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Je me sens tellement vulnérable

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Septembre 2006

Bonjour,

J'ai pris connaissance de votre site dernièrement et j'ai vite sentie le besoin de raconter ce qui m'est arrivé, de me sentir écouter et comprise.

J'autorise la publication de ce message ainsi que de mon adresse unefilleparmitantdautres@hotmail.com

Je devais avoir 6 ans quand ma vie à commencer à basculer. J’étais la seule fille du voisinage, entourée de 5 garçons, dont leur âge variaient de 2 ans plus jeunes ou plus vieux que moi. L’un des plus vieux a commencé à nous obliger, moi et un autre plus jeune, à le masturber cachés derrière chez moi ou chez lui. J’étais jeune et ne comprenais pas tout à fait ce que cela impliquait, mais une chose était certaine, je détestais cela. Je me suis mise à ne plus vouloir aller jouer dehors avec les autres, j’ai même détruit une cabane que les garçons avaient mis tant de temps à construire, sans que mes parents ne comprennent jamais rien. J’étais refermée et solitaire.

Puis mon demi-frère, âgé de 11 ans de plus que moi, a quitté la maison. Je ne sais pas pourquoi et je n’ai aucun souvenir de cet événement. En fait, curieusement, je n’ai aucun souvenir de mes 7 ans.

Un an plus tard, mon père sombrait dans une longue et profonde dépression, où alcool, crises de colère et de larmes étaient de plus en plus régulières. Pour des rien, il se mettait à crier et à tout lancer dans la maison. Il menaçait de ce suicider. Je me souviens entre autre d’un soir où j’étais couchée dans ma chambre. Il s’est mis à crier et moi à pleurée. Ma mère est venue me consoler pendant que lui était dans le cadre de la porte avec une lampe à l’huile et un briquait. Il disait qu’il n’avait qu’à étendre l’huile partout et mettre le feu, que tout serait ainsi fini, que c’était tellement facile à faire… Il a fini par quitter la maison avec son fusil pour revenir quelque jour plus tard, comme si rien ne s’était passé. Ma mère me disait que je ne devais pas en parler parce qu’on m’enlèverait de ma famille. Comme je les aimais beaucoup tous les deux, j’étais aux yeux de tous un enfant sage, gentille et douée à l’école. Mes parents se sont séparés, à mon grand soulagement, lorsque j’ai eu mes 10 ans. J’allais chez mon père une fin de semaine sur deux. J’étais inconfortable avec lui, mais je voulais tellement être parfaite pour qu’il m’aime !

À 12 ans je changeais d’école. J’ai commencé à fréquenté un garçon de trois ans de plus que moi. F étais le rebelle de l’école, celui que personne n’osait ennuyer. J’étais fier de sortir avec lui, car j’étais ainsi moi-même respectée par les autres. Mais dès qu’il me touchait ou m’approchait de trop près, je me mettais à paniquer, à crier et à le frapper. Ce n’était pas lui que je voyais, mais autre chose que je ne comprenais pas. Je me voyais plus jeune, peut-être 7 ans, nue sur le tapis du salon. Il y avait deux mains qui me tenaient solidement pendant que cet organe me pénétrait… Je ne voyais que ça, sans voir qui, sans autres détails, sans savoir… Pour moi c’était clair qu’il ne pouvait s’agir que de mon père ou mon frère, puisqu’ils étaient les seuls hommes à rester à la maison à cette époque et avec qui j’aurais pu être seule assez longtemps pour ça. Je me suis mise à avoir peur des deux, à éviter leurs regards. F me soutenait, m’encourageait et semblait prêt à m’attendre.

Puis, ma mère a trouvé des poèmes que j’avais écrit et à déposer une plainte contre mon père, étant certaine que c’était lui. La personne que j’ai rencontrée ne pas cru. Pour cette dernière, il était impossible que je ne me souvienne de rien d’autre. Selon elle, j’ai tout inventé pour attirer l’attention de mon père, qui était plutôt absent. On m’a laissée seule avec ça, avec mes peurs et mes incertitudes. J’avais l’impression que tous le monde me voyait comme une menteuse, une folle. Mon père n’arrêtait pas de me dire que j’étais la pire humiliation de sa vie, et ce devant mon frère. J’aurais voulu mourir. Je me suis mise à douter de moi-même. Et si la l’intervenante avait raison ? Peut-être que j’ai trop d’imagination ? Peut-être que c’était juste un mauvais rêve ? Mais comment expliquer mes crises de paniques et ces flash-back qui persistaient toujours ?

Puis ce fut l’anniversaire de F. Nous étions ensemble depuis 6 mois et nous n’avions toujours pas eu de rapport sexuel. Je n’étais pas prête à ça et je n’avais que 12 ans. Cette journée là, il voulait me voir nu, pour une fois, il voulait que je lui fasse plaisir, pour nos six mois d’amour comme il disait. Je n’ai pas pensé qu’il irait plus loin, surtout qu’il était le seul à croire en mon histoire. J’étais naïve. Il est embarqué sur moi, m’immobilisent. J’avais peur. Il m’a dit qu’il m’aimait, que jamais il ne me ferait du mal. Il m’a demandé si je voulais faire l’amour. J’ai dis non. Il m’a dit qu’il faudrait bien qu’un jour je franchisse le pas, que je ne guérirais pas de mon passé comme ça. J’ai encore dit non. Il a continué en me disant que je lui devais bien ça. Qu’il avait toujours été là pour moi. Je disais toujours non. Ses paroles étaient moins douces. Il disait maintenant que j’étais une agace, que je ne l’aimais pas, que je le niaisais. Je sentais son organe collé sur moi, prêt à me pénétrer. J’avais peur et j’ai alors compris que je n’aurais pas le choix. J’ai alors cédé. Il n’a pas relâché son étreinte. Je ne pouvais toujours pas bouger. Il m’a pénétré. Je lui ai dit que j’avais mal et il m’a dit que c’était normal la première fois. Il a donc continué. J’ai fermé les yeux. Quand ce fur terminé, j’ai osé lui demander s’il l’aurait fait tout de même si j’avais continué à dire non. Il m’a dit que oui, que j’étais prête et que je ne l’aurais jamais fait autrement. Il m’a dit qu’il avait fait ça pour mon bien, pour que je puisse passer à autre chose et non rester avec mes peurs et mes doutes du à mon passé. Je l’ai cru, qu’elle idiote j’étais…

Le lundi matin, je suis allée trouver l’infirmière de l’école pour la pilule du lendemain. F a tenu à venir avec moi, me fessant promettre de ne pas lui dire comment ça c’était passer, me disant qu’elle ne pouvait pas comprendre, me rappelant mon épisode avec l’intervenante. Durant un cours, je suis sortie vomir. Je me suis assise dans l’escalier et je me suis mise à pleurer. J’étais salle, complètement salle. Je ne savais plus quoi faire. Qui me croirait si je disais avoir été violée par mon copain, surtout après avoir vu la mention « menteuse » à mon dossier suite à la plainte de ma mère ? Et puis, je ne pouvais croire qu’il m’avait fait ça, pas lui, ce ne pouvait être vrai, il avait sans doute raison, je devais être prête. Je suis donc resté avec lui, continuant à lui dire oui quand il voulait parce que je ne pouvais plus reculer maintenant, en fait, c’est ce qu’il me fessait croire. Puis, il a commencé à me traiter de noms devant les autres, à me frapper quand je disais quelque chose qu’il n’aimait pas. Il me disait que personne ne voudrait de moi si je le quittais, après tout j’étais une fille à problème, une petite pute qui a commencé à coucher à 12 ans… J’ai enduré ça pendant deux ans avant de le laisser. Mais le cauchemar n’était pas terminé. Il me tabassait et me menaçait dès qu’il en avait l’occasion. Je me suis mis à boire et consommer de la drogue, sans que mes parents ne voient jamais rien. Je voulais mourir tout simplement.

J’avais 15 ans et demi quand j’ai commencé à sortir avec J, âgé de 6 ans de plus que moi. Il s’est vite rendu compte de mes problèmes de consommation et m’a aidé à arrêter. Il est aussi le premier avec qui j’ai fait l’amour parce que je le voulais bien, parce qu’il m’a vraiment attendu. Il m’a redonné confiance en moi-même, me disant que je n’avais rien à me reprocher, que je n’étais pas fautive. Il m’a aussi aidé à me refaire un nouveau cercle d’amis. Je l’aimais énormément. Il a du me quitté lorsqu’il a perdu sont permis de conduire et son emploi, puisqu’il était devenu extrêmement difficile de se voir. Il m’avait alors promis de revenir avec moi dès que possible, et moi je lui avais promis de ne pas retombé dans l’alcool et la drogue. Nous avions gardé le contact les premiers temps, mais on s’est vite perdu de vue.

Je commençais à désespérer, à croire qu’il m’avait totalement oubliée. Mes amies m’ont poussées vers un autre garçon de mon âge, me disant que le meilleur moyen d’oublier quelqu’un était de le remplacer. Ainsi, je me suis mise à sortir avec D. Il était gentil, doux, sans expérience, un peu naïf et maladroit, donc très attachant. Mais justement, je le considérais plus comme un ami que comme un amoureux. Ça, je m’en suis rendu compte la journée que J est revenu dans ma vie. Il avait tenu sa promesse, mais moi je n’étais plus libre. Je n’osais pas quitter D parce que je ne voulais pas lui faire de peine, il était tellement gentil ! Je me sentais coupable aux yeux de D d’être toujours en amour avec J, et coupable aux yeux de J de ne pas l’avoir attendu comme promis. Finalement D m’a quitté, mais nous sommes restés de bons amis.

J’avais 18 ans quand j’ai repris avec J. À mon grand désespoir, ce dernier avait terriblement changé. Il voulait maintenant sortir avec moi, mais rester libre d’aller voir ailleurs quand il voulait. Je ne pouvais pas supporter cela. Je l’ai donc laissé, bien à contrecœur. J’ai alors rencontré E, un ennemi de J. Lorsque J nous a vu ensemble, il m’a téléphoné pour me mette en garde contre E, me disant que je regretterais de sortir avec lui. Je croyais qu’il était jaloux, donc qu’il m’aimait encore un peu. Ainsi, je suis sortie avec E espérant rendre J jaloux au point de revenir avec moi. Mais ce fut une terrible erreur. E s’est installé chez moi deux semaine après le début de notre relation sans que je n’aie eu grand chose à dire. Ce dernier consommait beaucoup de drogue et en fessait aussi le commerce. Il fessait régulièrement des crises de rage lorsque le « commerce » n’était pas bon ou qu’il était lui-même en manque de drogue. J’avais alors droit à toutes les insultes de la terre, aux coups sans oublier les relations sexuelles forcées. Je devais toujours être avec lui et il ne supportait pas qu’un autre homme me parle. Je m’étais résigné à subir ça, croyant que je ne méritais que ça. Après tout, j’étais salle, donc sans intérêt pour un gars normal. Un jour d’été, alors qu’il y avait une fête au village, E m’a donné la permission de sortir seule avec ma meilleure amie, à condition d’être de retour à 11h. J’ai alors revu D, qui s’est vite aperçu que ça n’allait pas et m’a avouée qu’il m’aimait toujours. Ce soir là je suis entrée 15 minute en retard, provocant une autre crise. E m’attendait furieusement à la porte. Je n’ai pas eu le temps de rien dire. Il m’a giflé et projeté violemment sur le lit, où m’étranglant d’une main, il m’a encore violé, pour me faire pardonner, comme il disait. Deux jours plus tard, j’ai réussi à le convaincre de faire un souper avec mes vieux amis. Il a accepté. Il n’a pas fallu beaucoup de temps pour qu’il me traîne sur la galerie, furieux du regard qu’un garçon m’avait porté. Il m’a alors dit qu’il avait un fusil dans sont véhicule et qu’il s’en servirait au besoin. C’est fois s’en était trop. Je ne voulais plus de cette vie là et n’avais donc plus peur de mourir. Je me suis précipité dans la voiture, espérant trouver l’arme avant lui. Il n’en avait pas, il espérait m’effrayer. Pendant ce temps, mes amis sont allés chercher mon oncle qui restait un peu plus loin. Ce dernier a calmé E et l’a aidé à faire ses bagages pour qu’il quitte l’appartement. E a continué à me faire des menaces et à me suivre partout pendant près de deux semaines après cet événement.

J’ai alors repris avec D, qui avait beaucoup changé et qui était maintenant plus mature. Nous sommes ensemble depuis 8 ans maintenant. J’ai eu une petite fille en 2004 et nous nous sommes marié l’an passé. Je suis maintenant enceinte de mon deuxième enfant, un petit garçon. Pendant toutes ces années j’avais tourné la page, ne voulant plus revenir sur ces événements. Cependant, en décembre 2005, à l’anniversaire de ma fille, alors que mon père et mon frère jouaient avec elle, j’ai eu un instant de panique. Les souvenirs se sont remis à sortir et je me suis mis à avoir peur pour elle, ne me souvenant toujours pas des événements de mon enfance. J’ai fait une dépression, ne trouvant plus de raison ni la force de sourire, me sentant à nouveau extrêmement salle et vulnérable. Je ne voulais plus faire l’amour avec D, ayant l’impression de le salir à chaque fois. Jusqu’à ce jour, D ignorait tout de mon histoire. Je lui ai tout dit (par écrit car les mots sont trop durs à prononcer) en janvier 2006. Ça m’a fait du bien. Il m’a aidé à retrouver le sourire et à reprendre une vie normale, même si les souvenirs ne m’ont pas lâchés depuis. Je sais que la meilleure chose serait de consulter, mais j’ai peur. Je ne fais qu’aller chez mon médecin et cela me vire à l’envers et me mets extrêmement inconfortable. Je repense toujours à cette intervenante qui m’a condamnée au silence, qui m’a jugée et blessée. Le contexte patient/spécialiste me terrorise. Je me sens tellement vulnérable, faible devant cette personne qui peut tout détruire, si rapidement et si facilement...

unefilleparmitantdautres@hotmail.com

Bonjour,
Il me parait impératif que vous parveniez à saisir et à vous représenter, ce qui est à l'origine de votre angoisse et vous entraîne dans une sorte de répétition des situations, où s'inscrit le même malaise récurrent : vous vous sentez sale et vulnérable.
Même si votre première rencontre avec un professionnel s'est soldée par un échec, puisqu'il ne vous a pas soutenue dans votre expression d'une souffrance palpable et vous a indirectement fait perdre confiance en vous, vous ne pouvez pas cependant, faire l'économie d'un suivi psychologique qui pourrait vous délivrer du poids de ces sensations pénibles.
Il est possible que vous ayez subi un traumatisme, dont le souvenir enfoui, ne cesse de se rappeler à vous ; lisez ici :
* http://www.sosfemmes.com/violences/viol_consequences.htm
* http://www.sosfemmes.com/violences/viol_abus_sexuels.htm
Certaines psychothérapies permettent de mobiliser les ressources du "patient", de manière à ce qu'il reconnaisse lui-même, la source de ses problèmes.
Vous devez absolument dépasser votre crainte de consulter, d'autant plus que vous ne savez pas réellement, quel était le statut professionnel de cette intervenante ; vous ne pouvez pas logiquement, faire toujours référence à cette femme intervenante, qui ne vous a pas comprise ; donnez vous le droit, de sortir de cette situation inconfortable, telle que vous la nommez vous-même ; donnez vous le droit d'apprendre à vous faire confiance.
Voici des adresses de CMP, où vous pourriez trouver un soutien :
* http://www.sosfemmes.com/ressources/contacts_psys.htm
Sachez qu'il existe différentes formes de psychothérapies ; ne renoncez pas à chercher celle qui vous convient (selon Erickson, Palo Alto, Rogers...)
Mais parlez de votre angoisse que vous tentez de mettre à distance par l'alcool et la drogue.
Cordialement,
Chantal POIGNANT
Conseil

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