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Message ou FAQ

 

J'ai été violée par mon frère

Email retiré à la demande de l'intéressée
Février 2007

Bonjour,
Je souhaite par ce message témoigner de mon "expérience" et enfin tenter de me délivrer d'un poids en racontant quelque chose que je n'ai pû dire que dans les grandes lignes à mon petit-ami et concubin actuel. J'autorise la diffusion de ce message et de mon adresse e-mail si vous le jugez utile.
Vers l'âge de 5 ans j'ai subi des violences sexuelles (uniquement des pénétrations vaginales par le pénis) de mon demi-frère de 9 ans mon aîné. Je ne me souviens pas du nombre de fois (au moins 2) mais je ne suis pas sûre de me souvenir de la première fois. Je sais juste que cela a commencé avant le divorce de mes parents dû à des violences conjugales envers ma mère et que cela s'est fini peu de temps après.
J'avais à peine 6 ans lors de cette séparation. Je voyais dans son regard et dans son comportement qu'il s'appretait à "passer à l'acte" mais je ne pouvais bouger ni parler. Il me disait de ne pas regarder son sexe et d'écarter les jambes. Je ne pouvais que pleurer sourdement pendant que cela se passait.
Je savais que c'était mal mais je ne pouvais en parler car je ne voulais pas faire de peine à ma mère. C'est pourquoi je n'en ai jamais parlé ormi il y a 3 ans à mon petit-ami actuel. C'était au début de notre relation. Je voulai ça pour qu'il me comprenne mieux. C'est la première personne avec qui j'ai une vraie relation suivie (notamment première expérience sexuelle) et donc je voulais "m'épanouir" à mon rythme dans notre relation et donc je trouvais plus sain pour ts les 2 de lui en parler. C'était peut-être égoïste surtout qu'il connait mon agresseur mais il a très bien réagi et fait "abstraction" de ça en société notamment, et c'est là le plus important, en famille.
Apparemment il n'a pas de haine contre lui. J'avais peur de ça en lui en parlant. Peut-être parce que je n'en ai plus envers lui. J'ai longtemps cru que je ne serai jamais comme les autres filles puis vers mes 16 ans j'ai eu un déclic, j'ai réalisé que mon père qui n'avai jamais vraiment joué son rôle de père m'avait manqué finalement. Ou du moins qu'un père m'avai manqué mais pas vraiment celui que j'ai. J'ai d'ailleurs coupé les ponts "naturellement" avec lui depuis 3 ans un peu comme on ne voit plus un ami qui habite loin sans dispute ni explication. On a juste cessé de s'appelé suite à l'annonce du mariage de ma soeur auquel il n'est pas venu bien sur (enfin lui car je ne > l'apelai jamais tout comme je n'appelle jamais mon demi-frère que je ne vois que lors de repas de famille organisé). Suite à ce déclic, j'ai fait "table raze" du passé. Je n'en veux à personne même si on ne pardonne jamais je pense. On ne peut pas pardonner à quelqu'un d'avoir transformer la vie d'une autre personne en la traitant comme un objet pour son propre plaisir, pour des raisons floues d'ailleurs (ici dans mon cas apprentissage sexuel ? reproduire ce que l'on voit de ses parents c'est à dire ici que les femmes ne sont que des objets que l'on peut utiliser à son gré ?...). Mon principal inconvénient est que mon agresseur soit de ma famille d'où le secret que je suis obligé de garder d'autant qu'il a fondé une famille de son côté.
L'important est de trouver la paix avec soi-même, du moins d'accepter la fatalité du passé que l'on ne peut changer et d'essayer d'aller au-delà même si il reste toujours des traces (dans mon cas, manque de confiance en soi et méfiance des personnes, principalement les hommes, inconnues par peur d'une éventuelle agression).
Je vis mieux mais cela me pèse toujours. Si des personnes souhaitent échanger avec moi qu'elles n'hésitent pas, cela me délivrera peut-être un peu plus et elle aussi.
Merci de m'avoir permis d'en parler.

Email retiré à la demande de l'intéressée

Bonjour,
J'ai lu avec attention votre témoignage ; je respecte votre position : celle de ne rien dire, parce que l'agresseur fait partie de la famille, mais je ne la partage pas, de même que je ne partage pas, avec vous, l'emploi de ce mot "fatalité", parce que la "fatalité" implique un
évènement fixé d'avance, qui devait arriver mais je crois que, vous avez fait une erreur d'expression et que vous ne vouliez pas donner ce sens, à propos de votre passé ; peut-être, vouliez vous dire, que l'on ne pouvait plus effacer ce qui avait eu lieu ?
Certes, on ne peut plus ni effacer ni changer les faits concrètement mais on peut, en revenant sur le passé, en changer la représentation de manière à mieux appréhender le sens de nos émotions qui souvent perdurent après les agressions et donnent lieu à d'inévitables souffrances parfois dissimulées et qui plus ou moins inconsciemment, rejaillissent sur notre comportement.
Comme vous dites, "l'important est de trouver la paix avec soi-même".
Le pouvoir de pardonner remet justement en question, la croyance en la fatalité du passé et dépend de la capacité de la personne à penser que la "nature" d'un être humain n'est pas définitivement fixée, donc qu'il peut évoluer. Cependant, il n'y a pas de devoir de pardon ; tout est affaire de relations avec soi-même et avec l'autre.
Or, vous dites ne plus avoir de relation avec votre agresseur, sauf lors de repas de famille, ce qui ne doit pas être facile à gérer.
Il semble que vous y parvenez me dites vous...
Votre témoignage sera publié, comme vous le désirez et j'espère qu'ainsi, vous pourrez échanger avec d'autres internautes.
Si, vous avez des questions ou des suggestions, n'hésitez pas à écrire.
Cordialement,
Chantal POIGNANT
Conseil

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