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Petit à petit, les choses se sont dégradées

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Avril 2009

Bonjour,
J'ai lu plusieurs témoignages sur votre site et j'aimerai vous raconter ce qu'il m'est arrivé récemment.
J'ai rencontré un homme l'été 2008 dont je suis éperdument tombée amoureuse. L'homme de ma vie. Pourtant, j'ai eu de nombreuses histoires depuis la séparation d'avec le père de mes enfants (9 ans de vie commune). Mes histoires précédentes l'ont souvent été avec des hommes au passé lourd. Mes amies me traitent de Mère Thérésa...
Donc je rencontre cet homme, rentré depuis un mois des Antilles, qui m'a de suite charmée. Nous sommes sortis ensemble et le mois d'après, il est venu s'installer chez moi. Mes enfants, que j'ai une semaine sur deux, se sont de suite entendus avec lui, comme avec les autres d'ailleurs. Ils sont trés ouverts.
Petit à petit les choses se sont dégradées. Il dénigrait ce que je lui disait, notamment sur mes sentiments puisque j'avais dit déjà "plein de fois" que j'aimais.. Il relativisais tout. J'ai changé de look pour lui, même s'il est vrai que ça me va bien et que finalement j'apprécie moi aussi. Il n'a jamais participé aux frais quotidiens mis à part quelques fois les courses. La vaisselle et les poubelles étaient les seules tâches ménagères qu'il faisait, alors qu'il ne travaillait pas.
Trés vite nous avons eu des disputes à cause de mes ex, de ses ex. Je ne me sentais pas à la hauteur de cet homme. Nous avions aussi des discussions emportées, comme si l'un ne pouvait s'empêcher de contredire l'autre.
Dès que j'avais une attention parce que je laissais parler ma nature, il me rembarrait, relativisait. Nous n'avions pas les mêmes façon de voir les choses, tant sur la relation sexuelle dans le couple que dans la vie. J'ai toujours assumé ma vie sexuelle parce que c'est naturel chez moi. Pour lui, il n'était que le suivant... Nous ne nous comprenions pas. A force, les discussions viraient aux mots désagréables, blessant. Je me sentais oppressée, je ne comprenais rien. J'ai fini après une dispute par lui dire de partir. A l'entendre, je ne valais rien, j'étais chiante grave et je me disais, mais pourquoi reste-t-il ? Et là mon orgueil, ma colère me poussaient à lui faire comprendre qu'il n'avait qu'à s'en aller puisque je ne lui convenait pas. Il est vrai que je lui demandait constamment de me rassurer car les sujets sur ses ex ou autres étaient tellement récurents que j'avais peur qu'il me quitte pour une autre. Et comme il mettait tout le temps en doute mes sentiments, ça n'arrangeait pas les choses. Il ne partait pas. Il laissait son sac fait dans la chambre, attendait que je me calme, me parlait gentiment, bref, me réapprivoisait. Jusqu'à la fois d'après. Et un jour, la violence physique à commencé. Je lui ai dit de partir pour la xème fois, il m'a bloqué les poignets, m'a couchée sur le lit, m'a appuyé fort sur les tempes avec ses paumes et j'ai eu des hématomes. Il m'a serré le cou aussi. Il s'est calmé et j'ai laissé courir. La 2ème fois, j'ai pris un coup sur le nez. Je m'énervais aussi, j'avais envie de l'éjecter de dessus moi avec ma jambe qui était interposée entre nous 2 et j'ai eu peur qu'il y ait un mauvais coup. J'ai laissé faire là encore. Il me disait que je pètais un câble, qu'il fallait que je me fasse soigner, bref que j'étais une femme insupportable, instable et hystérique.
La 3ème fois et la dernière, j'étais sous pression et lui aussi. Une semaine de séparation à cause d'un stage qu'il avait dû faire, des échanges d'email et de sms ou comme d'habitude il soufflait le chaud et le froid, insinuant des infidélités de ma part, des retrouvailles la veille lamentables (j'avais juste besoin de sa tendresse qu'il ne m'a pas donné car trop fatigué), je revenais des courses que j'avais faites seules encore une fois et sans non plus de participation financière de sa part, aucun coup de main pour les ranger et mossieur devait en plus partir l'aprem je ne sais où. Mon erreur a été de lui dire de partir définitivement devant mon fils. La dispute a commencé. Mon fils est parti écouter de la musique dans sa chambre (et tant mieux car j'avais peur qu'il s'interpose). Puis la violence a resurgit de plus belle. Blocage, étranglement, coup sur le front, appuis de son front contre le mien... Et la violence verbale accompagnant tout ça. Je voulais qu'il me lâche, qu'il ne me touche pas et je me suis défendue. Je l'ai mordu, giflé. Il m'a refrappée, rebloquée. Je voulais encore qu'il me lâche, mais pour cela il a fallu attendre qu'il se calme. Et c'est lui en me bloquant qui me disait de me calmer, comme si je lui avait sauté dessus !! Il a dit des choses sachant que mon fils pouvait les entendre pour me rabaisser à ses yeux, alors que ça ne le concernait pas. Finalement il est parti faire son sac, pour de bon je l'espérais ce coup-ci. Là j'ai voulu lui rendre ce qu'il m'avait offert et il m'a agressée à nouveau. Enfin, il est parti. J'étais en colère, révoltée qu'il m'ait traitée ainsi, en sachant mon fils là en plus !! Mais je n'ai pas eu la force de porter plainte, ni d'aller voir mon médecin. Je ne voulais pas lui faire de tort... J'en ai parlé à 2 amies car j'avais trop de révolte en moi. Le lendemain je suis allée voir ma mère à qui j'en ai parlé aussi car elle avait vu l'un de mes hématomes au visage.
C'était il y a 20 jours. Je l'ai revu le vendredi suivant et nous avons passé la nuit ensemble. Je ne voulais pas le perdre et je pensais qu'avec du temps et une vie séparée puisque pas possible ensemble pourrait se faire. Une thérapie de couple aussi. Mais j'étais toujours en partie en colère car je me disais qu'il ne pouvait pas m'aimer au point qu'il me le disait et m'avoir traitée de telle manière. En fait, j'avais bien vu déjà plusieurs fois son manque de respect par ses mots, ses façons d'agir ou les attentions qu'il n'avait pas. Nous avons encore échangés des mails et sms. J'ai de nouveau espéré. Et j'ai enfin fini par ouvrir les yeux en lisant une brochure sur les violences et en allant sur le site AJC. Je lui ai même adressé un scan des pages de la brochure. Et sa réponse m'a abasourdie... Presque c'était moi qui l'avait agressé physiquement !! Que la brochure parlait d'un couple ou tout va bien alors que nous ça faisait longtemps que ça n'allait plus !! Que ça parlait de violence gratuite, pas de violence due à l'autre qui vous pousse à bout !! etc.... Là, j'ai dit stop. Je suis allée voir des sites comme le votre. Demain je vais voir mon médecin pour lui en parler. C'est difficile car je me sens encore coupable, j'ai l'impression que ce que j'ai vécu n'est finalement pas si grave et que j'ai dû le chercher. Et en plus, j'ai l'impression aussi de m'être trahie, d'avoir renié mes convictions en la matière !! Je mettais dit jamais je n'accepterai ça !! Et je l'ai accepté....
Merci de m'avoir lue et merci de votre réponse.

Bonsoir,
Je viens de lire votre histoire et avant de vous répondre plus amplement lundi, je vous dis : "si, c'est très grave ce qu'il a fait et vous n'avez aucun espoir à avoir de cet homme" ; demandez un certificat médical à votre médecin si vous avez la moindre trace et portez plainte (n'oubliez pas de demander aussi des jours d'ITT).
A lundi.
Cordialement,
Chantal POIGNANT
Conseil

J'ai oublié de vous préciser que vous pouviez mettre en ligne mon témoignage si cela peut apporter à d'autre avec cette adresse.

C'est justement ce que je m'apprêtais à vous demander!!
Car votre réponse est très lucide et constructive et même si vous percevez bien que sur votre chemin, il y aura encore des ronces qui vont vous égratigner certainement toujours un peu, vous n'hésitez pas à avancer.
Merci beaucoup pour votre participation.
Cordialement,

Chantal POIGNANT
Conseil

Bonjour,
Je continue à me poser évidemment des questions et j'aurai voulu savoir si ces hommes peuvent avoir ce comportement une seule fois dans leur vie avec une seule personne ou cela est-il ou sera forcément récurent ? Je m'en veux de penser à lui tous les jours et de ce qui s'est passé car en plus j'ai l'impression que lui va continuer tranquillement sa vie, zapper cet épisode alors que moi je sais que je vais avoir du mal à passer ce cap, même si je sais que j'y arriverais. Quelque part, il continue à me faire du mal sans être là. Je continue à culpabiliser maintenant parce que je me dis aussi qu'inconsciemment j'ai cherché un homme avec un tel comportement.
J'ai rendez-vous avec mon psychiatre dans 15 jours. Je l'avais vu il y a 3 ans parce que je ne savais plus où j'en étais dans les relations amoureuses. Il m'avait fait réaliser à l'époque que je culpabilisais par rapport au père des enfants, parce que je l'avais quitté. Ce dernier essaie toujours d'avoir une certaine emprise qui est financière sur moi, il me fait payer la séparation. Dans les hommes qui ont comptés, aucun n'a assumé financièrement, ils étaient tous dans des situations délicates, voire précaire. Et finalement, mon psy m'a dit que j'avais le droit de quitter l'autre si ça n'allait pas. Il m'a aussi conseillé de passer par le JAF pour qu'il y ait une ordonnance concernant les droits de visite et d'hébergement des enfants, mais surtout pour que les frais scolaires et extra-scolaires soient réglés par nous deux équitablement. Cela a été ordonné, mais malgré le fait que je sois en CDD et que j'ai bien 500 à 600   de moins de revenus par mois que le père des enfants, je n'ai pas eu droit à une pension pour eux.
Il y a aussi autre chose : en 2001, j'avais rencontré un jeune homme que j'ai aimé énormément aussi malgré que notre relation "officielle" n'ait duré qu'un mois. Nous avons gardé une complicité, trés grande pendant plusieurs années, car il a toujours été trés tendre et réconfortant avec moi. J'ai réalisé hier que cet homme est le seul, avec un ami de longue date qui pour moi est un petit frère, à me soutenir et me réconforter quand j'ai des coups durs. Et je l'en informe à ce moment là, c'est plus fort que moi. D'ailleurs, ça a été la bête noire de certains de mes ex, comme le dernier par exemple, alors que moi je sais ne plus avoir qu'une trés grande tendresse pour lui. Mis à part un moment de tendresse qui a tourné à plus une fois en 2004, il n'y a jamais rien eu depuis la fin de notre relation. J'ai quand même souffert de cette histoire et je me suis rendue compte que j'avais pensé à lui quasiment tous les jours pendant plusieurs années. Et quand n'ayant plus de ses nouvelles en 2007 j'ai décidé de tout couper, il m'a demandé de ne pas le faire. Mais l'on se voit rarement dans l'année. Est-ce que c'est parce que j'ai besoin du réconfort que quasiment lui seul sait m'apporter que je n'arrive pas à trouver un autre homme qui le fasse, c'est à dire qu'inconsciemment je ne veux pas voir les hommes qui me rassureraient ? Moi j'ai juste l'impression de me tourner vers lui car il a toujours été là quand je l'ai appelé à l'aide. Je ne sais plus... Je me demande du coup si je ne suis pas donc en partie responsable de mes échecs amoureux, comme le dernier, car je n'ai pas laissé à cet homme la chance de me rassurer... J'ai l'impression de tourner en rond...Je n'aurai jamais cru qu'un père absent puisse autant jouer dans la vie d'une femme. Ce repère m'a manqué beaucoup plus que je ne l'imaginais et je le réalise de plus en plus avec l'âge (j'ai 43 ans). Là encore, quelqu'un qui n'est plus là (décédé) mais qui continue à influer sur ma vie. Je comprends que certaines n'arrivent pas ou plus à se battre. Jours meilleurs à elles toutes du fond du coeur en cette journée de la Femme !!
Merci

Bonjour,
En fait vous parlez des "dépendances affectives", ces liens subjectifs qui peuvent se tisser à partir d'une présence de notre enfance mais aussi à partir d'une absence (comme pour vous) et qui se répètent jusqu'à ce que la personne captive travaille vraiment sur elle-même et en comprennent les "mécanismes".
Sans doute, n'avez vous pas assez écouté vos peurs et vos douleurs d'enfant et que vos relations se tissent autour d'un manque que vous aimeriez réparer en secourant vous-même l'autre à la fois par générosité et aussi parce que vous avez appris à être autonome.
Mais voilà, le vrai manque pour vous, c'est peut-être celui de n'avoir pas pu être une petite fille insouciante, de n'avoir peut-être pas fait le deuil de la figure paternelle et de son amour.
Alors, vous donnez pour compenser ce que vous n'avez pas reçu et vous donnez à des personnes qui n'ont pas conscience de votre vulnérabilité parce que vous la cachez bien et parce qu'égocentriques, ces hommes ne préfèrent voir que votre force, celle que vous avez construite grâce à votre énergie.
Je pense qu'il est temps maintenant de vous occuper de vous, de la petite fille que vous étiez, de revenir sur votre histoire et de souffler un peu, en laissant venir à vous des personnes capables, non pas de vous rassurer, car votre image est belle mais de partager avec vous votre énergie mais aussi parfois vos doutes, tout simplement.
Par rapport à votre question sur le comportement de ces hommes, il est bien rare que cela n'arrive qu'une fois car eux aussi doivent faire en général avec un passé qui les mène dans un processus de répétition, jusqu'à ce qu'ils comprennent et admettent mais parfois c'est impossible tant la faille psychologique est importante :
* http://www.sosfemmes.com/violences/violences_cycles.htm
* http://www.sosfemmes.com/violences/violences_profil.htm

Cordialement,
Chantal POIGNANT
Conseil

Bonsoir,
Tout d'abord je vous remercie de vos réponses rapides, ça apporte un réel soutien, de même que leur contenu.
Je crois bien que vous avez défini le vrai problème et de vous lire m'a conforté dans ce que je pensais déjà. Je me disais justement qu'il fallait que je tourne une grande page de ma vie et repartir sur des bases plus sûres... grandir encore en fait...
Et surtout apprendre à plus me préserver et mieux m'entourer, chose que j'ai réussi plus facilement avec mes amis. Et cette histoire m'aura aussi fais réaliser à quel point j'ai de la chance d'avoir ces gens qui m'aiment, m'aident, m'écoutent et comprennent ce que c'est passé, ce qui n'est visiblement pas le cas de toutes les personnes qui témoignent sur votre site.
Encore merci de tout ce que vous m'avez apporté et apportez aux autres.
Cordialement,
Sandra
sandland@laposte.net

Merci et n'oubliez pas de croire en vous et mettez vous en position de recevoir des autres ce que vous donnez par ailleurs...
Cordialement,
Chantal POIGNANT,
conseil

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