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Mes souvenirs sont-ils réels ?

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Mars 2008

Madame,
veuillez trouver ci-joint mon vécu passé et actuel. Vous y trouverez aussi certaines interrogations. Je vous autorise à mettre ce témoignage en ligne, ainsi qu'à publier mon adresse email.
Je n'ai rien à cacher et dans le cas où mes suppositions seraient fondées, avoir l'avis et les conseils d'autres personnes ayant un vécu similaire.
Merci d'avance de l'intérêt porté à ma demande,
Cordialement,
Liliane

Voici un petit résumé de mon parcours, et la situation dans laquelle je me trouve actuellement. J'ai dix-neuf ans, bientôt vingt. Je traîne une dépression depuis maintenant onze ans. Ma première tentative de suicide remonte à mes neuf ans. Pendant toutes ces années, j'ai entrepris plusieurs thérapies. Toutes, à court terme, ont été fructueuses. Associée à un traitement médicamenteux de plus en plus fort, j'arrivais à me sortir de ma dépression pendant quelques temps. Pour replonger un peu plus bas chaque fois. Nombre de problèmes ont été mis à jour et réglés, ainsi, une inversion des rôles et une relation fusionnelle avec ma mère ; une hypersensibilité et une hyperémotivité liée au fait que je sois surdouée (j'ai 146 de QI, tests faits avec des professionnels). De plus, depuis l'âge de trois ou quatre ans, je suis boulimique, m'amenant ainsi à un maximum de 140 kg il y a quelques mois, pour 1m69. Ces différentes thérapies, ajoutées à des recherches personnelles, à beaucoup de remise en question, à la confrontation au monde, m'ont permis de mettre à jour quelques "petits" dysfonctionnements autres que ceux cités précédemment : une mauvaise estime de moi, voire, dans les pires moments, un dégoût de moi, à m'en donner envie de me vomir moi-même, l'impression de n'être qu'un "gros sac de merde", comme mon frère me l'a si souvent répété. Une peur panique des hommes, du contact masculin, du "grand méchant loup" masculin. Je ne supporte pas d'aller chez le dentiste, il faut vraiment que la douleur soit intolérable pour que j'y aille, en ce moment même, j'ai une carie, et même un trou dans une dent, mais ce n'est pas suffisant pour me décider à y aller. Je ne suis allée qu'une seule fois chez un gynéco, et c'est ma mère qui m'y a emmené. Depuis deux ans, je prends régulièrement des rendez-vous, que j'annule toujours, pour une raison ou une autre. Depuis fin septembre, j'ai rencontré un homme formidable, premier homme que je laissai "m'apprivoiser", m'approcher, et me toucher. Nous envisageons d'emménager ensembles dès que ce sera possible. Sans rentrer dans les détails de notre vie intime, il a fallu s'y reprendre de nombreuses fois pour qu'il puisse "passer" au début. Bien évidemment, ce fut très douloureux pour moi, et chaque fois qu'il renonçait parce qu'il sentait bien que j'avais trop mal, je me sentais honteuse, coupable de ne pas réussir à le satisfaire. Quand nous nous sommes rencontrés, j'étais en première année à la fac. J'ai arrêté entre temps. Cause, rechute de dépression. De nombreuses tentatives de suicides ont eu lieu entre fin décembre et aujourd'hui. Dont une m'a conduite à l'hôpital, et une autre ce matin même. Depuis cette première tentative de suicide à neuf ans, et les prémisses de cette dépression, j'ai l'intime conviction d'avoir été violée. Ce n'était qu'une simple conviction, rien ne venait étayer cette sensation. J'en ai parlé pour la première fois à une amie à seize ans. J'avais beau fouillé dans mon propre passé, je ne voyais pas de moment où cela aurait pu arriver. Sauf peut-être chez le premier thérapeute que je suis allée voir, hypnotiseur, mais dans le temps, ça ne "collait" pas. J'avais le sentiment que c'était avant. Je me suis alors penchée sur le phénomène de transfert d'une génération à l'autre, et ai ainsi découvert que ma mère avait été violée, à deux reprises. J'ai alors mis tous mes problèmes sur le compte de ce transfert. Jusqu'à la semaine dernière. Une petite discussion avec ma mère, où je lui exposai pour la première fois quelle était l'ampleur que dégoût que je ressentais pour moi. C'est elle qui m'a ainsi mis sur la piste de sévices que j'aurai moi-même subi. J'avoue que cette simple discussion, qui n'a pas duré plus de quelques minutes, a ouvert une véritable boîte de Pandore. Au début, ce sont de simples souvenirs que j'ai commencé à voir d'un autre oeil. Un jour, je devais avoir trois ans, c'est mon père qui m'a fait prendre ma douche. Suite à cette douche, j'avais très mal, ça me brûlait, au point que je ne tenais pas assise pour le repas. Ma mère a mis ça sur le compte du savon employé, et m'a relavée, mais je me souviens que ça n'a pas calmé la brulûre. Il s'agit de la même brûlure que je ressens aujourd'hui à partir du moment où mon compagnon met un préservatif. (Allergie au lubrifiant, mais encore une fois, je redoute d'aller chez le gynéco, pour me faire prescrire la pilule).Une autre fois, j'attendais, habillée, sagement assise sur le canapé que mon père finisse d'accrocher les tableaux aux murs, pour faire un jeu avec lui. Puis, j'ai un trou, et je me revois dans ses bras, en pyjama, bizarre, pas bien. Je n'ai pas d'autres mots pour décrire l'état dans lequel je me trouvai à ce moment-là. Mercredi soir, alors que nous étions, mon compagnon et moi-même, dehors en pleine nuit pour observer l'éclipse de lune, je me suis endormie dans la voiture, emmitouflée dans la couette. Je me suis réveillée en panique, des années en arrière, seule et vulnérable, dans les bras de mon père. J'ai eu beaucoup de mal à revenir à la réalité. Avant-hier, j'ai fait une crise de panique. Un flashback terrifiant. Je me revoyais petite fille, enfermée dans une pièce (floue, que je n'arrive pas à identifier), à l'écart, serrant un jouet (peluche ou poupée, je ne sais pas), terrorisée. Voyant une silhouette floue, non identifiable, s'approcher de moi, sachant que l'inéluctable va se produire (quoi exactement, je ne sais pas). Entendant ces mots, prononcés d'un ton suave et mielleux "tu es en sécurité ici. Personne ne te fera de mal. Je ne te fais pas de mal, moi, si ?"Le lendemain matin, j'ai refait une crise similaire, précisant un peu ce souvenir. Dans le cadre de ces crises, je ne supporte absolument aucun contact physique, pas même le chien ou le lapin, et je crois que je deviendrai hystérique si quelqu'un essayait de me toucher. Je suis paniquée, et je me tétanise, dans une région allant de la taille aux genoux. Au point d'en avoir des courbatures. Petit à petit, à force de patience, de calme, de douceur, mon compagnon arrive à me prendre la main, puis à me serrer contre lui. Cette nuit, envers et contre tout, j'ai voulu essayer de faire l'amour avec lui, lui demandant d'être doux et patient (chose inutile d'ailleurs, je n'ai pas besoin de le demander pour que ce soit le cas), et la promesse qu'il arrêterait à n'importe quel moment si je le lui demandais. Au début, c'est relativement bien passé. Je devais faire un effort de volonté et me dire "C'est lui, je l'aime, et je le veux aussi". Par moment, je me suis crispée, et tendue, mais j'ai réussi à me replacer dans l'ici et le maintenant, avec lui. Jusqu'au moment où il a mis le préservatif, et où j'ai ressenti la brûlûre habituelle. Et je me suis complètement contractée, cherchant à simuler pour qu'il "prenne son pied" le plus rapidement possible et que ça finisse, me "détachant" de mon corps. Et retrospectivement, je me rends compte que c'est comme ça depuis le début. Seulement, hier soir, il était particulièrement attentif, et j'étais trop mal pour pouvoir simuler efficacement, et il a décidé d'arrêter. Je me suis sentie terriblement coupable, honteuse de l'avoir empêché de "prendre son pied". Ce matin au réveil, j'avais cette honte et cette culpabilité, et cette phrase : "ça fait partie des règles du jeu, tu n'as pas le droit de refuser. Ce sont les règles du jeu" Ceci entraînant un malêtre et une souffrance intolérable, me conduisant à vouloir mettre fin à mes jours une fois de plus. Je voudrais savoir si je deviens dingue et que ce n'est que le pur produit de mon imagination, ou si ce sont de réels souvenirs enfouis qui émergent à la surface de ma conscience, auquel cas, je voudrais savoir quel est le salaud qui m'a ainsi détruite. Dans le cas où ce serait effectivement mon père, je n'arrive même pas à envisager que cela soit possible.
Merci de votre réponse et de l'aide que vous pourrez m'apporter.

jacquot.liliane@netcourrier.com


Bonjour,
Il est possible que ce soit des souvenirs traumatiques qui reviennent à la surface mais je me garderai bien de l'affirmer.
Seul un véritable travail thérapeutique pourrait vous aider à faire la part des choses entre souvenirs et fantasmes.
Et il serait déraisonnable et dangereux de ma part que je vous oriente vers telle ou telle hypothèse : vous trouverez votre vérité dans un travail soutenu avec un professionnel.
Cependant, je vous prie de prendre connaissance de ces pages :
* http://www.sosfemmes.com/violences/viol_consequences.htm
* http://www.sosfemmes.com/violences/viol_abus_sexuels.htm
Je retiens votre demande de publication mais je vous recommande néanmoins la plus grande prudence par rapport à votre désir bien légitime de comprendre et d'interpréter votre ressenti ; faites confiance à un professionnel !
Cordialement,
Chantal POIGNANT
Conseil

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