Je leur en ai voulu de ne pas se battre plus pour moi
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Avril 2011
Je suis désolée de vous répondre
aussi tard,en fait c'est mon psychologue de l'époque a qui j'avais
tous dit qui m'a convaincue de lui en parler car je voulais pas le
faire et j'ai pas eu le choix j'ai dit a ma mere,ma soeur et mon
petit copain que j'avais quelque chose a leur dire et après de
longues minutes pour moi je leur ai expliqué se qu'il c'était
passé mais a mon grand désespoir je pensais pas devoir gérer
plusieurs réactions.En fait chacun a reagi différemment a la
nouvelle : ma soeur ne pouvait pas le croire et ne voulait pas
en parler ni avec moi ni avec personne ,on c'est un peu éloigné a
cette période là et je l'ai trés mal vécu car c'est grace à elle
que je n'ai pas mis fin a ma vie.Je me suis senti abandonnée encore
une fois .Quand a ma mère le choc a été très dur ,elle s'en est
voulu énormément de n'avoir rien vu , ne pas avoir pu me protéger
Je m'en suis voulue énormément de la faire souffrir ce qui a rendu
toute la procédure encore moins évidente.Quant a mon copain je
crois qu'il s'est pris un coups de massue sur la tête mais on en a
jamais parlé tous les deux.
Vous savez dans ma famille les choses
comme ça se disent pas alors quand ils ont tous été convoqués au
commissariat ça ete très dur.Mon grand pere a prefere ne pas dire
grand chose alors qu'il savait que mon pere buvait et était violent
mais personne ne voulais se meler ,ils voulaient plutot oublier tous
ça.Tous le monde savait comment été mon pere vu que ma mére s'est
enfuie plus d'une fois avec moi bebe pour lui échapper mais c'etait
plus facile de rester dans sa petite vie.Je l'ai aime énormement
mais je n'ai eu aucun soutien de leur part meme lors du premier
procés personne de ma famille n'étais présent c'était trés
embarrassant pour eux mais je l'ai mal vecu car en plus de me sentir
mal d'etre là,je voyais que tous ma famille du coté de mon pere
etait la pour le soutenir et moi j'étais seule.A ce moment la je me
suis encore plus sentie coupable.Ma mere a fait ce qu'elle a pu mais
on arrivait pas a se parler le psy a essaye mais ça a pas marché
.je voyais pas d'issue a tout ça .On m'avais dit que lorsque je
l'aurai dit tout irait mieux pour moi,que je me soulagerais d'un
poids mais ça a été la solution inverse car en plus du poids de la
honte et je me suis retrouvée a de voir supporter la culpabilité de
la souffrance de ma famille.ça m'a fait regretter de l'avoir dit car
ça a été trés compliqué a gérer pour moi.
J'ai commencé a
prendre des médicaments pour m'aider mais je me voyais plonger
encore plus .je ne voyais plus d'issue .j'avais écouté ce qu'on
m'avait dit mais rien ne s'est arrangé et c'est quand je fait ma
premiere tentative de suicide que ma mére a voulu m'interner en
hopital psychiatrique mais mon copain s'est battu pour moi et il ne
m'a pas laissé partir et au contraire il m'a soutenue et m'a aidée
a me sortir de tout ça.
Même si je sais que ma mére a fait au
mieux sur le moment j'ai eu l'impression que l'on préférait laisser
les autres m'aider car c'était trop dur pour eux et je le supportais
pas car moi je me suis battue pour elle alors que tous les matins je
me levais alors que c'était pas une vie c'était juste un enfer.
Je
leur en ai voulu de pas se battre plus pour moi comme moi je m'étais
battue pour elles,de me laisser tomber alors que j'avais tant besoin
de soutien .Elles me disaient que c'était trop dur pour elles de me
voir me détruire mais jamais elle se sont mis a ma place deux
secondes pour voir l'effet que ça fait de vivre avec ça et
de voir toutes sa famille me tourner le dos car c'est trop dur.
Plus
d'une fois quand j'étais petite je suis allée m'interposer entre
mon pére et ma mere quand il la tapait ,plus d'une fois j'ai caché
ma soeur pour pas qu'il lui crie dessus,je le faisais pour les
proteger de lui même si je savais qu'au bout du compte c'est moi
qu'il viendrait voir pour passer ses nerfs.Mais je l'ai fait malgré
les coups répétés, malgré tout ce qui suivait c'est peut etre la
seule chose que je regrette pas car ça les a un peu préservées
mais moi personne ne me préserve on m'a laissée me débattre seule
comme tous ces années.Tous ma famille me dit que je suis forte et
que si j'ai survécu a tout ça je peux me battre encore mais ce que
personne veut entendre ou comprendre je ne sais pas , c'est que je
suis fatiguée de me battre je me suis battue toute ma vie , j'ai été
la petite fille que tous le monde voulait mais j'en ai marre de me
battre pour les autres mais surtout contre mes propres démons.
je suis fatiguée de pas être comme les autres , je suis
fatiguée de toujours devoir me battre.
je vous remercie de m'écouter.
*
e.valentin446@laposte.net
Bonjour,
Vous avez réussi à survivre malgré les épreuves de
démolition qui se sont acharnées sur vous et c'est parce que vous
avez manqué cruellement, dans votre famille, de matériaux adéquats
pour vous fonder, de ressources indispensables pour vous développer,
que l'édifice de votre personnalité est fragile. Mais malgré cette
honte et cette culpabilité communes aux victimes, j'entends, chez
vous, la force de votre désir de reconnaissance ainsi que l'appel à un
besoin de respect légitime. Je vous engage à maintenir ce cri
toujours aussi énergique et déterminé car vous méritez amplement
de vous bâtir plus solidement à partir d'une juste estime de vous,
face à une estime que d'autres, hors de votre famille, sauront vous
octroyer.
Votre famille n'est pas capable de vous aider car elle
est elle-même (votre mère, votre soeur) blessée par le
comportement de votre père qu'elle ne peut se représenter sans
angoisse.
Alors, vous avez été la personne "sacrifiée"
de cette famille, celle qui a dû supporter le trop plein de
violences, d'horreurs, et qui leur a masqué le pire.
Indirectement
voire directement, c'est vous, qui les avez protégées.
Quand
vous avez osé dévoiler avec courage la vérité, le masque s'est
brisé et c'est parce que cette famille (mère, soeur) a peur de se
confronter à l'irreprésentable qu'il vous semble qu'elle vous
abandonne.
Votre mère, votre soeur, ne peuvent pas vous
réassurer, vous "consoler", vous aider à réparer les
dégâts parce qu'elles-même sont impuissantes à en supporter les représentations.
Fuir devant ces représentations ont été leur
seule orientation.
Vous, au contraire, n'avez pas cessé de vous
battre, justement je crois, parce que vous avez suffisamment
d'énergie psychique, de conscience de vous-même. Si vous êtes
saturée aujourd'hui, c'est parce que tous vos investissements ont
été utilisés, mobilisés,dans une lutte sans cesse recommencée
pour simplement survivre.
Vous voilà maintenant hors de danger
par rapport aux menaces et agressions paternelles ; il vous faut vous
accorder du repos pour renouveler votre énergie mais qui sera, cette
fois, utilisée uniquement pour vous "enrichir" vous et non
pas pour les autres.
Je vous en prie, acceptez de me renseigner
sur votre département, afin que je vous oriente, si possible, vers
une association de soutien.
Cordialement,
Chantal POIGNANT
Agent de conseil
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