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Jamais je n'aurais imaginé ce qu'il avait manigancé

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Avril 2007

Bonjour,

On parle des femmes battues et il le faut. Mais qui cela interpelle ? L'opinion ? Pour ne pas dire les autres, les voisins, les amis, les copains ….. Mais certainement pas ceux qui bastonnent, manipulent, violent et plus encore …… eux continuent et continueront encore car le plus affolant c'est qu'il y a de plus en plus de jeunes qui deviennent bourreaux.

Mais personne ne parle de ce qui se passe après, une fois que les victimes sont parties et ont tout perdu. Comment elles se reconstruisent si elles y arrivent, comment vivent-elles l'après !

J'ai été victime de mon mari, de sa violence, d'étranglements, d'humiliations et de vol car il n'y a pas vol entre époux ! Après quelques années de cette situation il a réussi à me faire quitter le domicile pour, disait-il, me reposer (ben voyons). Nous travaillions ensemble dans un commerce que nous avions créé et au bout de 20 ans lorsque j'ai commencé à avoir des problèmes de santé par les 16 heures de boulot de nuit, notre enfant à s'occuper ainsi que la maison le jour et surtout LUI car Monsieur a des besoins important, cela ne lui a pas plus et il me l'a fait sentir.
Il nous avait loué un appart pour ma fille et moi (résidence secondaire), le temps de me refaire une santé pour mieux revenir….. Et c'est à partir de là, alors que j'étais encore confiante parce que je croyais que tout était de ma faute comme il me le répétait et que je pouvais redevenir celle que j'étais " avant "……… que j'ai tout perdu. Jamais, même dans le pire des scénarios je n'aurai imaginé ce qu'il avait manigancé.
Pendant que je me reposais, s'en m'en parler il a revendu notre commerce à une SARL, dont il était actionnaire, et a gardé l'argent de la vente. Dans la mesure où ce commerce, par une habile manipulation, alors que nous l'avions créé ensemble, était à son nom et que nous étions mariés sous séparation de biens, ce qu'il avait exigé, je n'ai rien pu faire d'autant que j'ai été mise devant ce fait accompli longtemps après …. Et moi, j'attendais son bon vouloir pour revenir à la maison, ce qui ne s'est jamais fait car il y avait installé une de ses maîtresse, ce que j'ignorais. En fait, il se refaisait une nouvelle vie avec nos biens qu'il s'était approprié, nous excluant, notre fille et moi, en nous laissant sur une voie de garage ou un placard, sans explications, sans divorce …… juste une ignorance totale à me maintenir au loin avec des promesses, du chantage, des menaces comme il l'a toujours fait. Le problème avec lui c'est que si on n'est pas d'accord avec ce qu'il veut il punit pour tout ce que l'on fait. Alors j'attendais, comme il me le demandait.

Cela fait 10 ans et je n'ai plus rien. 10 ans et je ne suis jamais arrivée à me reconstruire parce qu'on ne se reconstruit jamais après des années de dénigrement, de coups qui ne laissent pas de traces physiques et d'humiliations qui dévalorisent. 10 ans à traîner ma culpabilité à tenter de comprendre. 10 ans à tenter de récupérer ce qui m'appartient car il m'a volé mon travail. Je n'ai plus d'argent, plus de vie sociale, plus de chéquier, plus de mutuelle et évidemment plus de logement, fin des assedic, pas de pension.
J'ai eu beau me tourner vers les services sociaux, la Caf, Assedic, les anciens amis qui m'ont tourné le dos ……Rien. Personne ne peut rien pour moi. Et mon mari, pourtant condamné à me verser une somme mensuelle pour contribution aux charges du ménage, - il n'a jamais voulu divorcer car cela ne l'arrangeait pas - ne paye pas car il sait très bien que c'est pratiquement impossible d'arriver à faire payer quelqu'un qui sait se protéger en organisant son insolvabilité, que cela prend du temps et que du temps moi je n'en ai pas.
10 ans à galérer et combien devant moi encore à galérer ? 10 ans à payer, car je paye …..10 ans où pas une seule nuit je ne revis ses violences. 10 ans qui ne m'ont servi à rien sinon à couler un peu plus vers le fond. Et dans le fond, aujourd'hui j'y suis !
Alors, après avoir tapé à toutes les portes, cherché, téléphoné, écrit, j'ai découvert que j'étais toujours locataire de l'appartement où il ne voulait plus que je revienne me disant en brandissant la quittance de loyer qu'il en était le seul locataire (car son seul nom y figurait). Donc, forte de cette information bien précisée par le bailleur, de l'aval de mon avocat et de l'appui de la police, je réintègre, en force, le domicile conjugal (ce jeudi là). Ce qui évidemment ne va pas du tout lui plaire car non seulement il veut tout pour lui mais il y a installée une nouvelle jeune maîtresse, dont le seul travail qu'elle puisse fournir est de satisfaire tous ses besoins au lit.
Je ne suis pas maso, je ne recherche pas les coups et ne suis pas sujette au syndrome de Stockholm. Je ne lui pardonne rien et si j'avais seulement pu éviter cette situation, je l'aurai fait mais là il s'agit de nécessité et d'urgence. La tente sur le bord du canal ce n'est pas mon truc.
J'ai l'intention de reprendre ma vie, là où lui seul avait décidé d'y mettre le mot fin sans me laisser de recours et j'attendrai Là, chez moi, dans mon droit, que la Justice décide de nos vies en mettant de mon côté les mêmes chances que lui.
J'avoue que j'ai la trouille de l'affronter mais aussi de m'affronter car la première chose que je vais faire est de mettre à la porte la gamine qui vit chez moi, ce chez moi que je dois me réapproprier, et j'ai peur autant de la réaction de mon mari que de la mienne. Je puise en moi ce qui me reste de forces et de courage car je vais enfin savoir si le temps a fait son travail d'effacement ou si ma souffrance que j'ai tenté d'oublier n'en est que plus forte. J'ai besoin de savoir pour pouvoir repartir, recommencer ou continuer ma vie.
Pensez-vous que ce soit la bonne solution ? Si quelqu'un désire me répondre je vous autorise à publier mon email nic_83@hotmail.fr et ce mail.
Merci.

Bonjour,
Vous voulez réintégrer un appartement occupé actuellement par une maitresse de votre mari et dont vous êtes encore locataire : pourquoi, voulez vous revenir dans les ornières d'un passé douloureux, retrouver les traces des humiliations imposées par votre mari ?
J'ai cru comprendre, que votre mari ne voulait pas divorcer mais au delà d'un nombre d'années passées sans communauté de vie, le divorce vous sera accordé si vous le demandez et même si votre mari n'est pas d'accord, ce qui permettrait enfin d'éclaircir votre situation et de vous "obliger", vous, à prendre une autre direction, à construire autre chose et lui, à rendre compte de ses actes au niveau financier.
Oui, il est possible de se détacher d'un passé sombre mais ce n'est pas en retournant vivre dans cet appartement, que vous en prenez le chemin.
Voici des adresses de centres d'informations sur les droits des femmes :
* http://www.infofemmes.com/Adresses.html
Si vous souhaitez être publiée sur notre site, afin d'échanger avec d'autres personnes, je souhaite recevoir votre autorisation.
Cordialement,
Chantal POIGNANT
Conseil

Bonjour,
Je vous remercie de m'avoir répondu et je vous autorise à publier mon message. Je comprends bien votre point de vue mais il se situe en recul, à l'extérieur de ma détresse, de mes émotions et de ma colère.
Pour moi il est nécessaire, pour survivre dans cette vie que je n'ai pas choisie et dans laquelle me maintient mon mari en faisant le mort pour le divorce (cela fait partie de ses punitions), que je récupère certains éléments de ma vie. Car je n'ai plus rien. J'ai été passive durant des années parce qu'il le voulait, l'exigeait. Aller dans son sens, ne pas le contrer, c'est ce qu'il demande aux gens, femmes et enfants compris sinon il punit. Je l'ai fait, j'ai respecté mais j'ai osé un jour me rebiffer et voilà où j'en suis.
Se détacher d'un passé, peut-être que certains y arrivent, moi pas. Peut-être que si j'avais eu un travail séparé du sien, j'y serai arrivée mais malheureusement ce que j'ai construit pendant 30 ans en galérant, me battant et en y laissant ma santé, fait aussi partie intégrante de sa vie. Un des deux doit se sacrifier, c'est bien ce qu'il a compris et il préfère que ce soit moi. Voilà.

En fait je n'avais pas l'intention de vivre dans cet appartement avec mon mari et sa maîtresse. Réintégrer le domicile conjugal (j'avais juste mon sac en bandoulière)... c'était pour discuter avec cet homme, lui dire mes droits, comprendre pourquoi il me punissait ainsi, comprendre pourquoi il faisait le mort pour le divorce alors qu'il avait lui-même fait la demande, parler de ce que j'allais devenir et bien sûr virer cette petite copine qui n'a, pour moi, rien à faire dans ce logement que je considère toujours comme le mien …. Je pensais qu'il y avait en lui une étincelle d'humanité et qu'il me parlerait, mais non, c'est un être insensible qui ne réfléchit qu'à l'immédiat et surtout qui ne m'adresse plus la parole pas même pour me dire " fout le camp ". Les coups sont plus explicites à ses yeux et les mots une perte de temps. Et .... puis ..... je n'existe plus.
Cet appartement est ma bouée de secours, sans mon mari évidemment, il serait capable de tout crever pour que je me noie, car ma situation actuelle me panique. Je n'ai plus 1 centime (sans exagérer car en fin de droit des assedic et les services sociaux de ma région répondent " occupés " alors que j'essaie de demander le RMI). Il se trouve dans un quartier où j'ai vécu 30 ans où il me reste encore des connaissances qui pourraient m'aider dans un travail, il a un loyer modéré etc…. etc…… etc….. Voilà ce que je vois tout bêtement, le côté pragmatique .......
Car comment me loger autrement ? Présenter des références et des feuilles de paye que je n'ai pas ? Comment payer un loyer au prix d'aujourd'hui ?
Je n'ai jamais été confrontée à ce genre de situation et j'ai du mal à voir d'autres solutions que celle là où je m'accroche désespérément. A la fin du mois je serai hors la loi, je squatterai l'appartement où je suis encore à des années lumières du quartier où j'avais planté mes racines parisiennes. Travailler ? Je cherche, mais pendant 30 ans je n'ai fait que le bar/resto de nuit (le notre)…….. je n'ai plus la santé pour refaire ça, c'est un boulot qui tue à la longue…… et sans être pessimiste pour pratiquement tout le reste il y a une jeune concurrence qui elle aussi a du mal à trouver du travail.

Donc voilà, je n'ai plus de travail, alors dites-moi comment voir devant moi alors que tout est derrière moi ? Me reconstruire ? Reconstruire quoi, avec quoi ? La seule chose qu'il me reste c'est l'air que je respire. J'ai 60 ans, j'ai bossé plus que de raison pour construire ma vie, notre vie, j'avais un but et pour cela j'ai accepté beaucoup de choses. Trop. Mais cette issue là je ne l'avais pas vu venir. Aujourd'hui je suis épuisée. Pourtant j'ai tenté pendant 10 ans de me reconstruire personnellement avec des psy et la méditation pour pouvoir ensuite construire une autre vie. Ce n'est pas qu'il y a de la mauvaise volonté de ma part mais je n'y suis pas arrivée (peut-être que je n'ai pas trouvé les bonnes personnes) et aussi et surtout je n'arrive plus à faire confiance en qui que ce soit. Je vois la trahison partout. Pour un rien toute la violence que j'ai vécue ressurgit dans mon quotidien comme des cauchemars récurrents.

Bien sûr que le divorce me sera accordé et mon mari acceptera si je lui laisse tout car comme c'est un malin il aura tout fait pour démontrer qu'il ne gagne pas bien sa vie. Lorsque je l'ai assigné pour contribution aux charges du ménage il a osé prétendre qu'il ne gagnait que 1 345 euros par mois alors qu'il est gérant de société. Evidemment c'est lui qui fait ses fiches de paye ! J'ai découvert qu'il se servait de comptes bancaires d'autres personnes comme comptes personnels….. mais c'est à moi à prouver tout ça, pas lui à se justifier…. Comme c'est à moi de repartir à zéro et lui à continuer tranquillement sa vie avec le fruit de mon travail……

Si j'ai écris, c'est parce que c'est anonyme, que ça me fait du bien, pour chercher aussi un peu de réconfort au milieu des autres, des idées que les autres expériences pourraient me donner, des conseils et pour cela je vous en suis reconnaissante.

nic_83@hotmail.fr

Bonjour,
Je comprends tout à fait votre amertume et votre désespoir ; cependant, je continue de penser que vous vous abîmez dans un combat inégal et presque "irrationnel", dans le sens où, plus ou moins consciemment, vous cherchez encoreà ce que votre conjoint consente à reconnaître l'indignité de sa conduite vis à vis de vous ; or, ce sera peine perdue puisqu'il en est parfaitement incapable de par son inaptitude à s'identifier à l'autre ; il s'agit pour lui de "capturer" l'autre mais sans perspective d'échange, juste pour s'en "nourrir".
Il exploite l'autre dans le seul souci de confirmer une image manquante : la sienne, celle de son pouvoir et il est parfaitement imperméableà vos valeurs.
Son "Donjuanisme" est la marque de sa parade pour tenter de chercher confirmation d'une quelconque identité auprès des personnes qu'il séduit : "il court, il court" à la recherche de celle ou d'une autre encore qui apaisera ce doute quant à sa propre image, angoisse dont il n'a pas réellement conscience et dont il se défendra, d'ailleurs.
Vous pourriez peut-être faire-valoir, au moment du divorce et devant le juge vos années de travail dans l'entreprise commune ; c'est le seul moyen, dont vous disposez, pour vous faire entendre d'un conjoint qui ne se soucie de rien d'autre que lui : la justice.
Comme vous le souhaitez, nous publierons votre témoignage.
Merci.
Cordialement,
Chantal POIGNANT

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