[page d'accueil] [retour messages, FAQ et réponses] | @

Message ou FAQ

 

Enfin, toute cette histoire va se terminer

Email en pied de message
Février 2008

Bonjour, j'ai publié sur le site de SOS Femmes Accueil en janvier 2003 (message n°53 cela aurait pu vous arriver), puis un autre message le 17 décembre 2003 (message n°81) et je voudrais aujourd'hui déposer un dernier témoignage quant à mon histoire.
Voilà un résumé de mon histoire.
Cela s'est passé il y a 7 ans maintenant, durant l'été 2000 date de la rencontre fatidique et s'est terminé en juillet 2001, quand j'ai voulu mettre fin à mes jours pour pouvoir enfin lui échapper. De cette rencontre est née une histoire d'amour, mais cette idylle amoureuse s'est rapidement transformée en un véritable cauchemar : mon ami, amant et compagnon a révélé sa véritable personnalité - il est devenu mon tortionnaire et mon bourreau. Il a tissé sa toile petit à petit et a fait de moi sa prisonnière : il critiquait mes amis, mes collègues, ma famille, ma façon de m'habiller, de me maquiller, de me coiffer, ma coupe de cheveu, ma couleur. D'un carré court frisé, je suis passée à une coupe à la garçonne blonde platine, puis je suis passée au roux. Je ne voyais plus mes amis, je m'éloignais de plus en plus de ma famille et j'évitais tout contact avec mes collègues. Nous nous téléphonions sans arrêt (portables, fixes maison et bureau) - au départ j'en étais ravie, puis à la longue, je n'avais plus le choix - plus les sms ! Il m'a désorganisé totalement dans ma vie de tous les jours : on ne dînait jamais avant 22h00 et on ne se couchait jamais avant 2 ou 3h - je me lève à 6h00. Tous les soirs sans exception il fallait prendre un apéro pour que l'on se détende soit disant. Il était sans emploi et ne faisait absolument rien du tout dans l'appartement : ni ménage, ni vaisselle pas même le lit. Je m'occupais de tout cela en rentrant du travail. A un moment donné, il ne vivait pas encore chez moi et avait des problèmes d'argent que j'ai en partie régler, et puis par la suite, comme il avait toujours des soucis d'argent et qu'il devait partir en déplacement, je lui ai passé mes cartes de crédits (que je n'ai jamais récupéré par la suite).A l'emprise psychologique s'est ajouté l'emprise financière : c'est paradoxal mais ne disposant plus de mes moyens de paiement alors que j'étais la seule à travailler, il fallait que je lui demande de l'argent !!!! Il m'est arrivé souvent de ne pas avoir un sou en poche, notamment durant sa semaine de déplacement ou j'étais obligée des fois de ne pas manger le midi pour pouvoir m'acheter mes cigarettes.Et tous les jours il me prenait la tête (parfois réellement quand il m'a étranglé), il m'humiliait, me rabaissait plus bas que terre, et cela même durant les rapports sexuels forcés : il me traitait de tous les noms, me frappait et quand je lui demandais d'arrêter, il continuait de plus belle. A titre d'exemple j'ai été admise aux urgences pour une déchirure vaginale (il m'avait enfoncé le poing dans le vagin), j'ai eu une dizaine de côtes de cassées à cause de ses coups de poings et coups de pieds. J'étais pratiquement tout le temps en arrêt maladie : épuisée physiquement et moralement, je n'arrivais plus à réfléchir. J'avais peur de rentrer chez moi et de me retrouver seule avec lui, même lorsqu'il venait me chercher au travail, j'avais peut d'être seule avec lui en voiture (il avait un pied de biche, une grosse chaine et un gros cadenas dans la boîte à gants et j'ai toujours pensé qu'un jour il s'en servirait).Durant l'été 2001, il m'a tellement battue que j'avais les bras et les jambes couvertes d'hématomes (mes jambes et mes bras étaient noirs - d'ailleurs j'ai eu de la fièvre à cause de ça jusqu'au mois d'octobre), je suis allée chez mon médecin afin de me protéger par rapport à mon travail, et chose étonnante cette fois là il n'est pas venu avec moi (alors que normalement je n'étais jamais seule, il venait toujours avec moi, pour bien vérifier que je ne disais rien). Toujours durant cette période un autre soir ou il était en crise, il m'a étranglée : j'ai repris connaissance parce qu'il ma mis des allers-et-retours. J'avais déjà tenté à cette époque de mettre fin à mes jours en prenant des cachets, mais cela n'a pas eu l'effet que j'escomptais. Puis j'ai cessé de m'alimenter, je n'avais pas faim - mais cela ne l'empêchait pas de me forcer à boire. J'ai refait une tentative de suicide cet été là, j'ai pris des cachets alors que nous étions au restaurant - il me laissera pratiquement 24 h sans aucun soin, pour me fera hospitaliser dans une clinique sur Paris, puis me fera transférer dans un hôpital près de chez moi. Il ne viendra me voir que 3 jours plus tard, et profitera de mon hospitalisation pour déménager ses affaires. Et oh surprise à mon réveil aux urgences, je constate que j'ai le visage couvert de bleus, il m'a soi disant mis des petites claques pour me réveiller. Et je ne parle pas de ma situation financière parce que pour éviter les coups je lui achetais tout ce qu'il voulait - et pour m'aider financièrement un soir de mai 2001 il me dira très gentiment " tu sais bébé, si tu as des problèmes de tunes, ça peut s'arranger tu sais, je peux t'amener des mecs, c'est pas un problème ". Il me conduira aussi à plusieurs reprises dans des clubs échangistes, me harcelant pour que je fasse des trios, ou toute autre chose avec un ou une ou des partenaires. Mais heureusement pour moi j'avais encore des moments de lucidité et j'ai su dire non, et ne pas lui céder. Il m'a aussi obligée à me faire tatouer ses noms et prénoms sur tout le corps, j'étais sa chose.J'ai tenté plusieurs fois de répondre à ses coups, mais après il me tapait toujours plus fort, donc je n'ai plus répondu, je le laissais faire ……..
J'ai publié un second témoignage en décembre 2003 - Message 81 - ou je craque parce que je suis en plein dans l'instruction avec tout ce que cela comporte (expertises, contre expertises, enquête de personnalité, confrontation…..).Aujourd'hui, 7 ans après les faits et 2 ans après la clôture de l'instruction, les faits n'ont pas été requalifiés, il est toujours accusé de viols, viols aggravés, acte de barbarie et violences sur concubin, et sera jugé devant la cour d'assises.Je vais mieux maintenant, après avoir été anorexique, sous antidépresseurs, anxiolytiques…….. Mais j'ai eu des moments très difficiles tant sur le point physique et psychique - le fait de se réapproprier son corps - et financier - j'au du résorber toutes mes dettes, vendre mon appartement et entreprendre toutes les démarches - à une époque je ne pesais plus que 50 kg, anorexique, shootée aux médicaments et je faisais du sport à outrance……..Sauf que moi qui pensais avoir oublié un peu cette histoire, et bien non je n'ai rien oublié du tout, j'avais mis cela de côté et là sachant que la fin approche, tout me revient en tête, comme si c'était hier.
Pour conclure, je dirais que même si la procédure est longue, il faut porter plainte, et partir dès les premiers signes de violences sauf que parfois, tout est tellement ambigu (harcèlement moral, emprise), on ne réagit pas, on reste et tous les jours c'est de pire en pire. Je n'ai pas pu partir quand il était temps, parce que j'étais déjà sous son emprise (j'étais responsable de sa situation, tout était de ma faute, et les coups je les méritais, c'est ce qu'il me faisait croire - et je l'ai cru pendant longtemps).

khuprus@hotmail.fr

[page d'accueil] [retour messages, FAQ et réponses] | @