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Message ou FAQ

 

Je suis très en colère

Adresse électronique supprimée à la demande de l'intéressée
Novembre 2006

Bonjour

je tenais à faire partager mon expérience de 8 ans, de 16 à 24 ans, avec celui (de mon âge) qui fut "mon 1er amour" et mon "bourreau".

Parce que moi la 1ère, pendant toutes ces années, je ne me suis jamais sentie concernée quand j'entendais tes témoignages de femmes battues. Parce que ce que l'on montre le + souvent, ce sont les femmes qui ont des bleus, des yeux au beurre noir, qui finissent à l'hôpital...

Moi je voudrais me battre pour que l'on sache que ce n'est qu'une petite partie de ce qui se passe, et que l'on peut tomber aussi sur un être suffisamment "intelligent" pour ne jamais laissé de marques : 1 fois il m'a roué de coups de poings sur l'épaule (nous avions 20 ans alors) et qq minutes + tard un oeuf, noir, a gonflé et gonflé encore sous mon tee-shirt. Tout le monde l'a vu, tout le monde a cru à mon histoire idiote de pieds dans le tapis...Il y a tellement de façons de frapper sans laisser de marques...

Quand je lis les témoignages, je suis effarée de voir à quel point nos histoires, ou plutôt nos bourreaux, se ressemblent...Comment tjs ils réussissent à nous faire passer pour la méchante, pour la fautive, pour celle qui exagère...etc...

Officiellement, nous ne sommes restés que 6 mois ensemble, mais officieusement, jamais il n'a cessé de coucher avec moi. Même quand lui avait d'autres amies. Moi bien sur, je n'avais pas le droit d'aller voir ailleurs, puisqu'au fond j'étais la femme de sa vie tout de même...Combien de fois ai-je été traitée de sal***, de p*** parce que je regardais un autre homme?

Cela fait 4 ans désormais que je suis partie, je suis en couple, j'ai un fils et je suis de nouveau enceinte, mais auj je dois recommencer des séances de thérapie parce que je commence à peine à subir le contrecoup de 8 ans de violences psychologiques, physiques, et de manipulations...
Je ne pensais plus, je ne reflechissais plus, il m'a "désactivée".

Ce que je voulais dire, pour toutes celles, stt les jeunes comme moi à l'époque, qui ne peuvent pas se sentir concernées, c'est que mon bourreau à moi était double : à la fois le plus gentil, le plus attentionné des hommes, que tout le monde adore, très intelligent (il a fait de grandes études), d'un milieu social très cultivé, très "respectable"...Mais capable, en une fraction de seconde et pour un détail infime, exploser et tout détruire autour de lui, moi y compris. Et de s'effondrer en pleurs l'instant d'après parce qu'au fond "il n'est pas comme ça, il était juste à bout"

Aujourd'hui je suis très en colère.
Contre moi bien sur, d'avoir subi tout cela, contre lui aussi, mais stt contre la société, ou plutôt contre les médias :

J'ai écris mon histoire, et je sais que mon style vaut qq chose, même au-delà de mon témoignage. Que mon récit a une vraie valeur littéraire. Je l'ai envoyé à une 10aine de maisons d'éditions, confortée par ce livre que j'avais lu qq temps avant, l'histoire d'une femme d'un grand avocat parisien, victime de viols conjugals. Même si la souffrance n'a pas de degrés, je sais que cette femme n'a pas vécu le 10è de ce que j'ai vécu. Son livre n'a aucun style, pourquoi a-t-il été publié et pas moi??? Mais parce que je ne suis personne...parce que mon bourreau à moi n''est personne....Nous sommes anonymes et les médias se fichent des anonymes... La mort de Marie Trintignant est-elle vraiment plus horrible que celle de milliers d'autres femmes anonymes????

J'ai même envoyé des extraits de mon livre aux magazines pour femmes, avec une longue lettre explicative, sur ma démarche, pour montrer aux jeunes femmes dans mon cas qu'on peut ne jamais aller à l'hôpital et être une femme battue quand même !!!!!!
Personne ne m'a jamais répondu....Pas une réponse.
C'est comme si moi je n'existais pas, comme si mon histoire était niée, par tous ces gens qui ne prennent même pas le temps de me répondre.

Aujourd'hui je me bats avec mon "bourreau" par mail pour qu'il raconte, ENFIN, notre histoire à ses parents, à nos amis communs qui ne savent pas. Parce que tant qu'il ne l'aura pas fait, il n'y a que moi qui racontera cette histoire, et c'est comme si encore aujourd'hui c'est moi qui "exagérais"...
Il me dit qu'il a pris conscience de ce qu'il a fait, qu'il en est malade, qu'il ne pourra pas recommencer avec une autre, puisque c'était "avec moi" (donc à cause de moi???). Il voulait qu'on soit amis...
Moi je veux qu'il raconte. Je n'ai jamais porté plainte (comment porter plainte, sans traces, se dit-on?, et puis "il reviendra me tuer cette fois, il l'a dit...", et puis "je ne peux pas détruire sa vie", et puis, et puis....) aujourd'hui je me demande si j'aurais du, je ne sais pas, si j'aurais du laisser mes parents appeler les siens (ils se connaissaient bien puisqu'on était tjs fourré l'un chez l'autre, étant censé être les meilleurs amis du monde). Je ne sais pas.

Lorsque la psy que je vois en ce moment m'a dit les mots "viol conjugal", sans coups, sans menace, mais sans respect de ma volonté, en insistant tjs +, en manipulant, je me suis effondrée, puis réveillée.

Je veux reprendre mon combat, pour toutes celles qui ne se sentent pas concernées. Comme moi toutes ces années. Toutes celles qui se disent qu'elles ne finiront pas à l'hôpital donc qu'elles ne peuvent rien faire.

Alors je n'ai plus peur de donner mon nom, peur que quelqu'un sache de qui je parle. Lui aurait du payer. Je lui ai dit qu'il aurait pu faire de la prison si j'avais porté plainte. Ce n'est pas ce que je souhaite...Moi je veux que cette histoire, elle soit racontée à 2. Parce que lui n'a eu à se battre qu'avec sa conscience, et que jamais il n'a eu à affronter le regard des autres. Moi j'ai affronté ma famille, mes amis, et je peux témoigner que, même en temps que "victime", c'est terriblement difficile de raconter son histoire. Je veux qu'il affronte, qu'il regarde ce qu'il a fait en face, qu'il parle.

Je mets mon adresse pour toutes celles qui voudraient lire mon témoignage, ce que j'ai écris. Je ne souhaitais pas me faire de l'argent avec ce livre, je souhaite AIDER, pouvoir, peut être, sauver une femme, quelque part, qu'elle prenne conscience. Parce que je sais que tant qu'il n'y a pas de déclic, que ça ne vient pas du + profond de soi, on ne peut pas partir.

Merci
Marie, 28 ans


Merci de votre réponse rapide.

Je ne suis pas en train de "sombrer complètement dans l'amertume et le désespoir " puisque j'ai une vie de couple et de maman heureuse, mais c'est vrai que tout cela revient me "pourrir" la vie de temps en temps, peut être ma nouvelle grossesse fait-elle aussi remonter tout ça, les hormones aidant ?

Je viens de "reprendre" une psychothérapie, interrompue trop tôt il y a 2 ans, parce que je sens que j'en ai bien besoin...
Je vais donc sur mon petit chemin de rétablissement, progressivement, aidée par mon mari et mon adorable bambin qui va fêter ses 1 an à la fin du mois.
Mais plus le temps passe, plus je souhaite que mon expérience puisse être utile, pour ne pas avoir l'impression d'avoir vécu tout cela pour rien...

Merci en tout cas de votre "présence" !

Marie


Bonjour

je voulais rajouter quelque chose que je viens de "découvrir" en lisant la suite des témoignages sur votre site :

Nous toutes qui osont témoigner de la violence subie, morale et/ou psychologique, nous décrivons à l'origine comme des femmes fortes, avec du caractère et surtout joyeuses !!

Comment peut-on "d'autant +" en arriver là quand on est à la base quelqu'un qui aime la vie et qui a son caractère?

Moi je pensais que les "femmes battues" étaient des femmes "faibles", "soumises" de caractère, mais c'est tellement faux... J'ai vécu une enfance parfaitement heureuse, parfaitement "normale", mes parents ne sont absolument pas autoritaires, ils ne s'engueulent même pas...

La seule chose que ma mère a remarqué pendant toutes ces années c'est que j'avais "perdu" ce caractère qui était le mien depuis toute petite, celui de ne pas me faire marcher sur les pieds, de réagir, de dire tout haut ce que je pensais...

Après avoir lu ces témoignages ce matin, je me dis que peut-être ce constat pourra aider une autre femme "comme nous", en apparence gaie, joyeuse, forte? Moi je suis tjs restée "réputée" pour mon optimisme, ma gaieté et mon humour !! Malgré ce que je vivais à l'intérieur, malgré la peur constante de rentrer à la maison, de dire le mot de trop, d'avoir le mauvais coup de fil au mauvais moment, comme le dit si bien une autre femme qui témoigne...

Si vous pouviez rajouter ce mail à la fin de mon 1er...
Merci

Marie

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