie et je réalise maintenant qu'il faut en parler. J'ai mis beaucoup de temps avant de pouvoir commencer à mettre des mots sur mon viol. Et j'ose espérer que si quelqu'un me lit un jour, cette personne réalise qu'il ne faut pas attendre pour se faire aider, car pour moi, ce qui est difficile c'est d'ouvrir les yeux après tant d'années.
Maintenant, il est vrai que j'ai un peur de faire une psychothérapie mais que je suis décidée car je ne veux plus rester dans mon mal-être. Et pour être honnête jusqu'au bout, je ne sais pas trop vers quel type de thérapie me tourner. Mais depuis que j'ai commencé à mettre des mots là-dessus, il y a comme un poids en moi qui tend à s'apaiser.
Merci beaucoup de votre réponse,
Bonne soirée.

Bonjour,
Merci infiniment pour votre autorisation.
Cependant, souhaitez vous que votre adresse e-mail y figure ou une autre que vous nous notifierez, afin de recevoir éventuellement des contacts ou préférez vous qu'aucune adresse ne soit mentionnée?
Il existe nombre de psychothérapies, des plus "classiques" comme des thérapies de soutien et d'autres plus spécifiques comme la Gestalt thérapie dont certains praticiens sont formés à la bioénergie, la méthode Ericksonienne, l'EMDR, la psychothérapie en relaxation, le rêve éveillé...
Je souhaiterais que vous réfléchissiez sur ces différentes techniques en allant d'abord sur les sites :
* www.emdr-france.org
* www.areffs.net
* www.relaxpsy.free.fr
* www.girep.com
* www.hypnose-ericksonienne.com
* www.gestalt-ifgt.com
Ces thérapies sont bien souvent assez onéreuses.
Ne consultez jamais sans vous être assurée que le praticien figure sur la liste professionnelle ; méfiez vous de l'appellation "thérapeute".
En CMP, des consultations gratuites, pour tout assuré social mais qui ne sont pas forcément "spécialisées" dans ces domaines pré-cités.
* http://www.sosfemmes.com/ressources/contacts_psys.htm
Je reste à votre disposition.
PS : pourquoi avoir gardé le silence sur le viol, face à votre psy, alors qu'une telle agression est déterminante dans le développement psychologique de tout sujet-victime?
Lisez ici :
*Mémoire traumatique et victimologie
Site de l'association Mémoire Traumatique et Victimologie, créée en 2009 et présidée par le Dr Muriel SALMONA, spécialiste des psychotraumatismes dus aux violences. Mémoire Traumatique et Victimologie est une association de formation, d'information et de recherche sur les conséquences psychotraumatiques des violences. Elle a pour but d'améliorer l'identification, la protection et la prise en charge des victimes de violences par une meilleure information du public et par la formation des professionnels impliqués, d'améliorer leur orientation et leur accès à des soins spécialisés de qualité, et aussi d'améliorer la connaissance et compréhension des conséquences des violences, dans l'optique de lutter contre toutes les violences et d'améliorer leur prévention.
http://memoiretraumatique.org/
Cordialement,
Chantal POIGNANT
Agent de Conseil

Bonjour,
dans la mesure du possible, je préfèrerais que mon e-mail ne soit pas communiqué. Je vous remercie beaucoup pour ces renseignements. Je vais aller voir après ce mail.
Dans ma précédente psychothérapie, je me suis faite accompagnée à la suited'une rupture et d'une grossesse qui s'est mal passée puisque j'ai perdu mes jumeaux. J'ai eu beaucoup mal à l'accepter, d'autant plus que je me suis rendue compte que j'étais enceinte alors que je venais de quitter mon compagnon, sous pillule, à cause d'une mauvaise interraction médicamenteuse. C'est l'hôpital qui a fait mon suivi qui m'a proposé une thérapie que j'ai accepté. Mais le contact passait mal avec ma psy, chaque fois que je voulais aborder autre chose que la rupture ou la grossesse, elle me répondait qu'elle n'était pas là pour ça. Et j'ai fini par arrêter mon travail avec elle, car au bout d'un moment je tournais en rond, je ne voyais pas ce que je pouvais ajouter de plus ou de moins sur les points que j'avais abordés et elle ne me laissait pas la possibilité de m'exprimer en dehors de ces deux sujets (rupture + grossesse). Elle me disait carrément qu'elle n'était pas là pour ça.
Maintenant, j'ai plus de recul, un travail que j'aime, je me sens mieux par rapport à la rupture et la grossesse, mais je sais que ce que j'ai vécu est toujours là en moi. ET après, je pense que pour moi, ça a beaucoup joué, le dire, c'était aussi admettre que ça avait eu lieu et que je ne pouvais par conséquent plus faire comme ci.
Merci pour les adresses.
Bonne journée.
M.

Bonjour,
Votre témoignage sera complètement anonyme.
Vous savez, je crois que vous avez longtemps vécu sur vos ressources et que tous ces évènements tragiques ont fini par créer une sorte de brèche dans votre "armure", qu'il faut maintenant consolider tout en parvenant (mais ce n'est pas paradoxal) à la transformer (cette armure) en quelque chose de plus "souple" qui vous emmène vers "d'autres possibles".
"le dire, c'était aussi admettre que ça avait eu lieu et que je ne pouvais par conséquent plus faire comme ci."
OUI.
Cordialement,
Chantal POIGNANT
Agent de conseil


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