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La violence que je subis depuis toujours

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Mars 2008

Bonjour,
Si je me décide à vous écrire aujourd'hui c'est pour témoigner sur la violence que je subis depuis toujours. Je suis mariée depuis 30 ans et j'ai 50 ans. Au début de notre mariage mon mari était violent, il sortait avec ses copains, il allait au café et rentrait ivre et comme je n'étais pas d accord ou si je lui demandais pourquoi il sortait sans arrêt il me giflait ou me donnait des coups de poings. A ce moment là il ne me traitait que de "salope"Mais aujourd'hui la violence était devenue psychologique, car lorsque l'on se dispute je crie aussi fort que lui. J'ai toujours travaillé avec lui, nous avons eu de gros problèmes financiers, un procès qui n'en fini pas. Donc je me sentirai coupable de partir et de toute façon pour aller où. Je n'ai plus mes parents. Mon père et mes proches savaient ce que je subissais comme maltraitance et me conseillaient de partie , d'aller chez une de mes sœurs…et après j'aurais été où? Nous avons toujours des problèmes d'argent J'ai toujours menacé que j'allais partir mais ma fille me dit que je n'allais pas le laisser tout seul qu'il sera perdu sans moi. Il ne fait rien tout seul à part son travail, ne va jamais dans un magasin, n'achète pas ses habits, ni ses cigarettes. Il sort seulement aux beaux jours pour pratiquer son sport. Pendant cinq ans j'ai travaillé à mi-temps dans une autre entreprise en plus de mon travail avec lui. Mais j'ai était licencié il y a deux ans et je ne trouve pas de travail actuellement. Lors des disputes il me traite de tous les noms, je vous passe des insultes trop crues : je suis bonne à rien, si notre entreprise va mal c'est de ma faute, nous avons un commerce et je m'occupe de la gestion, il me traite de fénéasse, de grosse mor…, que je suis toujours avec mon gros c.., devant la télé, alors que ce n'est pas vrai, j'ai même entrepris de passer un diplôme BTS que j'ai obtenu.L'an dernier après une énième dispute il m'a dit qu'il n'avait pas besoin de moi, que je faisait ch…mêmes les enfants et qu'il comprenait mon patron pour m'avoir licenciée, que lui non plus n'avait plus besoin de moi ,alors qu'en fait j'ai été licenciée pour motif économique. Et un jour, j'an ai eu marre et j'ai fait ce qu'il ne faut pas faire : j'ai fait une tentative de suicide. C'est mon chat qui a alerté mon mari par ses pleurs. L'hôpital ne m'a pas suivi après car je leur ai dit que j'étais suivi par une psychologue d'un centre CMP. Et maintenant je voudrais partir de la maison mais je n'ose pas j'ai peur de me retrouver seule. Je n'ai pas d'argent, pas d'appartement et j'ai toujours ces idées dans la tête. Mais je pense à mon petit fils pour me les enlever.

Bonjour,
Votre aptitude à tolérer l'intolérable sur le long terme, trente ans, révèle autre chose que les raisons apparentes pour lesquelles vous dites être restée avec cet homme ; en effet, le commerce et les ennuis juridiques, s'ils sont des éléments non négligeables, ne sont pas pour autant des causes fondamentales qui expliquent votre lien de dépendance avec ce mari qui vous dévalorise, vous humilie, sans cesse.
Les causes de cette dépendance au lien qui abîme sont à rechercher dans votre personnalité, laquelle a été modulée par les expériences de l'enfance, du passé.
D'ailleurs, vous évoquez très bien votre crainte de la solitude, une certaine mélancolie, qui vous fait presque "préférer" subir cette situation d'esclavage plutôt que d'avoir à affronter les risques liés à une prise d'autonomie.
Bien sûr, les années se sont accumulées, la précarité économique fait peur et il vous parait difficile maintenant de tenter d'avancer vers l'affranchissement.
Et pourtant, même si ces motifs sont légitimes, vous savez au fond de vous que ce ne sont pas les causes profondes de votre soumission à cet homme, à cette situation, même si comme vous l'écrivez, vous avez des accès de colère et de rébellion, lesquels n'ont jamais débouché sur la mise en oeuvre d'autres perspectives.
Pourquoi ? Qu'est-ce qui, hormis les questions financières, vous a empêchée de partir ?
Vous me dites que vous vous sentiriez coupable de l'abandonner.
Serait-ce dire que vous vous estimez responsable de lui ? Pourquoi ?
Pourquoi ne tenez vous pas vraiment compte de vos désirs jusqu'à y renoncer complètement ?
Quelle est la fonction de cette capacité d'abnégation que l'on retrouve souvent chez les personnes victimes de l'emprise de leur conjoint ?
Qu'avez vous vécu autrefois, dans votre jeunesse, pour douter de votre valeur ?
Vous commencez à verbaliser votre ressentiment, arme de la révolte nécessaire ; c'est le signe aussi que vous avancez vers la conquête de vous-même, de ce "moi", qui se dérobait face à la réalité.
Vous évoquez toutes les difficultés qui vous empêchent de franchir la porte de sortie ; elles sont bien réelles mais de les mentionner peut vous aider à construire la séparation en passant par une sorte de rééducation de vous-même, de vos représentations.
Il n'est pas trop tard pour vous recentrer sur vous et réfléchir sur ces années vécues dans la culpabilité et peut-être le sentiment d'infériorité.
Vous pourriez vous exprimer auprès d'une association ou d'un professionnel afin de travailler à la réaffirmation de votre "moi" et aller vers une autonomie affective.
* http://www.sosfemmes.com/ressources/contacts_psys.htm
* http://www.sosfemmes.com/ressources/liens_psy.htm
* http://www.ajc-violence.org/
* http://www.solidaritefemmes.asso.fr/
Vous pourriez aussi trouver un hébergement dans un des centres d'accueil dont voici la liste :
* http://www.sosfemmes.com/ressources/contacts_chrs.htm
Et surtout, renseignez vous sur vos droits, dans un centre d'informations sur les droits des femmes ; ces centres ont un service juridique ; c'est gratuit :
* http://www.infofemmes.com/Adresses.html
Votre témoignage est exemplaire. Me permettriez vous de le publier, anonymement ou non ?
Cordialement,
Chantal POIGNANT
Conseil

Bonjour,
J'attendais avec impatience votre réponse, merci de tout cœur de m'avoir écoutée.
Je vous réponds donc. Dans ma jeunesse mes parents se disputaient tout le temps, mon père frappait ma père pour ensuite sortir (il la trompait) et nous le savions tous mes sœurs et frères. Ma mère ne me voulait pas ni ma petite sœur, nous étions les septième et huitième enfants. Elle racontait à qui voulait l'entendre que comme sa grossesse était très difficile le médecin lui conseillait de se reposer. Elle fit tout le contraire pour me perdre. Et je suis là!! Elle me le faisait remarquer très souvent. Pour l'école j'étais la seule qui réussissais mais j'ai du arrêter après un BEP, mes parents ne voulait pas que je continue. C'est aussi pour cela qu'à 50 ans j'ai entrepris un BTS. Ma mère est morte lorsque j'avais 20 ans et elle me manque, mon père est mort il y a dix ans et il me manque encore plus, pourtant j'ai encore toute mes sœurs et frères.
Voilà pour l'histoire de ma jeunesse.

Si je ne veux pas au fond de moi quitter mon mari ce que j'ai peur qu'il n'arrive pas à tenir son entreprise il ne sait pas gérer les comptes, il ne connait pas l'informatique. Il est très dépendant. Et je suis sûr qu'il demandera à nos enfants et ça je ne le veux pas. Je voudrais tellement trouver une solution. Peut être ai-je peur de la précarité, de perdre tout mon confort si peu soit-il. Et je n'ai toujours pas de travail alors que je cherche sans cesse. Je crois que cela mon mari en est conscient, je suis dépendante de lui. Il me dit aussi dans ses accès de colère qu'il m'entretient donc je dois la fermer et changer de comportement !!!Qu'il bosse lui ! Que personne ne l'aide dans son boulot, que je n'ai rien prouvé jusqu'à présent pour nous sortir de notre situation. Pourtant depuis 27 ans, j'ai toujours travaillé avec lui, nous n'avons pas de salaire puisqu'il est artisan. Et depuis 8 ans j'ai travaillé en plus à mi-temps dans une autre entreprise. Et là je perçois des Assedic. Il a dit à tout son entourage comme il est fier de la réussite de mon BTS. Et ma fille affirme que son père m'aime et que c'est l'alcool qui le rend comme cela. Lui est conscient de son problème d'alcool (il boit tous les jours mais n'est pas ivre). De toute façon il ne va jamais chez le médecin alors vous voyait!
Merci encore
Vous pouvez publier mon message avec mon mail rosa58@orange.fr

Certes, vous êtes peut-être dépendante de lui mais lui l'est tout autant de vous car vous me signalez bien qu'il a besoin de vos services pour l'entreprise.
Et il semble très bien savoir vous utiliser et vous culpabiliser ! Sans doute parce qu'il a connaissance de votre fragilité affective en rapport avec vos bleus de l'enfance et qu'il sait que vous êtes prête à aller jusqu'au bout de votre disponibilité, par votre propre conscience personnelle et professionnelle.
Attention cependant, à ne pas vous faire déposséder de vos droits et du fruit de votre travail car tant que vous lui êtes utile, il vous garde mais ensuite...
Vous devriez clairement poser à votre mari un ultimatum afin qu'il prenne la mesure de votre évolution psychologique et qu'il comprenne que vous pourriez fort bien inverser les rôles. Sachez que beaucoup de maris tyrans viennent à déprimer quand ils se sentent abandonnés !
N'oubliez jamais que vous avez vos ressources et votre savoir-faire.
Cordialement,
Chantal POIGNANT
Conseil

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