Le
mot "fin"
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en pied de message
Juin 2010
Bonjour.
J'ai écrit il y a maintenant 2 ans (janvier 2008 "je suis
la reine du mensonge"). Je m'appelais Jade, j'ai une petite fille
qui à l'époque avait 3 ans. Je subissais des violences
physiques et morales depuis 11 ans à l'époque. Lorsque
je vous ai écrit en janvier 2008, c'était la première
fois que la douleur sortais de ma bouche enfin pas réellement
mais par votre biais. Vous m'aviez répondu à l'époque
pourquoi je me punissais comme cela... Cela m'avait interpellée.
Grâce à votre site, j'ai fait la connaissance virtuelle
d'autres femmes comme moi, beaucoup trop d'autres femmes... J'ai commencé
à parler toujours par le biais d'un écran et d'un clavier.
Puis un jour de mars 2008, un jour où je me demandais comment
me suicider, j'ai rencontré un homme merveilleux qui a changé
ma vie avec une phrase que je n'oublierai jamais : l'amour c'est le
respect. Quelques jours plus tard, j'ai dit à mon ex-mari que
je ne me sentais pas bien du tout, comme à son habitude il m'a
envoyer promener en me hurlant dessus avec ma fille à côté.
Ill m'a poursuivi dans la cuisine pour savoir pourquoi "j'avais
mal au cul", je lui ai fais face et lui ai dit que pour moi, l'amour
c'était le respect et en guise de réponse, j'ai prit un
coup de poing en plein sur la joue... Je me suis rendu compte que je
ne pourrai pas cacher cette pommette qui avait triplé de volume,
qu'à travers ce visage qui n'était plus le mien la comédie
venait de cesser et que le mot fin venait de s'écrire en bleu
sur ma joue. A l'époque, j'ai appelé mes parents qui ne
se doutaient de rien. Vous m'aviez répondu à l'époque
que souvent on ne pouvait pas compter sur les siens. J'avais répondu
que ma famille n'était pas comme cela ! Que vous aviez raison
! J'aurai dû vous écouter ! A la place du soutient, de
l'écoute ou encore de réconfort, on m'a dit que c'étaient
de simples problèmes de couple que je traversais... Pire, après
un premier départ chez mes parents, mon propre père m'a
poussée à retourner chez moi. Au lieu de sortir de l'enfer,
tout le monde, ma sœur, mon père, ma famille, passaient du savon
pour que je glisse un peu plus dans les ténèbres... Je
suis retourné auprès de mon ex-mari au bout d'une petite
semaine de séparation. Mais je ne pouvais plus, pouvais plus
me mentir. Malgré les attentions soudaines de mon ex (fleurs,
restos, cadeaux, toujours les mêmes combines chez tous les hommes
qui battent), je n'y arrivais plus. Par un coup du destin, je continuais
de parler avec cet homme qui m'avait tendu une main sans vouloir me
battre avec. Alors c'est à lui que je me suis confiée,
que j'ai raconté toute l'horreur que j'avais vécu, comment
j'étais détruite, comment je n'arrivais plus à
vivre. J'ai à nouveau quitté le domicile conjugal quelques
jours après mon retour... Mais cette fois, je me suis tourné
vers cet homme, qui sans jamais rien demandé en retour à
écouter pendant des heures, des jours, des semaines, des mois
le récit de mon drame. On m'a qualifié de "p....te"
de tous les mots abjectes parce que j'avais quitté mon mari,
on m'a présenté partout comme une femme adultérine
alors que rien ne se passait entre cet homme et moi. Comment à
l'époque aurait-il pu se passer quelque chose ? J'étais
tellement meurtrie et saigné à blanc de toute part...
Je me suis retrouvée seule mais cela j'en avait l'habitude de
toute façon. Nous avons divorcé en septembre 2008, 1 an
jour pour jour après le mariage. Mon ex n'a pas fait d'histoire
pour la garde de notre fille, je n'en ai pas fait non plus pour toutes
les maltraitances que j'avais subie... J'ai suivi une thérapie
pendant 1 an qui m'a un peu soulagée. Je me suis installer avec
cet être merveilleux qui continue chaque jours de vivre à
travers moi les erreurs de mon passé, les souffrances de mon
âme. Je n'ai pas rompu les liens avec ma famille même s'ils
ne seront plus jamais les mêmes. Quand à mon ex, il a refait
sa vie comme si de rien n'était et je continue d'être gentille
avec lui, conciliante lorsqu'il annule à la dernière minute
la garde de sa fille. Il ne s'est pas excusé, n'a jamais reconnu
ces fautes mais comme un bon soldat je ne dis rien. Cet être merveilleux
qui est depuis peu mon mari, me fait remarquer souvent que je n'ai pas
à être condescendante avec mon ex, que je ne suis pas le
bourreau ni la responsable. Le pire dans tout cela c'est qu'il a raison
et que je me comporte de temps à autres comme le faisait mon
ex. Pas dans la violence bien sûr mais je suis dure et sèche
avec lui, je le fais souffrir lui à mon grand désespoir...
Alors je ne dirai pas que j'ai gagné la guerre, seulement une
bataille... La violence détruit incommensurablement une personne,
on ne ressors jamais indemne d'une telle vie, je voudrai tellement redevenir
celle que j'étais il y a longtemps mais je sais au fond de ma
chair que je ne le serai plus jamais. Je n'ai aujourd'hui plus envie
de mourir, au contraire je sais que j'ai raté beaucoup de choses
et nous essayons d'avancer chaque jour, mon mari et moi sur cette voie.
Il m'épaule et me soutient dans chaque décisions que je
prend, dans chaque progrès que je fais. Je veux simplement vous
dire merci, et lui dire à lui merci de m'avoir montrer ce qu'est
l'amour, le vrai.
J'accepte la publication mais de manière anonyme en revanche.
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