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Je suis fière d'avoir la tête hors de l'eau

Email en pied de message
Septembre 2008

Bonjour,
tout d'abord, je ne souhaite pas que mon adresse mail apparaisse si vous souhaitez mettre mon témoignage en ligne sur le site. Merci pour tout ce que vous faites pour les femmes (et les hommes) qui sont victimes de violence. J'ai moi même subi des violences il y a 10 ans et ce n'est qu'aujourd'hui que j'arrive à en parler. Mon témoignage irait dans ce sens-là, il faut tout de suite en parler !! Ne pas rester dans l'ombre, ne pas laisser la situation sombrer, cela a été mon tort. J'étais jeune, j'avais 22 ans, j'étais étudiante, il est était plus âgé que moi et la violence a commencé à partir du moment où j'ai voulu le quitter. Il y a surtout 3 scènes qui me reviennent en mémoire aujourd'hui. Et j'ai développé une phobie de la conduite sur les 10 années car j'ai gardé en moi les traumatismes ! 2 de ces situations ont eu lieu dans et autour de ma voiture. Je n'ai pas eu le courage d'en parler à ma famille, mes parents (qui vivent loin de moi), j'avais honte, je me sentais coupable. J'ai mis 10 ans à en parler avec ma mère !! et c'est un soulagement immense aujourd'hui ! La dernière fois que j'ai vu cet homme, je courrais me réfugier dans une librairie car il me poursuivant pour me frapper. A défaut de me tabasser, il a cassé ma voiture, l'intérieur, j'ai porté plainte (et encore c'est le libraire qui a appelé la police car moi je ne réalisais pas !), il a reconnu. Seulement, je n'avais qu'une envie, qu'il sorte de ma vie, alors j'ai laissé un médiateur arrangé les choses à l'amiable.... je regrette aujourd'hui 10 ans après et une thérapie cognitive entamée depuis 1 an pour des problèmes phobiques sur autoroute (conduite), de ne pas l'avoir attaqué, de ne pas avoir fait constater par un médecin, qu'il soit peut-être encore aujourd'hui à faire souffrir une autre femme ou d'autres femmes. C'est la première fois en 10 ans que je ressens cela ! avant j'avais toujours peur, je sentais sur moi une menace, je me sentais victime et depuis que j'ai réussi à exprimer ces scènes violentes, quelque chose à l'intérieur de moi à changer, c'est presque comme une seconde naissance. Je recommence à conduire normalement sur autoroutes !!! j'ai fait de nombreux trajets depuis et toujours avec l'aide de ma psychologue en cognitif, qui m'a aidé à me poser des questions et j'y suis arrivée toute seule !! cette violence reçue je l'avais enterré mais elle a fini par revenir, j'en ai créé une phobie qui m'a empêché de conduire ma voiture, d'être libre Aujourd'hui, j'arrive même à vous envoyer un message pour en parler !!! je ne me sens plus coupable je voudrais juste dire qu'il faut parler de la violence ! ne pas rester seule face à cela, ne pas l'accepter... C'est incompréhensible pour l'entourage souvent d'avoir accepté ces violences mais ce n'est accepté ! c'est un conditionnement ! Dans mon cas, c'est ainsi que je le vis aujourd'hui. J'ai toujours à l'intérieur de moi les sensations, les pulsions de mon coeur lorsque je prenais les coups, mais je ne veux pas lui laisser cette chance de gâcher ma vie ! je suis jeune, depuis 1 an et demi j'ai rencontré un homme qui me respecte, avec qui je suis si bien ! je redécouvre l'amour ! la confiance en moi et donc en l'autre. je regrette bien sûr qu'il n'ait pas payé plus que 1500 francs (à l'époque) de franchise assurance pour dégâts causés sur ma voiture. mais la plus belle addition que je puisse lui donner est d'être heureuse ! épanouie ! sans lui et sa monstruosité ! je ne sais pas si je lui en veux, je ne sais pas ce que je ressens, de la pitié ? non, de la condescendance ? non plus. Par contre, j'aurais aimé qu'il arrête ! peut-être que d'autres femmes après moi ont subi sa violence ! peut-être qu'elles auront été jusqu'au bout aujourd'hui, je ne peux plus l'attaquer mais je ne lui souhaite pas de rencontrer à nouveau mon chemin et de retenter quoique ce soit car cette fois-ci là je ne le louperai pas !!!!pardonnez-moi, tout sort un peu en vrac...mais voilà, c'est peut-être un témoignage un peu "bateau" :-) mais c'est le mien et je suis fière aujourd'hui d'avoir de nouveau la tête hors de l'eau !!
merci encore pour tout ce que vous faites !

Bonjour,
J'ai été très intéressée par votre témoignage, non seulement parce que vous parlez de la honte et de la culpabilité qui vous ont accablée comme souvent les personnes victimes de violences mais aussi parce que vous mettez en avant votre résistance à l'emprise et à une certaine phobie grâce à un processus thérapeutique (la psychologie cognitive) et j'aimerais que vous reveniez plus précisément sur cette méthode car elle pourrait être utile à d'autres.
En effet, bien des personnes pensent que consulter un psy, c'est parler de ses problèmes, recevoir une écoute et éventuellement des conseils et je voudrais, par votre témoignage, montrer qu'il existe différentes méthodes, dont la psychologie cognitive, particulièrement adaptée pour traiter des phobies.
Comment avez vous eu l'idée de consulter un tel praticien?
Comment s'est déroulée la première séance ?
Merci de votre participation.
Bien sûr, je souhaiterais publier votre message et votre réponse ; pourquoi ne pas "fabriquer" une adresse anonyme alors, puisque vous désirez le rester, au cas où des personnes vous demanderaient des renseignements ?
* http://www.sosfemmes.com/faq/email_anonyme.htm
Cordialement,
Chantal POIGNANT
Conseil

Bonjour Chantal,
merci de votre réponse si rapide !
j'ai créé une adresse mail anonyme
vous voyez aujourd'hui j'ai beaucoup conduit sur autoroute :-) cela faisait des mois voir des années que je n'avais pas repris le volant ainsi !! c'est assez incroyable ! tout n'est pas encore parfait bien sûr mais je pense qu'il ne faut pas être trop dur avec soi-même !! Tout ce travail que je fais depuis une année avec ma psychologue m'a aidé à analyser calmement les éléments autour de moi et à arrêter de sentir tout comme une menace car c'est là le coeur, je dirais le noeud de cette phobie que j'ai créé. Et c'est avec le temps que j'ai réalisé d'où venant cette construction phobique !
Pour répondre à votre première question, j'ai essayé bien sûr par moi- même de résoudre ces problèmes au volant, en continuant à m'accrocher, en roulant, parfois j'y arrivais et parfois pas du tout, c'était même la cata ! j'ai aussi commencé en parallèle des cours de yoga pour réapprendre à respirer !! car je pense que j'étais crispée, bloquée ! la violence reçue qui était une atteinte à ma liberté d'être, d'exister, m'a "coupée" le souffle. Alors je paniquais dès que je me sentais en danger ! cela est liée à certaines scènes dont une particulièrement, la première où j'ai passé la nuit dans mon appartement "séquestrée" à recevoir des coups, avec aucun échappatoire (il y en avait sans doute au moins un, je ne sais pas hurler, ce que j'ai fais, mais les voisins n'ont pas réagi par peur, je ne leur en veux pas, le pire a été de leur avoir répondu "je l'avais bien cherché" !!!! quel absurdité !! chercher quoi ??? parce que je m'étais exprimé, que j'avais exprimé le désir de le quitter ??? elle est là l'atteinte à la liberté pour moi). donc j'ai essayé de m'en sortir toute seule je dirais. Et c'est mon actuel compagnon qui voyant que je souffrais terriblement de ne plus avoir ma liberté de conduire, d'être paralysée, prise de tétanie, de crises de larmes incontrôlées et incontrôlables dès que j'essayais de conduire sur autoroute, m'a parlé de la thérapie cognitive. Il s'était renseigné et m'en a parlé en me disant que ce problème n'était pas immense !! que je pouvais le résoudre ! (il savait que j'avais subi des violences). j'ai mis plusieurs mois à me décider et un jour j'ai pris mon téléphone et j'ai appelé une psychologue (j'ai eu ses coordonnées sur le site de l'AFTCC, association française des thérapies comportementales et cognitives). Dès la première séance, les choses se sont bien passées aussi je n'ai pas eu besoin de changer. Il est très important de se sentir en confiance et à l'aise !! Evidemment, j'ai expliqué que je venais pour une phobie au volant. je n'avais rien rapproché dans mon esprit entre mon passé et cette phobie.
Les séances sont de 30 minutes. la première séance, j'ai expliqué ce que se passait au volant, je veux dire concrètement. Ainsi que toutes les situations qui engendraient en moi du stress, de l'anxiété (j'étais sujette à l'anticipation anxieuse, je le suis beaucoup moins aujourd'hui !). la thérapie cognitive aide à analyser très réellement les situations et surtout à se rendre compte que nous créons nous-même dans notre esprit des pensées qui ne correspondent pas à la réalité ! Ces pensées naissent suite à des situations vécues mais mal jugées ou alors tellement traumatisantes qu'elles paralysent l'esprit et engendrent des réactions physiques incontrôlables. Par exemple, je pouvais sursauté si quelqu'un passait trop pres de moi !!!! avec une peur panique et c'est en en parlant et écoutant les paroles de ma psy que j'ai compris qu'il n'y avait pas de danger mais que je me mettais en alerte !!! c'est un système de pensées, celui que nous construisons, qui nous induit en erreur et nous empêche de voir les choses telles qu'elles sont, surtout celles qui ne sont pas "dangereuses" !. Avoir gardé en moi la violence reçue m'a empêché de réaliser que je n'étais pas coupable et surtout que je n'étais PLUS en danger !!! Aujourd'hui je retrouve une réelle sensation de liberté !!! Je refuse de la laisser s'échapper !!! je ne sais si j'ai été très claire :-) pardonnez moi encore les choses sortent un peu en vrac !! je continue à progresser, tout ne se fait pas en un coup de baguette magique et il faut avoir envie par soi-même d'y arriver !! La thérapie est juste une aide, le travail est fait à 95 % par soi-même !!! la fierté de soi !!! la confiance en soi !!! là est la clef !!! enfin à mon sens.
Merci encore de votre écoute !! comme cela fait du bien !!!! d'être sortie de la caverne !!!

Bonjour,
J'aime comment vous décrivez votre approche thérapeutique : l'espoir, l'envie, la volonté, l'investissement dans une méthode permettent de s'éloigner peu à peu d'un certain mode de conditionnement et de rompre avec un phénomène de répétition des symptômes. J'espère que d'autres personnes seront sensibles à vos déclarations et c'est pourquoi, je vous remercie de participer à notre rubrique, en nous autorisant à publier votre adresse e-mail "anonyme". Merci.
Cordialement,
Chantal POIGNANT

Bonjour Chantal,

oh merci de vos paroles !!! car vous savez, on ne se rend pas vraiment compte lorsque l'on travaille sur soi des progrès que l'on fait, et puis il faut être patient !!! cela aussi n'est pas facile, cela est si difficile parfois que l'on est tenté de tout arrêté ou alors on se dit "mais je n'y arriverai jamais !!!" parce que cela ne va pas assez vite !!! Mais pas assez vite de quoi ??? Nous avons tout notre temps !!! Tout notre temps pour être heureux !!! Cela fait une année que je me bats réellement, je veux dire concrètement, et les résultats commencent simplement maintenant ! Mais ils sont réels, je peux les palper, les apprécier et enfin me regarder dans un miroir la tête haute !!!
La thérapie cognitive est très concrète ! Elle est pour cela très différente des autres types de thérapie. D'ailleurs, il faut absolument que la ou le psychologue qui suit le travail, le propose en situation concrète, sinon, il faut se poser des questions quant à la méthode. En cognitif, on agit directement sur les situations et les comportements. Et cela prend du temps puisqu'il faut déconstruire les schémas de pensées naturellement et en douceur et surtout par soi-même. Le psychologue n'est là que pour se poser les bonnes questions et pour ma part, c'est après chaque séance que j'ai le plus travaillé. Je l'ai fait toute seule !! Elle est là la fierté :-) et aussi avec le soutien de tous ceux qui m'aime d'un vrai amour !! UN VRAI AMOUR !!! Plus de violence !!! Frapper une personne sous prétexte que l'on aime n'a aucun sens !!! D'ailleurs, cela sera sans doutes choquant mais celui (ou celle) qui frappe est malade et a besoin de soins psychiatriques. Mais cela n'est pas mon affaire ! Mon affaire à moi est de m'en sortir !!! Et je n'ai plus honte d'avoir été frappée ! Ce n'est pas à moi d'avoir honte ni de me sentir coupable ! Après 10 ans d'enfermement dans une "caverne" psychologique, aujourd'hui je savoure de nouveau la liberté d'être soi !
Merci à vous pour tout ce que vous faites !!
c'est avec un grand plaisir que je témoigne aujourd'hui, avec une envie de vivre et d'avancer et surtout de pouvoir aider si possible par ce témoignage d'autres femmes qui ont ou connaissent de terribles heures. Je pense que cette nouvelle étape dans ma vie est précieuse, elle semble logique pour moi, après la caverne, le soleil ! bien sûr je n'oublierai jamais, cela fait partie de mon histoire, de ma vie mais j'ai ouvert le tiroir dans lequel j'avais caché mes émotions, mes sentiments. Ce tiroir ouvert, c'est naturellement que j'ai cherché à vous contacter pour témoigner. De passive devenir active, cela est primordiale pour ne pas se sentir happer par la vie mais être maître de celle-ci. Et si tous nos témoignages peuvent être aidés alors cela vaut aussi la peine de se battre, de garder espoir et de foncer vers la joie ! Avec du calme, de la patience, de l'enthousiasme, je veux témoigner de mon histoire et je vous remercie encore de nous donner cette possibilité !!
Marguerite.Cerise@laposte.net

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