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Je n'ai que quelques fragments de souvenirs

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Septembre 2007

Bonjour.

J'ai subi des agressions sexuelles répétées dans mon enfance par un ami de mon frère, quel âge j'avais? je ne sais pas, peut être 9 ou 10 ans, qu'est ce qui s'est passé? je ne sais pas, j'ai le souvenir des simulations mais est ce que j'ai été violée? j'ai le souvenir qu'il me demandait de lui faire des fellations mais est ce que je l'ai fait? Combien de temps ça a duré ? une semaine ou un mois ? je dirais une éternité. Je n'ai que quelques fragments de souvenirs, peu d'images et surtout des sensations, depuis 4 ans j'essaie de reconstituer seule mon histoire car personne n'est au courant. Je me souviens bien des certains moments, il m'embrassait, me plaquait contre un mur ou m'allongeait sur le lit, il me semble qu'on était parfois habillés, parfois nus, mais que s'est il passé … Viols ou non, je n'arrive pas à l'accepter, ça ne peut pas être possible, pourquoi un garçon de 15 ferait ça, comment cela aurait il pu arriver, alors qu'on était soit chez moi, soit chez lui… J'aimerais me souvenir, être sure de ce qui s'est passé, pourquoi peut on douter autant ? Quand je regarde ma vie, alors que j'ai a peine 18 ans, tout est confus, mes souvenirs s'effacent peu à peu, d'abord l'école primaire, puis le collège, maintenant ma première année de lycée commence à disparaître, c'est comme si je n'avais jamais existé. Et je n'arrive toujours pas à savoir si ça a vraiment existé, pourtant le contraire me paraît encore plus improbable, je ne peux pas avoir inventé, je ne peux pas souffrir autant aujourd'hui sans que rien en soit passé. Je n'arrive plus à sortir de cet état, je m'isole, j'ai peur de l'avenir, je n'ai envie de rien, et surtout je me sens condamnée, condamnée à errer dans cette souffrance vague et omniprésente, j'ai le sentiment que je ne saurais jamais la vérité, que je n'arriverai jamais à trouver de solutions, à m'en sortir. J'ai 18 ans, la vie devant moi, et tout ce que je souhaite est de m'endormir pour ne plus me réveiller.

La raison pour laquelle j'écris aujourd'hui est mon incapacité totale à pouvoir parler à mon entourage, le principal obstacle étant, je pense, ce doute que je n'arrive pas à lever et ma difficulté à accepter ces souvenirs comme étant vrais, mais le sont-ils vraiment ? Est il possible d'avoir oublier ces événements ? Je n'ai commencé à m'en rappeler qu'à partir de la 4e, alors qu'on étudiait la sexualité. Depuis, j'ai essayé de reconstituer le passé, de comprendre la personne que je suis devenue, mais en même temps j'ai tellement voulu oublier, minimaliser les faits, que je ne sais vraiment plus où est la part de vérité entre ce que je me rappelle et ce que j'ai pu reconstituer…
Le site SOS femmes m'a permis de comprendre un peu mieux certaines choses. Je ne sais pas si j'ai donnée suffisamment d'informations, si j'ai été assez claire, mais si cela est possible j'aimerai avoir des conseils pour arriver à en parlez, je sais qu'il y a des personnes autour de moi en qui je peux avoir confiance, mais je n'arrive pas à franchir ce cap, je ne sais pas comment le dire car finalement je ne sais pas ce qui m'est arrivée…

je vous remercie beaucoup de votre attention.

Bonjour,
Je suis vraiment désolée ; comme beaucoup de personnes, vous n'avez pas vu que j'étais absente pour mes congés annuels (indiqué sur la page d'accueil) et les messages se sont accumulés d'où le délai de réponse.
Si vous avez consulté notre site et notamment ces deux pages :
* http://www.sosfemmes.com/violences/viol_consequences.htm
* http://www.sosfemmes.com/violences/viol_abus_sexuels.htm
vous avez sans doute compris que ce que vous ressentez est parfaitement "compatible" avec des attouchements sexuels voire des viols, dont vous refoulez intensément le souvenir au fond de votre mémoire, à la limite de votre conscience, mais que la force de ces souvenirs fait qu'ils parviennent néanmoins à se laisser percevoir, d'où les troubles que vous éprouvez, le sentiment de ne pas trouver votre identité, les repères flous, l'impression de ne pas être vraiment là. Tous ces symptômes expriment le conflit qui se joue en vous, entre votre désir de vérité et la peur de cette vérité, alors votre "moi", dans une sorte de mécanisme de défense, fuit mais est rattrapé par l'angoisse.
Je me demande où vous en êtes maintenant et si vous avez avancé vers un processus de dévoilement.
Vous pourrez difficilement suivre un cheminement toute seule ; un soutien psychologique vous sera certainement profitable ; voici des adresses :
* http://www.sosfemmes.com/ressources/contacts_psys.htm
Cordialement,
Chantal POIGNANT
Conseil

Bonjour,
Je vous remercie de votre réponse et m'excuse de mon retard. Malheureusement je suis déjà allée voir deux psychologues, la première fois je suis allée à deux séances, la deuxième à quatre séances, ces deux tentatives se sont révélées être des échecs pour moi, difficultés à aborder le sujet puis à en parler, ce que j'arrive à écrire je n'arrive pas à le dire, je me renferme aussitôt sur moi même et préfère tout renier, d'autant plus que la dernière psychologue semblait ne préter aucune importance à ces faits et s'attardait sur mes relations familiales que je juge largement secondaire et qui je pense ne sont qu'une conséquence. J'esperais profiter de l'été pour me prendre en main et régler sérieusement ce problème mais une fois de plus je ne suis pas arrivée à faire les démarches, j'ai peur d'un nouvel échec, de ne pas réussir à briser ce silence oppressant, pourtant plus le temps passe, plus cela risque de devenir difficile. Je m'imagine souvent des dialogues avec des ami(e)s, essayant de trouver la meilleure façon pour moi d'aborder le sujet mais le moment venu les mots se bloquent dans ma gorge, les sanglots remontent et je suis totalement incapable de parler, ou alors en parle très froidement, très brièvement comme si cela n'avait aucune importance. Je suppose qu'il n'y a pas de solution miracle, que le premier pas dois venir de moi, que tant que je n'arriverai pas à faire cet effort rien ne pourra s'améliorer mais je n'arrive vraiment pas à franchir la barrière de la voix.

Bonjour,
Pourtant cette barrière de la voix, comme vous l'écrivez, devra être franchie, ainsi que celle du regard : elles témoignent de la "relation thérapeutique" qui se met en place et qui débute par un réel apprentissage thérapeutique, lequel comprend une série de processus dans le temps et l'espace, tels : donner des infos, interpréter, expliquer, proposer des "modèles" mais aussi, suivant la thérapie, des sortes de confrontation, des exercices, des activités d'orientation plus psychophysiologique concernant l'expérience vécue du corps ou les fonctions corporelles.
Toutes les formes de thérapie utilisent ces moyens dans diverses combinaisons ; en plus, les notions de "transfert" et de "feedback" sont essentielles à envisager pour mener une thérapie à bien, ce qui n'est pas réellement possible, par écrans interposés...
C'est pourquoi, nous - site sosfemmes.com - évitons d'interférer dans les processus déjà mis en place.
Par ailleurs, la "résistance" que vous manifestez à entretenir une thérapie en face à face mérite effectivement d'être analysée.. .par votre thérapeute !
Beaucoup de personnes me font part de leurs difficultés à investir leur thérapie et utilisent vos expressions pour me les communiquer. J'aimerais pouvoir publier votre témoignage, anonymement ou non, ou encore avec une adresse anonyme, de manière à les renseigner et à les persuader de poursuivre leurs démarches entreprises.
M'autorisez vous cette publication ? Nous ne ferons rien sans votre accord.
* http://www.sosfemmes.com/faq/email_anonyme.htm
Merci.
Chantal POIGNANT

Bonjour,
Pouvez vous m'expliquer ces notions de transfert et feedback ?

J'accepte, si vous le jugez utile, d'être publiée dans l'anonymat et utiliserai désormais cette adresse : cam.gnt31@yahoo.fr

Bonjour,
Des études ont été menées pour tenter d'évaluer les caractéristiques qui font qu'une relation thérapeutique évolue positivement, dans le sens de la résolution des problèmes du patient : "les caractéristiques du thérapeute le plus nettement liées à la réussite thérapeutique sont sa confiance, son engagement pour le patient (surtout en tant qu'il est perçu par celui-ci) et particulièrement son habilité et sa compétence", laquelle ne se réduit pas à sa seule formation mais a trait aussi à une disposition chaleureuse envers le patient et son acceptation.
Sur le plan de la relation patient-thérapeute, il est préférable qu'une alliance de travail solide s'établisse, une résonnance empathique, une affirmation mutuelle ainsi qu'une véritable collaboration.
Côté patient, le contact avec soi-même, l'ouverture à ses propres sentiments et pensées, la volonté de les exprimer sont des conditions importantes, que le thérapeute peut et devrait aider à mobiliser, à mettre en forme, à orienter, à analyser...
Vous voyez que la relation thérapeutique n'est pas qu'une relation autour d'un problème posé ; la relation thérapeutique est vivante, se vit et le thérapeute doit être capable de "saisir" ce qui se passe, ce qui se communique (volontairement ou involontairement, inconsciemment ou non), ce qui se renvoie et surtout doit être capable de l'analyser pour pouvoir maîtriser ce processus (transfert, feed-back) et donc la relation afin que celle-ci ne se "perde" pas dans une simple discussion.
Par ailleurs, ce qui se passe au niveau d'une relation thérapeutique ne se résume pas au langage des mots mais aussi à celui du regard, des gestes, de la posture, qui eux aussi peuvent influer dans la relation....
Merci de votre autorisation à la publication. En effet, beaucoup de personnes me demandent une aide d'un point de vue thérapeutique ; or,d'une part je ne suis pas autorisée à effectuer cette mission, laquelle ne rentre pas dans le cadre de mes attributions, et, d'autre part, je ne peux interférer dans un processus thérapeutique en cours. Ensuite, je ne peux apporter qu'une aide ponctuelle car la relation thérapeutique est autre chose, vous l'avez compris, qu'une communication par écrans interposés, si riche soit-elle.
Merci de votre confiance.
Cordialement,
Chantal POIGNANT

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