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Message ou FAQ

 

Mon histoire est une histoire banale de femme battue


Septembre 2012

Bonjour,
J'ai décidé de vous écrire ce soir en espérant que mon histoire pourra aider l'une d'entre vous. Je vous explique le contexte pour prouver que la violence conjugale n'arrive pas qu'aux autres et pas que dans des milieux défavorisés. J'ai rencontré "Jean" il y a deux ans et demi, nous sommes très vite tombé amoureux l'un de l'autre. J'ai 27 ans, je suis ce qu'on appelle une très jolie fille, je viens d'une très bonne famille avec de très gros moyens financier, j'ai fais de très bonne études et je bosse aujourd'hui dans le milieu du luxe. Aux yeux de tous j'ai une vie de rêve...En apparence...Jean, lui vient d'un milieu plus modeste mais a fait une grosse école de commerce, c'est un homme très ambitieux et a un gros poste aujourd'hui dans un groupe d'alcool. J'ai toujours été très indépendante, une fille qui a un gros caractère comme on dit, plutôt dominante que dominée. Avec lui, j'ai tout de suite compris que si je voulais le "garder" il faudrait que je fasse profil bas...La violence verbale à commencé au bout de trois mois de relation. Amoureuse, je laissais tout passer. Il m'a supplié pour que je vive avec lui, j'ai dis oui. Au bout de six mois je prenais les premiers coups pour tout et pour rien. Pour un mot de trop ou pour celui que je n'avais pas dit. Pour un regard mal interprété. Pour ma façon de me maquiller, de me coiffer, de m'habiller ou de parler. Je voulais le quitter, lui ne voulais pas, me suppliant de le pardonner, qu'il ne recommencerais jamais, qu'il m'aimais; il se roulait par terre à mes pieds pour que je ne le quitte pas, il voulais mourir, bref la totale. Je craquais à chaque fois et ne le quittais pas. Au bout d' un an il m'a demandé de l'épouser, j'ai dis oui. Toujours amoureuse et dépendante de lui. Car au delà de ses cotés MONSTRUEUX il pouvait être l'homme IDEAL. Et quand ces hommes là sont dans leurs bons moments ils sont plus aimants et plus merveilleux que n'importe quel autre homme. Ca parait fou de dire ça. Notre mariage devait avoir lieu 8 mois après. Toujours des coups, des réconciliations, des pleures et des rires etc...Deux semaines avant le mariage il me tape tellement fort et ça de 18h à 7h le lendemain matin que je m'enferme dans les toilettes et j'appelle la police, dans la simple idée qu'ils lui diront d'arrêter et le calmeront. Les policiers arrivent à cinq et armés.
Devant l'ampleur des dégats sur mon corps ils deviennent fous. (SI vous avez peur de porter plainte, il ne faut pas, la police ne supporte pas les hommes violents et ils sauront vous écouter).Il arrêtent Jean et le place en garde à vue. Il y passera 48 heures .
Au bout de ces 48 heures il a été déféré devant un juge qui a demandé un ans de prison ferme. J'ai eu plus de 15 jours d'ITT, (incapacité total de travail)J'ai témoigné en sa faveur et il n'a pris que 10 mois avec sursis. Je ne voulais pas qu'il aille en prison toujours amoureuse de lui. Et nous nous sommes mariés 15 jours après. Mes parents l'ont su, mes amis, ils ont tout fait pour me sortir de ses griffes et n'ont pas réussi, je ne les ai pas écouté, aveuglée. J'ai perdu des amis à cause de ça. Jean me suppliait de lui pardonner, de ne pas l'abandonner, d'être là pour lui. Qu'il ne voulais pas me faire ça, que j'étais son bébé, son amour qu'il allait changer...Celà fait un an aujourd'hui. Il n'a pas changé, si, il est devenu pire. Pendant deux ans je n'ai entendu qu' insultes ( salope, mongolienne, idiote, connasse, mégère, rombière, trisomique, pauvre conne, pauvre pute, suceuse, des menaces de mort etc.....) Il m'a tout cassé. Les deux bras, le nez, l'épaule (j'attends mon opération), la joue, l'arcade, même le cartilage de l'oreille, le poignet. J'ai eu plusieurs commotions cérébrales dont une avec hospitalisation. Des étranglements, des étouffements, des bleus, des coupures, incalculables.
Les éclatements dans les murs, dans les fenêtres, au sol. Mais le pire de tout c'est le sentiments de ne plus être maître de son corps. Il m'empêchait de me déplacer dans l'appartement en me bloquant les bras, en me serrant si fort la cage thoracique que je ne pouvais plus respirer. Vous vous demanderez pourquoi je suis resté avec une telle ordure! C'est le cycle incompréhensible de la violence. Le grand paradoxe de la vie. On veut toujours croire en l'humain, au changement.
N'Y CROYEZ JAMAIS quand il s'agit d'un homme violent. Aujourd'hui je sais que je veux divorcer, ce n'es pas la première fois que je me le dis, c'est dur, très dur mais je dois le faire. Heureusement je n'ai pas d'enfant. Il m'a brisé, je n'ai plus confiance en moi, je ne sert plus à rien dans mon boulot et dans ma vie, je n'ai presque plus d'amis, je deviens une merde. Dans les mauvais moments je me dis que je l'ai cherché que je ferais mieux de me tuer. Je pense à la mort tous les jours. La seule raison qui me tient en vie c'est ma famille, je sais que je briserais leurs vies si je faisais ça. Mon histoire est une histoire banale de femme battue, mais si elle peut aider tant mieux.
Mes conseils pour vaincre la violence: PARTEZ, PARTEZ, PARTEZ, PARTEZ, PARTEZ......Il ne changera pas, ou alors pour être pire; je sais qu'il y a des jours, ou pour les plus chanceuses des mois, où il jouera à l'homme doux et attentionné mais ça ne durera JAMAIS. Il faut partir. Quoi qu'il arrive. Ne jamais perdre ça de l'esprit. Sinon au mieux votre vie ne sera que coups et rabaissement, et au pire vous finirez par vous suicider si il ne vous a pas tué avant.
Cet homme m'a fait perde toute envie de vivre, m'a enlevé toute confiance en moi. Je pense que je ne pourrais plus jamais faire confiance à un homme dans ma vie.
N'en arrivez pas là. Partez tant qu'il en est encore temps. 
Xavière


Bonjour,
Merci pour ce témoignage éloquent que j'aimerais publier (et vous semblez me l'autoriser) mais je souhaiterais que vous m'indiquiez, si je dois le faire anonymement ou avec cette adresse e-mail ou avec une autre, que vous fabriqueriez pour la publication :

* http://www.sosfemmes.com/faq/email_anonyme.htm

Cependant, je voudrais revenir sur cette expression : "Avec lui, j'ai tout de suite compris que si je voulais le "garder" il faudrait que je fasse profil bas..." qui traduit que dés le départ, il y avait une certaine "dissymétrie" et des non-dits dans votre relation, "dissymétrie", non pas par rapport à des différences dans les personnalités ce qui est généralement le cas (et heureusement) dans un couple mais parce que vous aviez conscience dés le début que vous alliez devoir faire des efforts pour le "garder" ; et des efforts, vous en avez fait à tel point que vous vous êtes laissée plus ou moins détruire, vous une personne forte et indépendante pour qu'il vous garde finalement...
Car, si vous n'aviez pas fait "profil bas", la relation n'aurait sans doute pas pu se "concrétiser".
Autrement dit, vous vous êtes amputée d'une partie de vous-même, pour que cette union puisse avoir lieu.
Vous aviez senti rapidement que l'équilibre de votre couple était précaire, vous ne vouliez pas le faire basculer et ce faisant, vous avez mis entre parenthèses vos besoins et désirs.
Mais qu'est-ce que, dans cette relation, vous paraissait si important pour justifier de faire taire votre propre "je"?
Dans l'attente,
Cordialement,

Chantal POIGNANT
Agent de conseil

Bonjour,
Oui je veux bien qu'il soit publié, mais je préfère que l'on ne publie pas d'adresse mail, bien que celle-ci en soit déjà une fausse. Merci. Il y avait clairement une dissymétrie.
Ce qui a fait des le début que je me laisse ainsi rabaisser, et que je me sois oubliée de la sorte est je pense, une véritable admiration pour lui, si bien que j'ai fini par me percevoir comme lui me décrivait. J'étais amoureuse, et je me disais que si je mettais de l'eau dans mon vin, il finirait par être plus doux et plus calme. Je me suis bien rebellée 8 mois après notre rencontre, il s'est calmé et a changé car il avait vraiment peur de me perdre, mais le naturel revient toujours au galop, et la suite à été pire. Quand on vous dit à longueur de journée que vous êtes une merde, on en devient une.
Pour moi, un homme violent le restera toujours, en tout cas et ça j'en suis persuadée, si il reste avec sa femme actuelle. Peut être que si il suit une thérapie et qu'il rencontre une autre femme après il ne lui fera pas de mal...
J'en ai beaucoup parlé avec mon psy, pour lui c'est une maladie, qui malheureusement ne se guérit pas.
Xavière.

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