[page d'accueil] [retour messages, FAQ et réponses] | @

Message ou FAQ

 


Je ne me reconnais plus

Email en pied de message
Juin 2013

Bonjour à vous et merci pour votre aide,
Il y a un an, j'ai déposé ma première plainte à la gendarmerie pour violence conjugale entrainant une ITT de 21 jours .... Mon ami, qui a 37 ans, m'avait frappée et cassé un doigt.
Il m'a imploré de retirer ma plainte, chose que j'ai refusé de faire.
Nous avons passé des mois cahotiques, avec disputes, séparations, re-violence, beaucoup de maltraitance psychologique de sa part (dénigrement, mensonges ...).
Il a finalement été convoqué à la gendarmerie en décembre^2012 (pas avant !!) et nous sommes passés en médiation pénale en avril 2013 à la demande du procureur : il n'a écopé de rien, de plus la médiatrice savait que je le voyais encore .... elle a plutôt proné une meilleure communication, voire l'obligation de voir un spécialiste pour couple.
En décembre dernier, suite à une dispute violente survenue lors d'une soirée avec des amis à lui, il a "osé" aller porter plainte contre moi pour "diffamation" (j'aurais révélé à son ex compagne qu'il m'a frappée devant son fils de 6 ans).  La plainte m'a été confirmée par la gendarmerie qui m'a rassurée, en disant que cela ne mènerait nulle part.
Il y a deux jours, dont 5 mois plus tard, le gendarme qui a enregistré la plainte de mon ami, m'a contactée et m'a fait venir au poste pour déposer plainte contre mon ami (en réponse à sa propre plainte).
J'avoue que depuis quelques semaines, ça ne va vraiment plus avec mon conjoint (nous ne vivons pas ensemble, fort heureusement, et n'avons pas d'enfant ensemble) mais il est devenu de plus en plus méprisant, la médiation passée, et violent pour un rien. Il m'a laissé tomber plusieurs soirs et we, préférant aller voir ses amis (ou autre !!!) et j'ai su qu'il avait tenté de revoir une ex dans mon dos, voilà, c'était vraiment trop douloureux pour moi. Il n'a aucune considération pour moi, en revanche lorsqu'il a ENVIE de me voir je me dois de revenir et j'avoue que je suis complètement dépendante affectivement de lui. Personne ne comprend que j'accepte de me laisser traiter ainsi et surtout que je continue à aller chez lui.
J'ai donc tout à fait accepté de déposer plainte hier, pour violences survenues le... au soir, où d'ailleurs j'avais fais intervenir la gendarmerie pour pouvoir récupérer mes affaires en sécurité.   et pour harcèlement téléphonique (depuis trois jours il m'envoie des centaines de sms pour demander à me voir). Je sais qu'il va être convoqué le ...juin et que l'affaire sera très certainement, cette fois, portée devant un tribunal et j'avoue que je le vis très mal.
Sur l'instant, j'étais heureuse de ma décision, car je n'avais pas eu le sentiment que justice avait été rendue en médiation, surtout que son attitude n'a pas évolué en dépit de cela. Je l'ai vécu un peu comme une vengeance bien méritée, mais ce matin j'ai eu le retour de bâtons et je culpabilise terriblement. J'aime cet homme, et j'ai peur qu'il ai de gros soucis à présent, sachant que la médiation laissait entendre que si quelque chose se reproduisait ce serait automatiquement porté en justice.
Ses sms ont cessé depuis hier soir (je pense que le gendarme l'a appelé) et je suis angoissée, j'ai été paniquée toute la journée, incapable de travailler, de me concentrer, j'avais la voix qui tremblait, je devais paraitre étrange.
Je n'ai pas peur des représailles mais je comprends que cette affaire va désormais m'éloigner de lui et j'en souffre atrocement.
De plus, je reste assez surprise que la gendarmerie m'a "presque poussée" à porter plainte. Je ne m'attendais pas à un telle procédure, je pensais que j'allais être simplement auditionnée et que l'affaire serait classée sans suite.
Je me demande s'il n'est pas impliqué dans d'autres affaires que j'ignorerais ...
Bref, vous imaginez bien que le gendarme m'a sommée de ne pas le rappeler ni répondre à ses sms, chose que j'ai été incapable de faire hier quand il me relancait encore. Là c'est silence radio et je pleure toutes les larmes de mon corps. J'ai 32ans et cela faisait un an et demi que nous étions ensemble (avec des périodes d rupture)  et je ne me vois plus d'avenir, de plus mes échecs sentimentaux ont réveillé chez moi un problème d'alcool qui me tue à petit feu (j'ai effectué une cure en janvier, mais mes problèmes conjugaux m'ont fait replonger lamentablement).
Merci pour votre aide, j'en ai bien besoin
lunarose

Bonjour,
Vous êtes lucide sur votre problématique : vous êtes dépendante de cet homme parce que vous souffrez  d'un certain manque, d'un certain vide existentiel sur lesquels par contre, vous n'avez pas mis de mots autres que ces références à vos "échecs" amoureux répétitifs.
Je fais l'hypothèse que cette répétition trouve sa source dans votre fragilité laquelle vous fait repérer par ces hommes à la recherche d'une "proie" à dominer.
Votre problème d'alcool se réveille justement parce que vos manques se réveillent.
Qu'avez vous vécu L. autrefois, pour être aussi mal accompagnée aujourd'hui?
Pouvez vous me dire comment vous vous êtes construite?
Dans l'attente
Cordialement,
Chantal POIGNANT
Agent de conseil

Merci Madame pour votre réponse si rapide, je lis actuellement les témoignages sur votre site et me retrouve dans la plupart.
Pour information, je suis suivie par une psychiatre depuis quelques années (4 ans) mais je ne me vois pas évoluer. Je suis diagnostiquée dépendante affective.
Ma propre lucidité est consternante, mais mes actions le sont encore plus. Je ne la vois plus depuis trois semaines, car je ne cessais d'annuler les RV, préférant rester chez mon ami, et je crois que j'ai atteint une certaine lassitude et perte d'espoir.
Je suis fille unique. Ma mère a quitté mon père lorsque j'avais 14 ans, et ne s'est jamais vraiment occupée de moi, je suis restée vivre chez mon père par obligation. Ma mère a toujours été une femme froide et peu aimante, en tous les cas absolument pas maternelle. Mon père était au contraire étouffant et à 32 ans encore (je vis chez lui) il me traite comme une sotte et une enfant incapable d'autonomie. Il surveille mes comptes bancaires, me traque comme une proie et me harcèle par sms toute la journée tous les jours pour savoir ce que je fais, comment je vais etc ....
J'ai eu ma première relation affective à 17 ans et ce fut atroce : 4 années d'enfer avec un homme très séduisant au début, qui s'est avéré être un parfaite manipulateur pervers : il m'a rabaissée, dénigrée, frappée (une seule fois fort heureusement); je n'arrivais pas à m'en sortir, plus il s'éloignait plus je me raccrochais à lui, à un point que je ne pouvais plus aller en faculté, incapable de travailler, je ne vivais que dans l'attente de le revoir.  La relation a quand même pris fin un jour, je ne sais pas par quel miracle. Mais j'ai toujours ensuite, été avec des hommes rabaissants, phobiques d'engagement.
Je n'aurais jamais imaginé que éric, mon "ami" actuel, soit aussi cruel. Lorsqu'il m'a "séduite", je sortais tout juste d'une rupture qui m'a plongée dans une dépression terrible. Je venais de me faire quitter un 1er janvier (2012) et il m'a ramassée à la petite cuiller; il disait qu'il voulait me redonner la joie de vivre, me sauver ! !!
Certes il était adorable d'attentions, mais cela n'a duré que deux, trois mois. Très vite le masque est tombé. Il était d'une jalousie maladive, il m'a cassé mon téléphone (persuadé que je le trompais par sms avec d'autres courtisans), il s'en est pris à ma voiture, bref, ce fut l'escalade de la violence et de l'horreur. J'étais terriblement mal en septembre  (c'était une période où il ne voulait plus me voir et me trompait avec une autre femme, je l'ai su après)   d'ailleurs que j'ai eu un grave accident de voiture au petit matin, j'avais hélas bu la veille par désespoir, et était positive à l'éthylotest, j'ai perdu ma voiture qui était en épave, j'ai fini au tribunal mais la chance a été de mon côté car je n'ai eu qu'une amende. Je me suis énormément mise en danger pour lui et ce de façon compulsive.
Il y a en effet un lien étroit entre mon alcool et les relations amoureuses. Je buvais beaucoup plus lorsque j'étais chez lui que sans lui. Je ne sais pas pourquoi ... ma cure de 5 semaines n'a pas permis de me faire comprendre le pourquoi du comment.
Actuellement, je ne vois donc plus mon ami; les choses se passent très mal chez mon père, qui sait que je re-consomme de l'alcool et le vit très mal en me culpabilisant et en fouillant ma chambre; j'ai trouvé un "refuge" temporaire chez un ancien curiste qui était à hôpital pour alcool en même temps que moi, mais je vois déjà venir gros" comme une maison" une future dépendance affective, il s'impose trop comme un sauveur, il boit encore (avec moi, ce qui est malsain) et je suis au final, très, très malheureuse.
Oui je me sens totalement vide à présent.
Ce soir je suis seule chez mon père et je suis incapable de m'occuper, je n'ai envie de rien.
Je n'étais heureuse qu'à l'hôpital où ma vie était saine et régulée, sans excès; j'avais même réussi à prendre de la distance quant à mon ami.
Mais là, la chute est énorme. Moi qui aime tant lire, si je suis seule je ne peux pas prendre un livre.
Je voudrais vraiment sortir de ce cercle infernal de dépendance affective qui me fait tolérer les pires agissements ! je ne comprends pas ma propension à aimer véritablement un homme qui manifestement se sert de moi et ne me respecte en rien ....
Bien à vous
lunarose

Bonjour,
Vous mettez l'accent, très justement (encore) sur la personnalité de vos parents et encore une fois, vous avez sans doute raison de souligner les effets paradoxaux que l'expression de leur personnalité, par rapport à vous bébé, enfant, ado et adulte, a pu imprimer dans votre propre développement psycho-affectif.
Ainsi, j'imagine fort bien les difficultés que vous deviez avoir pour vous représenter, et les images parentales, et votre place au milieu de ces deux adultes dont l'attitude de l'un annule celle de l'autre tout en soulevant les incohérences de leurs deux comportements, incohérences qui ne peuvent que troubler le ressenti d'un enfant puisqu'il ne peut comprendre, cet enfant, ce qui se joue à ses dépens.
Il me semble que vous avez été "manipulée"psychologiquement par vos parents et que faute de repères, vous ressentez une certaine angoisse qui vous amène à recourir à l'alcool lequel brouille lui aussi les repères mais produit un certain effacement des "limites", plus précisément, de ce qui vous fait peur.
Bref, les "confusions"qu'amène l'alcool ont une valeur défensive, une valeur de brouillage par rapport à l'ambiguïté de votre état émotionnel créée certainement par l'éducation, elle-même ambiguë, que vous avez reçue de vos parents.
Vous êtes comme "en panne" d'images, de la vôtre parce que vous butez encore sur celles de vos parents, sur la représentation de la relation parentale qui, comme pour tout le monde, construit avec plus ou moins de bonheur notre propre représentation.
Vous avez vu, avec raison, une psychiatre mais un psychiatre est d'abord un médecin formé à la psychologie ; peut-être devriez vous entreprendre en plus une thérapie avec un professionnel psychologue?
Je suis certaine qu'en travaillant sur vous-même avec un "bon" professionnel, vous pourrez surgir de votre "moi" et partir vers l'avenir.
Car actuellement, vous êtes toujours rivée à votre passé et l'alcool vous "aide" à faire du sur-place.
Croyez moi, vous êtes bien plus intéressante que vous ne le pensez.
Je reste à votre disposition.
Cordialement,
CP

Re bonjour et encore un grand merci de prendre le temps de m'écrire je suis complètement perdue .....
Lors de ma cure alcoolique, nous avons suivi une thérapie assidue de groupe, lors de laquelle la problématique avec mes parents a été largement soulevée.

Il s'avère qu'à raison de suivi post-cure, nous sommes convoqués (père, mère et moi-même) pour un rv médical assisté du médecin (femme) généraliste formée alcoologie, et un psychothérapeute que je trouve exceptionnels tant l'un que l'autre. D'ailleurs nous avons rv ce soir.

Il est ressorti de ma cure que mes parents jouent malheureusement un rôle prépondérant dans mon addiction. Grâce à la méthode employée par le médecin (EMDR) qui est une sorte d'hypnose légère (car sans alcool y a beaucoup d'inhibitions en moi), il est apparu l'impression d'abandon ressenti petite fille, de la part de mes parents. En développant cette idée là, il s'est avéré qu'il y a eu de nombreux non-dits entre mes parents et moi et ce qu'on peut nommer des secrets de famille, dont j'avais plus ou moins conscience avant même que cela soit confirmé.

Ainsi, durant ma cure, ma mère fut convoquée pour me révéler des choses que j'ignorais, en présence des deux médecins : la mort de son père qu'elle aimait tant la même année de naissance que moi (1981) chose que j'ignorais (!); sa propre mère, inhumaine, qui lui a dit qu'elle ne l'avait jamais désirée et la dénigrait en permanence.

Elle a été placée face à ses responsabilités : celles de ne pas m'en avoir délibérément parlé ! "c'était pour la protéger que nous n'avons rien dis; et puis pourquoi avait-elle besoin de savoir tout cela ?" s'est-elle justifiée.

Mes parents n'assument absolument pas leur responsabilité dans mon alcoolisation. Ils m'incriminent pour mes choix affectifs, et considèrent que le psychothérapeute qui m'a suivie en cure est complètement "à côté du problème".
Un jour, un psychiatre sur internet m'a parlé d'un triangle oedipien tordu entre moi et mes parents. Une mère non présente et un père étouffant. J'ai toujours eu l'impression d'avoir un rôle à jouer au milieu d'eux, mais à quel prix !!!!

Quand à éric je ne sais plus quoi faire. Sans doute lui-même était-il un pansement pour moi, je ne sais pas .... son rejet teinté de sadisme de sa part (et de masochisme de la mienne je le conçois) me tuent à petit feu et comme vous le dites si bien l'alcool distille tout cela, je ne peux nier qu'il ne m'aide pas quelque part à amoindrir (ou brouiller) cette douleur permanente.

Je ne sais plus par quel côté entreprendre les choses. Je suis juste fort ennuyée de m'apercevoir que je ne parviens plus à gérer mon quotidien, notamment mon emploi, ma vie affective, ma sphère sociale et familiale. J'ai de fortes pensées suicidaires et je m'inquiète tout simplement pour ma santé mentale. J'ai 32 ans et je ne me vois aucun avenir. Pourtant vos derniers mots m'ont beaucoup touchée. Vous pouvez imaginer à quel point je me méprise.

Bien à vous

lunarose

Bonjour,
Le mépris!!!!!!!!!!
C'est cela qui empoisonne votre vie.
Peut-être parce que, inconsciemment, vous vous êtes toujours identifiée aux perceptions que vous ressentiez comme méprisantes pour vous de la part de votre entourage.
Le mépris, c'est le manque de considération, c'est l'exploitation de l'autre, l'indifférence à la souffrance et c'est sans doute ce que vous avez ressenti durant de nombreuse années : oui, vos parents ne vous ont pas considérée comme un être à part et ils ont exploité le lien de filiation en dépit du bon sens, indifférents qu'ils étaient à votre souffrance de petite fille perdue au milieu du conflit parental mais le mépris de votre position dans la famille ne veut pas dire que vous êtes un être méprisable.
Par contre, ils ont méprisé votre place d'enfant.
Ils vous ont "oubliée" en tant qu'enfant et de cette position détestable où vos parents vous ont mise vient sans doute le mépris pour vous-même que vous vous infligez à votre tour.
Parce que vous n'avez pu vous développer "normalement" au niveau psycho-affectif (normalement dans le sens d'un développement épanouissant), vous avez le sentiment de "compter pour rien" faute de n'avoir eu de place à vous.
Mais à votre âge, vous avez l'espoir de pouvoir conquérir une place qui vous conviendra, même si c'est un travail de longue haleine où il faudra vous "dépouiller" des guenilles de votre enfance.
Est-ce que cette réflexion vous aide?
Cordialement,
CP

Bonjour Madame
oui vos mots m'aident mais pourquoi alors, suis-je en train de mourir de perdre un homme qui me faisait tant de mal ? je n'arrive plus à rien, à vivre normalement, alors que son attitude avec moi était abjecte ? comment m'en sortir ? je ne me reconnais plus ......

Bonjour,
Vous n'êtes pas en train de mourir à cause de la "perte" de cet homme mais à cause de votre propre regard sur vous-même.
Parce que son attitude était abjecte vis à vis de vous, vous avez intériorisé un sentiment de "mésestime" et "construit"votre image à partir de modèles négatifs.
Vous serait-il possible d'admettre cette éventualité?
Cordialement,
CP

Re-bonjour,
c'est possible en effet et je pense que c'est le cas. Le regard de éric quant à ma propre personne a contribué à favoriser cette mésestime. Je devrais alors au contraire me satisfaire d'être sortie de cette relation, pour me reconstruire, or je n'y arrive pas, et ne cesse d'attendre unn retour de sa part. En même temps je souffre aussi de me retrouver seule, c'est pour moi invivable.

Justement, je pense au contraire que vous devez apprivoiser votre propre image avant de vous confronter dans une nouvelle relation amoureuse.
Apprivoiser votre image, c'est faire la part du positif et du "négatif" et aussi reconnaître l'idée du manque qui est en chacun de nous non pas pour remplir ce manque à tout prix mais pour mieux comprendre,orienter et satisfaire vos "vrais" désirs.
J'aimerais pouvoir publier une partie de nos échanges et vous pourriez y mettre une adresse anonyme qui vous permettrait d'avoir d'autres avis.
Qu'en pensez vous?
Cordialement,
CP

avec plaisir pour publier nos échanges, je serais ravie de susciter d'autres réactions
vous avez raison pour le fait de savoir être seule, mais j'ai une angoisse terrible et je perds tout intéret pour les choses sitôt que je suis privée de relation amoureuse : c'est comme une espèce de drogue et il faut bien préciser que je ne choisis jamais les bons partenaires ....

* petitelunerose@laposte.net

 
      

[page d'accueil] [retour messages, FAQ et réponses] | @