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J'aimerais pouvoir échapper à son fantôme

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Novembre 2007

Bonjour,
J'ai eu votre adresse par le site de l'avac. je suis etudiante et j'ai 28 ans.J'ai eu l'occasion de faire partie du groupe de paroles pour femmes il ya 5 ans. Je suis restee un an, j'ai aussi fait une therapie individuelle que j'ai terminé en juin. J'ai fait du chemin depuis que ma premiere seance. Je me sens mieux mais il ya des jours comme aujourd'hui où vivre avec ce poids est difficile. Je fais ce que je peux mais j'ai envie de m'enrouler dans une couverture et de me cacher sous mon lit comme je le faisais comme j'etais petite pour pouvoir lui echapper. aujourd'hui, j'aimerais pouvoir echapper à son fantome, à ces souvenirs qui remontent de temps en temps. ce sont des details qui font que les scenes depuis plus claires, comme en couleur et je vois le deroulement. je viens de "decouvrir" que ca a commencé pendant la periode de noel. Ca a toujours ete la periode pendant laquelle je me sens le plus mal. je suis mal pendant 2 semaines. J'habite en Suede maintenant et l'idee de devoir rentrer "chez moi" en france m'a donne des crises d'angoisse et je ne sais pas pourquoi, tout m'est reapparu. comme un boomerang que l'on se prend dans la figure, une evidence. Je voudrais pouvoir echapper à ces souvenirs. Je me sens demunie, desemparee, sans defense. J'ai l'impression de ne pas avoir d'endroit où me cacher. Je vous ecris car je n'ai pas d'autre endroit où deposer ce que je ressens. je me sens seule dans ces moments. ca me demande tellement d'energie de lutter...je ne veux surtout pas retomber dans la depression et le mal-être que j'ai connu pendant plu de 20 ans.mais c'est tellement dur. je vous ecris par que j'ai besoin de soutien et que l'on me dise que ca ira. je pense que ma therapie m'a donne les bases suffisantes pour ne pas sombrer mais c'est dur, tres dur. de penser que je vais avoir ce poids toute ma vie me donne envie de pleurer pendant des heures. j'essaye de ne pas me detruire avec les questions pourquoi moi et tout. je fais juste ce que je peux. je suis celibataire et je ne parle pas de ce combat avec mes amis, j'en parlais juste avec ma psy, alors je me sens un peu seule.
merci de m'avoir lue,

Bonjour,
Ce fantôme est encore bien vivant dans votre esprit mais l'est-il en réalité ? Avait-il une complice, des complices qui sont restés muets?
Si oui, la confrontation avec le ou les adultes toxiques de votre enfance sera peut-être réparatrice : "ce que l'on ne renvoie pas à l'expéditeur, on le fait suivre... Si vous ne venez pas à bout de votre peur, de votre colère envers vos "parents", vous allez transmettre tout cela à vos enfants".(Suzan Forward in
Parents toxiques, comment se libérer de leur emprise, 2004).
Votre agresseur est-il toujours dans le déni de ce qu'il vous a fait subir ?
Avez vous été reconnue en tant que victime ?
S'il y avait éventuellement une confrontation, imaginez vous qu'il puisse exprimer des regrets, des remords ?
Quand vous dites "l'idée de devoir rentrer chez moi", avez vous l'intention véritablement de rentrer chez vous, chez eux, et pourquoi ? Qu'attendez vous de ce retour ?
Ce retour pourrait effectivement être le dernier acte symbolique et, après cette confrontation, peut-être trouverez vous la force de vous extraire du poids du passé et d'écrire une autre page de votre vie.
Mais vous ne devez pas effectuer ce retour toute seule.
Seriez vous accompagnée ?
Cordialement,
Chantal POIG
NANT
Conseil

J'ai parlé avec mes parents de ce qui s'etait passé , il ya 5 ans, car il s'agissait d'un de leurs "amis". J'ai l'impression de m'etre usee à leur demander des explications qui ne viendront jamais. Mon pere que je vois rarement fait comme si je ne lui avais rien dit, il m'a juste dit que ce n'etait pas de ma faute. Il a toujours été comme ca et je pense que c'est une perte d'energie que d'essayer encore et encore de lui faire dire qu'il est desolé. ma mere fait, je crois, ce qu'elle peut pour me soutenir même s'il a fallut que je lui tourne la tete pour qu'elle regarde tout la souffrance que je ressentais. C a été des années de disputes pour qu'elle reconnaisse que j'etais malheureuse. je me sens mieux depuis que je suis loin d'eux car au moins j'attends moins d'eux, je construis ma vie en dehors d'eux, de ma famille dans laquelle je n'ai jamais reussi à trouver ma place. ici, en Suède, je me sens beaucoup mieux et j'ai vraiment l'impression que ma vie compte pour les gens qui m'entourent. Je ne sais pas ce que fait mon agresseur en ce moment et j'avoue qu'en ce moment je ne veux pas savoir. Il est à des milliers de km en Afrique et je n'ai pas encore envie de m'user et perdre des annees. A l'heure actuelle, je sais juste qu'il faut que j'arrive à avancer sans attendre quoi que ce soit d'autre, je sais que j'ai longtemps conditionné mon bonheur à cela. mes parents sont comme ils sont et ils ne vont pas changer. Je n'ai pas la force de me lancer dans une quelconque bataille car je sais que je serai seule à la mener, la seule à en patir. Je ne vais pas rentrer "chez moi" pour les vacances, ce n'est plus ma maison. je pense que j'aurais besoin d 'y retourner une derniere fois mais je ne me sens pas prete pour le moment, peut-etre l'année prochaine.

Bonjour,
Il me semble effectivement que vous n'êtes pas prête, pas prête, surtout, à accepter le fait que vos parents n'aient pas le courage de vous reconnaître comme victime d'un acte qu'ils ont eux-mêmes peine à se représenter, peut-être parce qu'ils ressentent une certaine culpabilité d'avoir amené le "loup dans la bergerie", pas prête non plus à accepter le constat qu'ils ne peuvent avoir pour vous une fonction d'étayage, pas prête à admettre qu'ils sont "impuissants" comme ils l'étaient, déjà autrefois, à vous protéger.
Vous allez devoir renoncer à leur "reconnaissance" pour vous reconnaître vous-même dans les valeurs qui vous fondent et vont vous porter ; vous allez prendre le défi de vivre et d'exister en fonction de ce que vous êtes et de ce que vous désirez et non plus en fonction des besoins et capacités de votre entourage familial.
Vous allez devoir mettre de la distance par rapport à vos parents, non pas parce que l'amour n'est pas là mais parce que la relation avec eux est devenue impossible car elle va à l'encontre de ce qui est bon et vivant en vous, pour seulement se "glisser dans vos fissures" qu'elle ravive sans espoir de les colmater.
Vous allez devoir trouver votre propre chemin pour penser et "panser" vos blessures parce que vous savez que vos parents n'ont pas les capacités actuellement à vous réparer puisqu'ils n'acceptent pas de se représenter réellement vos blessures.
Couper une relation peut lui donner l'occasion de se transformer ; il faut parfois en prendre le risque pour renaître.
Quand vous aurez fait le deuil symbolique de parents protecteurs et réparateurs, vous pourrez revenir vers eux.
J'aimerais pouvoir publier votre témoignage, anonymement ou non, avec votre e-mail ou non ; il est très significatif et pourrait aider nombre de personnes.
Me le permettez vous?
Cordialement,
Chantal Poignant

C'est vrai que j'ai encore du mal à accepter que me parents ne seront pas des parents comme j'aimerais qu'ils soient. Grandir et evoluer en dehors d'eux. C'est difficile. C'est pour cela que le fait d'etre si loin m'aide en quelque sorte. J'ai ma vie d'adulte en dehors d'eux, mais quand je leur parle au téléphone et que je me sens triste, j'aimerais qu'ils me consolent comme des parents pourraient ou devraient savoir le faire. C'est dur de se dire qu'ils ne peuvent pas regarder à ce qu'à été ma vie pendant toutes ces années, de s'imaginer ce que ca été de commencer la thérapie toute seule. Chaque fois que je rentrais du groupe de parole, je souhaitais que quelqu'un me demande oú j'avais été, mais la question n'est jamais venue. Ce silence entre eux et moi laisse la place à beaucoup de questions, sur ce qu'ils ont percu pendant cette periode. Je me sentais tellement seule quand j'etais petite. Je n'arrive même pas à concevoir comment on peut passer à coté de tout cela ...
Mais je m'accroche à la vie que j'ai ici. Je l'ai construite de toutes pièces. J'ai trouvé mon université, un appartement, j'ai travaillé pour tout cela. J'arrive à me construire un cercle de personnes avec qui je me sens bien.
Venir en Suède était mon rêve quand j'étais petite, je regardais les photos en me disant qu'un jour je serais dans une endroit où personne ne m'ennuierait et oú je me sentirais libre et heureuse. Je combats toujours mes demons mais je me bien ici, je connais des moments de paix et de bonheur comme jamais je n'en ai connu auparavant. Mon désir de vivre et d'être heureuse est plus fort.
Si vous pensez que mon témoignage peut aider, vous pouvez le publier avec mon prénom mais sans mon e-mail si cela est possible.
Merci pour votre aide,
Cordialement,

Bonjour,
Je crois que nous nous sommes bien comprises ; il vous reste effectivement à faire le "deuil" de cette relation qui n'a pas été aussi "contenante", étayante, que vous l'auriez , à juste titre, souhaitée ; vos parents ont peut-être, eux-mêmes, des failles qu'il leur est impossible de dépasser mais vous avez raison de vous en être éloignés et d'avoir puiser dans vos ressources personnelles cet "appétit" de vivre.
Oui, votre témoignage est important et je respecterai votre souci de discrétion.
Merci de votre autorisation.
Si vous avez, par moments, des "coups de blues", re-contactez moi ; écrire fait du bien.
CP

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