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Violences conjugales : s'en sortir, c'est possible !

Email en pied de message.
Janvier 2003

Bonjour,
J’ai découvert ce site il y quelques jours et je souhaite apporter à mon tour mon témoignage, car j’en suis sortie, j’ai réussi à quitter mon ami. J’ai lu beaucoup de messages, et j’aurai presque pu être l’auteur de certains passages.

J’ai rencontré mon ami à 24 ans, début mai 1998. ça a été le coup de foudre et j’étais sur mon petit nuage. Pour des raisons professionnelles, il partait toute la semaine, et ne rentrait
que rarement pendant la semaine. Il a rapidement mis quelques affaires personnelles dans mon studio, et j’étais folle de joie. Un soir qu’il était là, nous sommes allés déjeuner avec
un couple d’amis ; c’était une soirée bien amicale, au cours de laquelle des plaisanteries ont été échangées puisque ces amis en question étaient des amis que nous avions en commun puisque c’est par leur intermédiaire que je l’ai rencontré. Dès que nous sommes sortis du restaurant, j’ai senti que son comportement à mon égard avait changé, mais pas à l’égard de
notre couple d’amis. Je me suis donc posée la question de savoir ce qui pouvait bien le déranger pour être d’une humeur si bizarre d’un seul coup. C’est ce soir-là que j’ai reçu ma
première gifle. Pour une raison complètement bidon.

Après coup, je me dis que c’est dès ce soir-là que j’aurai dû le quitter, que j’aurai dû lui dire de reprendre ses affaires et de retourner chez lui. Il s’est très rapidement excusé, en promettant que cela ne se renouvellerait pas. J’ai donc pensé que c’était un geste déplacé et j’ai cru en sa promesse. Trois semaines après, il me propose un petit week-end en amoureux à la plage, et ce week-end est l’un de mes meilleurs souvenirs de notre vie commune. Je pense d’ailleurs que c’est le seul, étant donné que c’est le seul moment où nous avons été à deux, sans que la situation tourne mal pour moi.

Comme je m’entendais très bien avec mes parents qui habitaient à une quarantaine de kilomètres de chez moi (de chez nous - mais j’ai du mal à dire « nous » aujourd’hui), je me confie à ma mère et lui apprends que j’ai rencontré quelqu’un. De la part de mes parents très protecteurs, j’ai eu droit à l’interrogatoire classique « qu’est-ce qu’il fait dans la vie, quel âge a-t-il ? » et comme il avait à ce moment-là 31 ans, mes parents m’ont demandé s’il était divorcé. J’ai donc avoué qu’il était séparé et qu’il avait un enfant âgé de 3 ans. Mes
parents ont eu du mal à accepter mes confessions, et ils ne voulaient pas le rencontrer. J’ai fini par trouver un compromis et c’est plusieurs mois après que je l’ai présenté à mes parents. Après un début de discussion assez tendu, l’ambiance a bien tourné et mon ami a été bien accepté par mes parents, puis par le reste de la famille.

Très rapidement, chaque week-end, c’est-à-dire les moments où il était dans le coin, j’ai commencé à subir des dénigrements, à entendre des « tu n’es qu’une femme », et à devenir son punching ball préféré. Au mois d’août, il décide de rentrer chez lui car il souhaitait revivre avec son ex petite amie, qu’il n’avait jamais frappée, disait-il. Sur le coup, ça a été difficile à vivre, car je l’aimais. Puis pendant quelques mois, il a vécu avec les deux, mais plus avec moi puisqu’il était chez moi du lundi au samedi, et avec l’autre le dimanche. Jusqu’au jour où il a décidé de vivre définitivement avec moi. Il rendit son appartement et vint s’installer dans mon petit studio. Pendant près de 8 mois, tout s’est plutôt bien passé, à part les petites disputes habituelles de couple, mais sans violence aucune. Jusqu’au jour où son procès rapprochait… Il
devait en effet être jugé pour un événement qui s’était passé avant que je le rencontre : le chef d’accusation était l’agression sexuelle. En fait, il avait voulu reprendre contact avec une ex petite amie et a confondu « ex petite amie » avec « propriété sexuelle » : comme elle ne souhaitait pas avoir de relation sexuelle avec lui, il a usé de sa violence pour arriver à ses fins, ce à quoi il n’est pas arrivé. Et comme cette fille voulait se faire muter, une telle affaire qui se passe dans l’armée était l’occasion idéale pour que sa mutation soit acceptée. Il avait fait la Une des journaux à l’époque et se considérait comme sali par la presse. Du jour où il a pris conscience qu’il risquait plusieurs années de prison, il avait besoin de se défouler, donc de rencontrer ses copains, sans moi et d’aller passer du temps dans les bars. Il rentrait
complètement imbibé, et me frappait sans raison. Sans raison, c’était mon avis. Mais, comme dans beaucoup de cas similaires au mien, il arrivait toujours à me faire culpabiliser et à
trouver des motifs à sa violence. Pour cette période qui s’est étalée jusqu’au procès, c’est-à-dire pendant à peu près trois mois, je le « comprenais » presque en me disant qu’il souffrait de sa situation. Comme je pensais qu’il allait aller en prison (il risquait une peine de 5 ans), je me disais que je passais mes derniers moments avec lui et je trouvais dommage qu’il
rende ces derniers moments d’une telle manière. Lorsque j’essayais de lui en parler, il trouvait toujours des excuses, et me les présentait. Avec le sempiternel « demain ça ira mieux », j’avais confiance en le lendemain, et je continuais à l’aimer et à le soutenir dans son épreuve.

Puis arrive le moment du procès : l’avocat a réussi à faire comprendre au juge qu’une telle peine infligée deux ans après les faits ne signifiait plus rien pour la sanction qu’il encourait. Le juge a été convaincu et il s’en est sorti avec une peine d’emprisonnement assortie d’un sursis de 5 ans. Du coup, je me suis dit que tout irait mieux, qu’il serait désormais soulagé et que l’on pourrait reprendre notre vie de couple sur de bonnes bases. Pendant deux ou trois semaines, ça allait mieux, en effet. Malheureusement, juste après, il s’est encore plus défoulé sur moi, étant donné que je suis une femme et que c’est à cause d’une femme qu’il a été mis dans un tel pétrin. De ce jour, je me suis dit qu’il faudrait toujours qu’il trouve de bonnes excuses pour être violent avec moi, et je savais au plus profond de moi que je ne voulais pas vivre ça toute ma vie. Cependant, le passage à l’acte est une toute autre affaire…

Mes parents commençaient à se rendre compte que je changeais : je ne rigolais plus, j’étais toujours sur la défensive, je devenais agressive, en un mot : ils ne reconnaissaient plus
leur fille. Par la suite, j’ai entendu les mêmes paroles, ou des paroles rapportées d’autres personnes. Mes parents en arrivaient même à préférer parler avec lui qu’avec moi, c’est
l’impression que ça me donnait. Bien entendu, mes parents n’étaient pas au courant de sa violence physique et verbale à mon égard. Ma mère s’est permis de lui faire comprendre qu’il
fallait un peu plus s’occuper de moi, car elle ne reconnaissait plus SA fille. Il s’est calmé un peu, on a fait quelques sorties ensemble, même si je ne faisais que l’accompagner là où
il allait avant seul. Aller à un endroit qui me plaisait, il en était hors de question, puisqu’une femme ne devait pas décider d’une sortie, donc je n’avais pas de sortie au cinéma, pas
d’après-midi piscine. J’ai même coupé les ponts avec mes meilleurs amis, puisqu’il leur trouvait toujours quelque chose à redire, même s’il ne les avait strictement jamais rencontrés.

Arrive le mois d’août où je découvre qu’il a une maîtresse. Il faut dire qu’il ne s’est pas trop gêné pour me le faire comprendre : il est rentré un soir en pleine semaine, et m’a
demandé de lui préparer des vêtements et les clés de ma voiture, car il allait chez un copain et il dormait chez lui. Le lendemain matin, il est passé au studio avant d’aller au
boulot, et j’étais presque contente de le voir avant qu’il aille travailler (en ce qui me concerne, je travaille chez moi). Lorsque je lui ai demandé chez qui il était, il m’a dit
de sang froid qu’il était avec « sa maîtresse ». J’avais accès à ses consultations de comptes bancaires puisque je gérais ses comptes, ce qu’il savait pertinemment : il a tout de même eu
l’audace de payer la chambre d’hôtel par carte bleue ! Quelques jours après, lorsque j’ai appris qui était sa maîtresse, je lui ai fait ses bagages et lui ai demandé de venir chercher ses
affaires. Pour moi, tout était fini, bon débarras.

Mais il est difficile d’oublier… et on a toujours tendance à garder en mémoire les bons moments et à « oublier » les mauvais (ce fameux goût du « reviens-y »). Trois jours après, alors qu’il était en déplacement, il m’a téléphoné et m’a demandé de l’excuser. J’avais beau avoir le cœur meurtri d’avoir été trompée en plus d’avoir été frappée, je l’aimais, et rien ne
pouvait me faire oublier cela. C’est vrai que dans ses bons moments, c’était quelqu’un de très bien. J’acceptai donc ses excuses et allai même le voir à 200 kilomètres de mon domicile
en pleine nuit ! Il remit ses affaires chez moi le samedi, et nous étions très amoureux.

A peine trois semaines après, j’ai connu le premier sommum de sa violence. Je ne sais plus du tout ce qui s’est passé, mais s’est-il réellement passé quelque chose qui l’a mis hors de
lui ? C’est à partir de cette fois-là qu’il a commencé à me donner des coups de pied, à me jeter par terre et à me claquer sur la porte du placard. Lorsque je me suis réveillée avant lui
le lendemain matin, j’avais mal partout et me suis regardée dans un miroir. Mon cri de terreur l’a réveillé : en voyant mon visage et mon corps couverts d’hématomes, il m’a pris dans ses
bras et a dit : « comment ai-je pu en arriver-là ? ». Le lendemain, alors qu’il était reparti en déplacement, j’ai appelé le médecin car j’avais très mal à un œil. Il m’a conseillé de le quitter et m’a fait un certificat médical. Je n’ai pas su le quitter.

Je me souviens avoir de nombreuses fois regretté de ne pas avoir eu l’aide des voisins, même le jour où j’ai crié « à l’aide », et le jour où j’ai crié « appelez la police ! » (je ne vous cache pas que ça l’a fait redoublé de violence).

Une semaine après, il m’a emmené dans une soirée. En fin de soirée, j’ai cru qu’il s’agissait d’une plaisanterie lorsqu’il m’a proposé de coucher avec lui et son meilleur ami. Comme j’ai
rapidement compris que ce n’était pas trop une plaisanterie mais plutôt une envie de sa part, et comme j’avais très peur de sa réaction si je refusais, je me suis sentie soumise et je me
suis retrouvée nue dans un lit inconnu. Heureusement, j’étais tellement angoissée de cette situation que ça a empêché son copain de réussir toutes pénétrations. Dès le lendemain, il
s’est senti honteux de ce qui s’est passé et m’a dit qu’il ne m’a pas obligé. Je lui ai alors avoué pourquoi j’avais « accepté ».

Nos relations se sont empirées, il n’y avait plus un jour où il ne se passait pas quelque chose : soit une dispute verbale, soit un affrontement physique. Dès que je disais quelque chose
qui le contrariait, il faisait mine de me donner une gifle. J’essayais à chaque fois de me défendre, mais même si je pouvais le terrasser avec mes mots, je ne faisais pas le poids
face à sa force, force qui se décuplait d’ailleurs lorsqu’il avait bu. Quand il était totalement imbibé, je ne le reconnaissais même presque pas : son regard changeait, sa voix changeait, sa démarche changeait. Ce n’était pas le même homme.

Le premier janvier 2001, juste en rentrant du réveillon de la Saint Sylvestre, j’ai compris que mon année commençait très mal. Il m’a même frappée si fort que je porte actuellement des
semelles orthopédiques car l’une de mes hanches a bougé. A ce moment-là, il avait démissionné de son travail et en cherchait un plus intéressant : il ne voulait plus être toute la semaine en déplacement, mais pouvoir rentrer tous les soirs à la maison, « pour profiter de sa petite femme ». Entre temps, il a eu un accident avec sa propre voiture car il a pris le volant
après avoir beaucoup bu, et il a complètement cassé sa voiture. Du jour où il a trouvé un nouveau travail, c’est-à-dire en février, il est allé travailler avec ma voiture. Les 9 premiers
mois de l’année se sont très mal passés. Je vivais dans la peur, dans la crainte, dans la solitude. J’étais renfermée sur moi-même. Il partait le matin, très tôt, avec ma voiture, et
rentrait vers 1 heure ou 2 heures du matin, peu souvent en sang frais. Le repas avait intérêt à être prêt, sinon garre à moi ! J’allais travailler à pied et en métro, je faisais les courses
à pied, j’allais chez le médecin à pied, etc., alors que c’était ma voiture. Et si je lui disais que j’avais besoin de ma voiture pour aller faire les courses, les lourds packs d’eau
ou de lait n’avaient pas raison de son passage de porte de ses bars préférés… Je parlais souvent à une amie à qui je disais que ça allait mal avec lui, mais jamais ne n’osait lui dire
qu’il me frappait. C’est que c’est dur à avouer, comme vous savez. J’ai fini un jour par me confier à elle en lui disant que je ne savais finalement pas si je voulais faire ma vie
avec. Jusqu’au jour où elle m’a dit : « si un jour il en vient à te frapper, il faut que tu le quittes » : ça aurait le moment de le lui avouer, mais je n’en ai pas eu la force.

Puis vint le jour où j’ai pris non seulement ma décision, mais aussi le jour où j’ai dit à mon entourage : je le quitte. Ce matin-là, le 25 septembre, le réveil sonne à 4 heures du matin,
et dès qu’il est sorti de la salle de bain, il s’est mis dans une furie totale car le café était passé dans la cafetière, mais il n’était pas servi dans sa tasse à café ! Il m’a à
nouveau jeté sur le lit, si fort que le lit s’est cassé. J’ai reçu de nombreux coups, jusqu’au moment où j’ai entendu « ça met en forme de taper sur sa bonne femme le matin avant d’aller
au boulot, j’adore ça ! ».

J’ai donc cherché un autre logement. L’habitation que j’ai rapidement trouvée avait besoin de quelques embellissements, et ce n’est que 2 mois après que j’ai physiquement quitté mon ami.
Du jour où je lui ai annoncé que j’avais trouvé un autre logement, il n’en revenait pas ! Il ne pensait pas que je pourrais le quitter un jour ! Il pensait que c’était de la faute de mes parents et était convaincu que mes parents m’avaient monté la tête contre lui, alors que je n’avais jamais avoué à ma famille ce que j’endurais. Il s’en est même pris à mes parents en les menaçant et ils ont alors compris avec quel type de bonhomme j’avais vécu pendant plusieurs années.

Pendant cette période de deux mois où nous étions « collocataires », il a essayé de tout faire pour que je change d’avis, pour que je ne le quitte pas, ou encore pour que je lui demande de venir vivre avec moi dans mon nouveau logement, plus grand que là où on habitait avant. Jusqu’au dernier moment, je pense qu’il a cru que je ne l’abandonnerai pas. Quelques jours
avant mon départ, lorsqu’il m’a demandé quand j’allais faire ses valises, et devant ma réponse catégorique « JAMAIS », il a cassé toute la vaisselle, et m’en a envoyé à la figure et
ailleurs sur le corps. Il a même retourné les poubelles et m’a jeté des détrituts alors que je ramassais des morceaux de verre par terre… Contente de terminer cette vie de chien, je déménage donc un jour en janvier 2002, voilà un an, et il est resté dans ce petit studio. Le matin même de mon déménagement, il en avait gros sur le cœur et a préféré partir pour ne pas me voir partir, ce que je comprends très bien. Il m’a serrée très fort dans ses bras et m’a dit « je t’aime », ce que j’avais rarement entendu, tout au moins avec ces mots-là.

J’ai expliqué à mes parents, dans les grandes lignes, les raisons de mon départ : et j’ai avoué à mes parents que mon ami avait fait de moi une femme battue. Mes parents sont très
remontés contre lui, même aujourd’hui encore.

Une fois seule dans mon nouveau logement, j’appréciais la tranquillité, la liberté, la possibilité d’écouter la musique que j’aime, de chanter, de danser, de téléphoner à ma famille :
en un mot : de vivre.

Quinze jours après, il me téléphone en demandant pourquoi on ne se voit plus ( ? ! ). Il m’a si bien convaincu qu’il était très triste sans moi, qu’il s’en voulait, qu’il m’aimait et qu’il ferait tout pour ne plus jamais être comme avant que je l’ai cru et que j’ai accepté qu’il vienne me voir. J’étais sur mes gardes, je ne voulais pas lui donner de faux espoirs car pour moi, même si on se revoyait un peu, je ne voulais pas du tout qu’il s’installe à nouveau chez moi, j’acceptais juste qu’il prenne un sac de voyage pour camper chez moi. Et, comme par miracle, en effet il était très agréable avec moi, très prévenant, il m’aidait aux tâches ménagères, on allait se ballader ensemble, on parlait ensemble, et il ne buvait plus du tout. Je l’ai découvert comme je ne l’avais jamais vu depuis que je le connaissais. C’était un nouveau couple, un nouveau départ, et, encore mieux, je le cotoyais presque au quotidien en restant moi-même, alors que je n’avais jamais eu l’impression d’être vraiment moi lorsque nous vivions ensemble
auparavant. Nous avons longuement discuté de son comportement, et je l’ai comparé à Dr Jekyll et Mr Hide. Je lui ai avoué que j’aimais le Dr Jekyll, mais pas le Dr Hide qui était en lui. Et le passage de l’un des personnages à l’autre était si imprévisible. A m’entendre lui raconter tout ce qu’il m’avait fait subir, il était très retourné, il en a même pleuré.

Comme vous pouvez vous en douter, mes parents n’ont pas su que je le revoyais. Je pense franchement qu’ils n’auraient pas compris ce fichu goût de « reviens-y ». De ce fait, lorsque mes parents ont organisé un repas de famille pour mon anniversaire, par un beau jour d’été, il n’a bien sûr pas été convié. Et c’est ce jour-là où il a à nouveau perdu la confiance que je
commençais tout doucement à retrouver en lui : il m’a téléphoné sur mon portable car il avait besoin que je l’accompagne à l’hôpital pour se faire soigner de coups qu’il avait reçus
pendant une bagarre. Lorsque je l’ai retrouvé, j’ai vu immédiatement qu’il avait bu. J’ai eu du mal à le convaincre de l’emmener à l’hôpital, alors que j’étais revenu dans notre ville pour ça. Je l’ai alors regardé avec les yeux de celle qui vivait auparavant avec cet alcoolique, et ça a mis un froid dans notre relation, pour qu’il finisse par s’excuser, et pour que je finisse par accepter ses excuses.

Fin septembre 2002, après une soirée où il avait un peu bu, il a fait mine de me frapper, comme ça, juste pour rire. Surtout, il ne fallait pas que je me formalise, c’était juste pour rire… Malheureusement pour lui, ça ne m’a du tout fait rire et je suis immédiatement partie dans une totale hystérie. Je me suis revue, quelques temps en arrière, sous l’emprise de sa force, et je pouvais pas supporter ça. Je l’ai entendu dire « Je crois qu’il vaut mieux que je rentre chez moi », et il a executé ses paroles. Après quelques semaines de silence, il revient vers moi en me faisant comprendre que notre nouvelle rupture était de ma faute, car je ne savais pas rire. Depuis ce jour, nous nous sommes revus, il campait même chez moi, mais de mon cœur ne ressortait plus aucun sentiment d’amour, juste un sentiment d’amitié. J’avais l’impression de vivre avec un bon copain. Même mon corps n’était plus capable de ressentir de l’amour pour lui. Par contre, de son côté, il n’en était pas de même : selon lui, je suis la femme de sa vie, il n’aime que moi, ne rencontrera jamais une femme comme moi, je suis la future mère de ses enfants, et blabla bli, et blabla bla.

J’ai ensuite appris par l’un de ses amis qu’il avait déjà frappé son ex, celle qu’il n’avait jamais frappé, selon ses dires. Elle s’était confiée à lui.

Quelques semaines après, il m’a mis la main à la gorge suite à une dispute qui est survenue de je ne sais où, comme de nombreuses disputes que j’avais déjà vécues : j’ai hurlé, je l’ai giflé, je me suis débattue et l’ai mis KO comme jamais je n’avais été capable de le faire. Toute la rage que j’avais accumulée contre lui pendant plusieurs années est ressortie d’un seul coup. Jamais je ne pensais être capable d’avoir une telle force contre un grand gaillard d’1,90 mètres. Le téléphone a sonné… c’était ma mère. Je me suis donc réfugiée dans le jardin pour que ma mère n’entende pas qu’il était là. Après avoir terminé ma conversation téléphonique, je suis rentrée dans la maison : il n’était plus là. Super, soit, mais le seul hic est qu’il avait laissé des affaires personnelles. Je m’arrange donc le lendemain avec le concierge de son
immeuble pour qu’il dépose ses affaires dans son studio, car je ne voulais plus jamais le rencontrer.

Je l’ai prévenu de ma décision par téléphone. Il avait encore l’audace d’être sûr de lui en disant que ça ne se passerait pas comme ça, et a répété tous ses projets d’avenir avec moi. Il m’a même menacée quelques jours plus tard de me tuer s’il me rencontre un jour avec quelqu’un d’autre que lui.

Lors de notre dernière altercation, ma voisine s’est demandée si elle devait appeler la police ou non. Je lui ai donc dit qu’il est interdit de séjour dans mon entourage, et qu’il faut
absolument qu’elle n’hésite pas à appeler la police si elle voit quelque chose d’anormal dans les parages. On s’est fixé un code pour qu’elle comprenne le feu vert. Je me suis confiée à
elle et elle m’a conseillée de déposer au moins une main courante, conseil que j’ai suivi dès le lendemain. J’ai déposé sur la main courante les faits de violence physique, violence verbale et menace de mort. Je n’ai pas mis au courant mon ex petit ami de mon dépôt de main courante. Quelques jours avant Noël, il m’a téléphoné de devant chez moi à 1 heure du matin et a voulu que je lui ouvre la porte, faute de quoi il s’en prendrait à ma voiture qui était garée devant la maison. Comme je n’ai pas voulu lui ouvrir la porte, ma voiture a subi la violence et la force que mon corps a maintes fois connues. J’ai donc à nouveau déposé une main courante, même si l’agent de police m’a fortement conseillé de faire un dépôt une plainte.
J’ai ensuite prévenu mon ex de ce dépôt de main courante, et de ma promesse de transformer ma main courante en plainte s’il m’embête à nouveau de quelque manière que ce soit.

Depuis, plus de nouvelle, à part une carte de vœux ce matin : « Bonne année à toi, ma princesse. Paix et amour pour cette nouvelle année et les années à venir. A bientôt… » C’est
surtout ce « à bientôt » et les trois points de suspension qui suivent qui me font flipper.

En conclusion, je tiens à avouer que, même s’il n’est pas facile du tout de rompre définitivement avec un être horrible que l’on aime, même s’il n’est pas facile de garder à l’esprit les mauvais moments et de se convaincre qu’il n’est pas bon pour notre équilibre et celui de notre entourage de rester avec lui, le quitter, c’est tout de même réalisable.

A toutes les femmes qui restent dans le silence, je vous conseille d’au moins déposer une main courante qui vous protège, tout en sachant que la police n’avertit pas la personne concernée par la main courante de votre dépôt. Il n’y a donc pas à avoir peur des représailles suite à une telle formalité, car le seul fait qui pourrait lui faire savoir que vous avez déposé une main courante est que vous le préveniez. Par contre, vous pouvez toujours utiliser cette main courante s’il y a d’autres faits, ou si les mêmes faits reprochés se reproduisent.

D’autre part, même si je sais que ce n’est pas facile, je vous conseille de prévenir votre voisinage de votre situation, même si ce n’est que dans les grandes lignes, pour qu’ils puissent vous être d’une aide utile s’ils entendent des bruits anormaux.

S’en sortir, retrouver une vie normale, une vie meilleure, une vie « sans lui », même si parfois on crève d’envie de le revoir, de prendre de ses nouvelles par téléphone, c’est possible, même si c’est difficile.

C’est ce message d’espoir que je souhaite vous passer aujourd’hui, à vous qui n’avez pas encore franchi le pas, sans jugement aucun, bien entendu (je serais mal placée pour vous
juger, moi qui suis retournée tant de fois vers lui !). Je ne connaissais pas ce site lorsque je vivais l’enfer, moi aussi, et je ne connaissais pas non plus de cas similaires. Je me
sentais donc exclue, et j’avais l’impression que je faisais partie de cas isolés. Je vous promets aujourd’hui que j’aurai aimé entendre ou lire que « s’en sortir, c’est possible », et c’est pour ça que je vous le dis et vous le répète.

N’hésitez pas à me poser des questions ou à me faire part de vos commentaires si vous en ressentez le besoin. Je tâcherai de répondre à tout le monde, c’est promis. C’est pour moi un
devoir moral d’aider les autres femmes qui vivent ou ont vécu ce que j’ai vécu. Je pense même que ça m’aiderait à guérir totalement.

Merci de m’avoir lue. Merci pour votre site qui mérite beaucoup de publicité, surtout que le gouvernement français s’est récemment rendu compte, de manière horrifiée, que tant de
femmes en France sont victimes de violence conjugale.

Je vous autorise à publier l’intégralité de mon récit et mon adresse e-mail sur votre site.

Bon courage à toutes !! Gros bisous.

droopy.free@laposte.net

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