J'aimais
tellement le printemps avant l'apocalypse
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Octobre 2009
Bonjour,
Récemment installée dans une région qui n'est pas
ma région d'origine, et souhaitant rejoindre l'équipe
locale de "SOS Femmes", j'apporte ce matin mon témoignage.
J'ai 35 ans et je vis en couple depuis quelques mois, concrétisation
d'une histoire d'amour qui dure depuis deux ans et demi. Celui qui est
devenu mon Partenaire Civil de Solidarité à la fin du
mois dernier m'a permis, pour la première fois, de parler vraiment
de ce que j'ai vécu il y a une douzaine d'années :
Une relation amoureuse, la première pour moi, faite de violences
physiques et d'humiliations, de propos insultants, de situations dégradantes,
de crescendo dans la violence, jusqu'à ce samedi soir de printemps,
quand l'un de ses amis, invité "à la maison",
a abusé de moi, avec lui, jusqu'au matin. J'aimais tellement
cette saison, le printemps, avant l'apocalypse ...
Je n'évoquerai pas ici l'ampleur des dégâts psychologiques
que ce viol a occasionnés, ni le parcours que j'ai affronté
ensuite, fait d'une grande solitude, puisqu'on ne peut pas partager
l'indicible ... Il m'aura fallu des semaines de "/Post-It/",
un petit peu partout chez moi, pour retrouver des mots dont j'avais
oublié le sens. Il m'aura fallu deux thérapies, à
neuf ans d'intervalle, pour entendre ces mots-là qui m'ont libérée
: "/Vous avez été battue, violée et séquestrée
(...) Je pense que c'est un monstre. (...) Les malades comme lui ne
souffrent pas de leur maladie./" Il m'aura fallu l'amour, tout
l'amour des miens, cette envie que j'avais de VIVRE, de voir grandir
ma nièce, pour me remettre debout. Envie de dire "merci"
au médecin psychiatre qui a fait tomber, en quelques phrases,
un mur vieux de plus de onze ans, un mur avec mes larmes dessus, un
mur avec de la poussière dessus, de la poussière de celle
que j'étais "avant", de la poussière de moi
salie par eux ...
Il m'aura fallu te rencontrer, un vendredi soir, pour enfin me livrer
et me délivrer de tout cela. Il m'aura fallu croire de nouveau
en l'amour, ce sentiment si noble, et être dans tes bras, pour
me sentir encore vivante, pour tenir à distance ce cauchemar
récurrent qui revient encore parfois ...
Ici, personne n'est au courant de ce passé qui est le mien. Je
n'éprouve pas le besoin d'en parler.
Juste vous dire que vivre est possible, après "ça".
Merci.
Séverine
Bonjour,
SVP, autorisez nous à publier votre témoignage, même
anonymement ou avec une autre adresse :
* http://www.sosfemmes.com/faq/email_anonyme.htm
Nous avons tellement besoin de témoignages comme le vôtre,
pour donner une note d'espoir à toutes ces personnes meurtries,
qui nous écrivent.
(...)
Cordialement,
Chantal POIGNANT
Conseil
Bonjour,
Oui, vous avez mon autorisation pour publier mon témoignage sur
le site, seulement avec mon prénom et l'adresse électronique
suivante : sj.morbihan@gmail.com
(...)
Séverine
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