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Reconnu coupable après 13 ans

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Décembre 2007

Bonjour,
J'ai 26 ans, j'ai été victime de plusieurs agressions sexuelles en 1994 (j'avais 13ans) par un professeur du collège, j'ai brisé le silence après un entretien thérapeutique au cours duquel on m'a conseillé de porter plainte. Je l'ai fait en 1999 (j'avais 18ans). Mon histoire avait été découverte par ma famille en 1994 et ce sont les arguments des gendarmes qui m'ont poussée à supplier ma mère de ne pas porter plainte ! J'étais alors remplie de culpabilité et de honte. Eux ne me croyaient pas. Ils annonçaient un examen gynéco, une enquête au collège auprès de TOUS les élèves, ils ont essayé de me dissuader croyant que je mentais !Les conséquences directes : mes parents m'ont interdit de m'approcher à moins de 2 m de la gente masculine, et de sortir dehors les cheveux attachés désormais. La culpabilité a commencé ici !Le chemin a été long, j'ai commencé par prendre 10Kg, je me suis coupé les cheveux, je suis devenue une petite rebelle (sage) et j'ai procédé à plusieurs tentatives de suicide. J'avais 14 ans. Alors que tout le monde semblait vivre normalement, moi j'avais cette boule au ventre…et je voulais en finir…puis les années ont passé. A 18 ans je suis allée consulter une psy relativement à mes problèmes sexuels, on a fini par parler de mes agressions...elle m'a conseillé de porter plainte. Je me suis rendue dans une gendarmerie, et j'ai trouvé des oreilles attentives qui m'ont écoutée et soutenue. Pour la première fois on me déculpabilisait. ça m'a fait du bien de vider mon sac, mais je ne savais pas si ça aboutirait. De 1999 à 2003, pas de nouvelles de la Justice...en fait j'avais déménagé et je n'ai pas prévenu, mon dossier a eu du mal à suivre...En 2003, les gendarmes débarquent chez ma mère pour me transmettre une convocation chez un expert psychiatre. Je fais des études à l'étranger, je rentre illico et je rencontre un gendarme de la brigade de ma nouvelle ville qui me dit avoir trouvé mon dossier un peu laissé à l'abandon, avec une ferme volonté de le soutenir. Il m'envoie donc chez un expert psychiatre pour voir "si je dis la vérité". Et rebelote, RV à 7h le matin pour vider un sac pesant ! L'expert n'est pas censé savoir pourquoi je suis là, mais je ne peux m'empêcher de tout ramener à mes agressions tant les conséquences sont lourdes. Il me conseille d'entreprendre une thérapie sérieuse. En 2004, un avis d'audience au Tribunal Correctionnel. Enfin, la première audience !!! ...dans trois mois. Et boum, je me pointe à l'audience et on m'annonce que mon agresseur n'est pas présent, introuvable...disparu, l'audience est reportée 9 mois plus tard...Je rentre chez moi, je fonce sur Internet pour retrouver une trace...que je finis par trouver, j'écris à mon avocate puis donc au procureur pour leur transmettre les nouvelles coordonnées de mon agresseur, histoire d'accélérer l'affaire. Thérapie à moitié, médocs, TS...la totale, je me coupe les cheveux, je me décolore...une véritable mutilation...9 mois plus tard...2ème audience...toujours pas là...son expertise psy n'étant pas prête, il n'est pas venu...on reporte à 3 mois...J'attrape une tondeuse, et vlan ! Je me rase complet, je ne me supporte plus, je me sens coupable !!!Je tente par 2 fois de disparaître.2005 - Troisième audience, je vis le face à face le plus éprouvant de toute ma vie, des flots de larmes s'échappent de mes yeux, je tremble, je peine à le regarder.. et il acclame son innocence !!Et pourtant là, l'avocat général lui reconnaît les torts. Je suis publiquement reconnue comme une victime. Jugement rendu qlq mois plus tard qui confirme mon ex professeur et agresseur comme coupable, condamné à du sursis et des amendes. Puis il fait appel ! Je suis outrée de voir qu'il insiste. C'est en novembre 2007 que la dernière audience se tiendra en appel. Une confrontation tout aussi difficile pour moi, mais où les faits sont Là, 13 ans après !!! Et il est reconnu coupable dans les mêmes termes que précédemment avec majoration de l'amende, et surtout...inscription au FJAIS, qui l'empêcheront définitivement d'exercer des professions en contact avec les enfants, les jeunes, ou d'exercer dans la fonction administrative ! Et ça, croyez-moi, ça a été une libération pour moi. Voir enfin que je n'aurais pas été la seule à morfler, et voir que d'autres victimes éventuelles seront épargnées. En tout cas dans le monde professionnel. Alors j'ai longtemps pensé que la justice ne faisait pas son travail, mais malgré des imperfections, dans ce genre d'affaire où l'on a peu de preuves, la justice se fie au temps...j'encourage toutes les personnes dans l'attente à être patientes, car la roue tourne !Et je remercie la justice de m'avoir respectée. Mais voilà...je ne vais pas mieux en moi...et en me baladant sur le Net j'ai trouvé l'assoc SOSFA, dont le site m'a transmis des infos sur les conséquences de ce que j'ai vécu. ça m'a donné envie de témoigner dans un premier temps, pour donner de la force à celles qui comme moi attendent dans le froid...et les conséquences que j'ai lues m'ont mis la puce à l'oreille car je me suis reconnue dedans et j'ai compris qu'il fallait de nouveau raccrocher avec une thérapie pour gérer l'après...
J'ai un milliard de doute aujourd'hui bien que cette affaire soit jugée, reconnue et bouclée.

EJ.

Merci pour votre réactivité et votre soutien !Bien sûr, vous pouvez publier mon témoignage et mon adresse...c'est un pseudo.
Et encore bravo pour votre site, votre implication...je me suis sentie seule pendant si longtemps !
A bientôt.

erika.joubert@laposte.net

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