Comment j'ai pu m'en sortir
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Septembre 2011
Bonjour,
Je suis Eva Gersende, et je vous avais soumis mon témoignage en
juin 2003, dans mon message « Rompre la chaîne ».
Voici ce qui m’est arrivé depuis et comment j’ai pu m’en
sortir. Mon ex-mari m’ayant laissé 40 000 euros de
dettes, j’ai dû assumer encore toute seule le remboursement de
celle-ci sur plusieurs années, en passant volontairement par la
Banque de France (il a été impossible de retrouver alors le
père de mes enfants et nous étions mariés sous le régime de la
communauté quand il contracta ses dettes). En 2005, (mes
enfants avaient alors 9 ans, 13 ans et 19 ans et je continuais de les
élever entièrement seule) on m’a diagnostiqué un cancer. J’ ai
dû me battre pour tout : ma maladie, mes enfants, les dettes,
la précarité et… j’ai fait face à tout cela dans de grandes
souffrances mais le plus dignement que je l’ai pu. J’ai fait une
rechute de cancer en 2010. Et cette grave maladie m’en a provoqué
d’autres très importantes aussi (dont un diabète
insulino-requérant). Je n’ai qu’une idée en tête : ne
jamais me résigner. Accepter de panser (penser aussi) ce qui
m’arrive mais ne pas en mourir. Et donc, RESISTER à toute épreuve.
Je suis aujourd’hui, à 56 ans, retraitée d’office pour
invalidité. J’ai payé très cher dans mon corps tout ce qu’on
m’a infligé, dont l’inceste et la violence conjugale. Mais je
n’ai jamais renoncé à la lutte, à la vie, à l’amour de mes
enfants. Quand vous êtes en souffrances, les gens vous fuient
lâchement. On vous discrimine quotidiennement. Et puis, soudain, de
façon inattendue (pour ma part, j’ai souvent prié en ce sens)
l’un ou l’autre, puis d’autres se mettent à vous tendre la
main. Et vous connaissez tout à coup, même aussi tardivement,
une nouvelle chaîne, tout à fait positive cette fois, celle de la
solidarité. La vie vous révèle alors pleinement sa beauté
(im)pertinente et vous réalisez que vous avez eu raison de l’aimer,
au-delà de tout.
Courage, lutte, dignité et tendresse mes sœurs, on peut
s’en sortir ! Rompre la chaîne des violences, oui, il ne faut
pas (ou plus) hésiter ! Goûter à celle de la solidarité en
est une jolie conséquence…
J’accepte que mon témoignage soit publié.
* eva.gersende@laposte.net
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