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Mon conjoint m'a battue et m'a violée pendant 8 ans

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Février 2005
(puis mai 2005)

Je me suis séparée de mon conjoint en décembre 2004, car je me faisais battre et violer. Cela a duré pendant 8 longues années. Mon fils avait 5 ans et ma fille 2 ans, quand nous sommes partis.

J’ai rencontré T. en début d’année 1996, à un déjeuner que nous avions organisé avec des collègues. Il avait l’air gentil, amusant parfois… nous sommes sortis ensemble plusieurs fois, au restaurant, au cinéma, et puis il venait avec son petit garçon âgé de 6 ans à mon domicile ; A ce moment-là, j’allais également chez lui, nous passions d’agréables moments, à rire (ça n’a pas duré longtemps). Un jour, il m’a demandé de vivre avec lui ; il m’avait expliqué qu’il était marié, mais que comme sa femme était malade, ils ne vivaient plus ensemble depuis très longtemps et il allait demander le divorce. Ce jour-là, j’aurais dû ouvrir les yeux, (c’est avec du recul que l’on se dit ça) et je ne l’ai pas fait. Ca aurait pu éviter beaucoup de tristesse, et de moments très pénibles. Je n’ai jamais voulu m’installer dans sa chambre, car il y avait encore toutes les affaires de sa femme, je ne me suis jamais aventurée dans cette pièce.

Lorsque je me suis installée chez lui, déjà, il commençait à y avoir un problème, il m’était interdit de bouger la moindre chose, de poser le moindre bibelot m’appartenant. Du jour où je me suis installée chez lui, c’est devenu de plus en plus invivable.

Je suis rentrée un soir, plus tard que prévu, JD était dans sa chambre avec son père en train de faire ses devoirs, il butait sur de la lecture, j’ai vu T. lui donner, une gifle, deux, trois, je voyais la tête de ce petit bonhomme virer de gauche à droite, et de droite à gauche, je lui ai dit d’arrêter, qu’il y avait d’autres moyens que de gifler un petit garçon, et là il est devenu rouge de colère, il l’avait pris par le cou et par la ceinture du pantalon, et il l’a balancé contre le mur, sa tête a heurté le mur, j’ai essayé de le rattraper mais je n’ai pas réussi.

T. est devenu de plus en plus violent, chaque jour, JD, se faisait battre par son père, pour un rien. Chaque matin, je me demandais quand cela allait s’arrêter, j’essayais de le raisonner mais il n’y avait rien à faire, je lui ai proposé de rencontrer quelqu’un pour qu’il l’aide à sortir de cette violence. Il a toujours refusé. Pour ce qui est de JD, j’arrivais la plupart du temps trop tard, je le trouvais dans sa chambre, recroquevillé dans l’angle du mur, complètement défiguré par la douleur, il n’avait que 6 ans ; et avant qu’a-t-il enduré, qu’est ce que sa femme a enduré, alors qu’elle était malade, handicapée, elle a dû recevoir des tonnes et des tonnes de gifles, car il perdait souvent patience, je n’ose imaginer ce qu’elle a pu subir, mais je n’ai pas de preuve.

Un jour, je suis rentrée à l’appartement, il était en train de taper JD, à coup de pieds, de coups de poings, dans la tête, car ça ne se voit pas, et là je lui ai dit d’arrêter, j’ai réussi à le rattraper au vol, nous sommes tombés tous les deux à terre, et je me suis pris des coups de pieds, coups de poings, ça me semblait interminable, je croyais que ça n’allait jamais terminer. Nous étions couverts de bleus, d’hématomes, j’avais du mal à bouger tellement j’avais mal, et c’était pareil pour JD. Ce genre de scène s’est passé des dizaines et des dizaines de fois. Une autre fois, JD, avait reçu tellement de coups, qu’il ne pouvait plus bouger, même avec de la crème, des massages, il avait du mal à se déplacer, l’excuse qu’il a donnée le lendemain au directeur de son école, tout simplement, qu’il était tombé dans les escaliers. En plus, il venait de perdre sa maman, ça a dû être terrible pour lui, je sais qu’il ne l’a pas connue beaucoup, mais je pense que pour lui, pire que sa mort, ça a été aussi sa perte, parce que je pense que sa maman aussi devait se faire battre et qu’ils se protégeaient mutuellement même s’il était tout petit, je pense qu’il devait essayer de défendre sa maman. C’est pour cette raison que je suis restée, je ne voulais plus qu’il fasse du mal à JD, j’ai essayé à maintes reprises, de parler à sa grand-mère, de façon à ce que JD, aille voir un psychologue, qu’il puisse parler de la violence que son père lui faisait subir, elle n’a jamais voulu en entendre parler, pour elle JD, n’avait pas besoin de ça. T. était totalement contre (bien évidemment, il aurait fallu qu’il parle de sa violence). Avec les grands-parents de JD, je me suis heurtée à un mur, c’est dommage, car ils auraient pu le sauver et me sauver par la même occasion.

Je suis tombée rapidement enceinte, ces moments ont été très pénibles, chaque jour qui passait, je me prenais un coup de poing dans la figure, des coups de pieds partout, il n’y a pas eu un seul jour sans que je prenne des coups, le pire pendant ma grossesse, a été celui où un matin, je me suis pris le « coup du lapin », « j’étais enceinte de 8 mois », je me suis écroulée par terre, j’ai reçu des coups de pieds dans le dos, dans le ventre à plusieurs reprises, et au moment où je me suis relevée, il m’a fracassé le dos avec une chaise en bois (de ma salle à manger), celle-ci était en morceaux. J’avais des bleus et des ecchymoses sur tout le corps, j’avais du mal à parler tellement j’avais pris des coups de poings. Je n’ai pas pu sortir les jours suivants, je disais à mes parents que j’étais fatiguée et que je préférais rester tranquille. Pendant ma première grossesse, j’ai pris plus de 25 kilos, je me suis fait traiter de tous les noms, notamment, « grosse baleine », « grosse truie », « tu es tellement grosse que tu n’arriveras jamais à perdre tous tes kilos », « tu n’es qu’une bonne à rien » et bien d’autres choses encore, comme poufiasse, salope, sale pute, putain, vas te faire dégrossir.

Je ne savais plus quoi faire, partir ou rester, mais pour aller où, laisser JD, seul avec son père, je ne le pouvais pas, je n’avais pas le droit, j’étais prête à supporter tous ces moments pénibles.

A la maternité, il faisait comme si de rien n’était, il montrait à tout le monde que c’était un père formidable, qu’il savait s’occuper de ses enfants et de moi et au moment de partir, je lui ai tendu le cosy où dormait PE et il m’a regardé avec un visage rempli de fureur, « tu as voulu un gosse et bien maintenant, tu te démerdes ». J’étais complètement anéantie, je croyais que la terre s’écroulait sous mes pieds, ce n’était pas possible de se comporter comme tel en voyant un petit bébé de 5 jours, il n’aimait pas PE, il ne l’a jamais aimé, pourquoi ? Je n’aurais jamais la réponse. Un jour, il a voulu changer PE, il avait quelques semaines, et je l’ai surpris à lui donner une fessée, parce qu’il lui avait fait pipi dessus, à partir de ce moment-là, je ne le lui ai plus laissé. Je me suis jurée qu’il n’allait pas subir les mêmes violences que JD et moi. J’ai toujours protégé PE, et le pire, c’est d’imaginer que PE a reçu de grosses gifles. Il prenait toujours ma défense, je voyais bien qu’il voulait me protéger, il me disait qu’il donnerait à son père des coups de poings et qu’il arrêterait de me frapper, mais ce que ce petit bout’chou ne sait pas, c’est que personne ne peut faire le poids contre T.

Je ne sais plus si j’ai dit que je me faisais battre par T. depuis 1996, oui ! depuis si longtemps… On se pose la question, pourquoi suis-je restée si longtemps avec lui, pourquoi, je ne l’ai dit à personne, non je dis des bêtises, Alain, mon second frère, décédé en 2001, était au courant depuis le début, il avait parlé à T. et que s’il recommençait, il en subirait les conséquences, je me souviens qu’il n’avait pas mâché ses mots, et je me sentais en sécurité de savoir que mon frère était au courant, même s’il ne pouvait pas faire grand chose quand j’étais toute seule dans l’appartement, parce que j’avais beau crier, hurler, personne n’entendait ou personne ne voulait entendre.

Alain connaissait son état de santé et il savait que la prochaine crise cardiaque pouvait être fulgurante et en a parlé à mon frère aîné.

Un soir où nous étions chez mon frère aîné, il a dit à T. qu’il était au courant des violences qu’il me faisait subir, T. semblait gêné mais n’a pas bronché. Lorsque nous sommes rentrés du week-end, la porte était à peine fermée que les coups tombaient.

Je pensais que lorsque nous allions déménager il changerait, il me disait que c’était son rêve d’avoir une maison, « la maison que ses parents n’avaient jamais réussi à avoir », qu’il avait une famille super et une belle maison.

Le soir même du déménagement, je me suis fait battre, PE et JD ont tout vu, je m’étais écroulée par terre, je ne pouvais plus bouger tellement j’avais mal. Et les coups ont recommencé de plus belle. Un soir il m’a fait tomber par dessus la barrière de sécurité des escaliers, j’ai roulé jusqu’en bas, ma tête a heurté la rambarde, le mur, je me disais que c’était terminé, que j’allais mourir et que tout serait fini, je suis restée un bon quart d’heure à terre, il riait de me voir comme ça, il m’a donné des coups de pieds, partout, et là, je me suis dit que si je mourais, les enfants seraient sa cible, alors je me suis relevée, j’ai pensé à papa, lorsque nous étions petits, il nous apprenait à faire de la boxe pour s’amuser, et là, c’est comme si j’avais eu toute sa force, je lui ai assené un coup de poing au visage, et je lui ai dit que c’était la dernière fois qu’il posait la main sur moi. Malheureusement il y en a eu d’autres, je me suis fait étrangler à deux reprises, j’ai voulu appeler la police mais à chaque fois il me prenait le téléphone des mains et il me menaçait, et menaçait de faire du mal aux enfants si j’appelais qui que se soit.

Je parle aujourd’hui de sa violence, mais je ne parle pas de sa violence sexuelle, combien de fois ai-je pu me faire violer, je ne m’en souviens pas, peut-être 20, 30 fois, ou plus, je ne sais plus. A chaque fois, je lui disais que c’était un viol, et il me regardait en me répondant « ben oui et alors, tu m’appartiens, je fais ce que je veux de toi », tu n’es pas contente, et bien tampis , et que dans un couple, le viol n’existe pas ».

Pendant cette union, une accalmie s’est installée et je me suis dit que nous avions gagné face à cette violence, et que nous pouvions envisager d’avoir un autre enfant, j’ai toujours voulu avoir une grande famille, avec des enfants qui crient dans la maison, mais les cris de mes enfants ne sont pas ceux que j’aurais voulu entendre.

J’ai donc arrêté la pilule, l’accalmie a duré deux mois, il est devenu encore plus violent et je lui ai dit que c’était terminé, que j’allais partir avec PE et JD, qu’on allait vendre la maison et qu’il ne ferait plus de mal à personne, parce que j’allais tout dire à la police et à son entourage. Je ne savais pas à ce moment-là que j’étais déjà enceinte d’un mois. Je suis tombée enceinte aussitôt et c’est pour ça que je suis de nouveau restée. J’ai pris des coups lorsque j’étais enceinte mais moins que d’habitude. J’étais toujours sur la défensive, j’avais peur qu’il arrive la moindre chose aux enfants, j’avais réellement peur pour eux. Sa violence a recommencé peu de temps avant que je ne quitte la maison (4, 5 octobre 2003). Nous avions gardé le chien de mes parents, il s’appelle Hulot, c’était un berger allemand et il avait 6 mois, il n’avait pas à ce moment le réflexe de se défendre. Il s’est ramassé, des coups de poings, des coups de pieds, je l’entendais hurler de la chambre de Camille-Hélène, j’étais alors descendue pour voir ce qui se passait, je voyais le chien complètement affalé par terre, je lui avait dit qu’il était complètement malade, qu’il fallait qu’il se fasse soigner parce que ça ne pouvait plus durer. Le dimanche matin, je suis allée sur Rennes avec les enfants, j’ai mis environ une heure à faire mon tour et lorsque je suis rentrée dans le garage, j’ai vu T. complètement déchaîné, il venait de battre le chien, il lui a donné des coups de poing sur le museau, sur la tête, des coups dans la panse, je n’ai jamais vu un chien avec un air aussi pitoyable, je lui ai dit que j’allais le ramener chez mes parents qu’il n’avait pas à faire ça, il m’a regardé d’un air menaçant en me disant que je n’avais pas à me plaindre car ce n’était pas sur moi qu’il tapait.

Le lendemain matin, nous avons emmené le chien chez mes parents, au moment où j’ouvrais la porte, j’ai entendu le chien hurler, il venait une fois de plus de le taper. Je lui ai interdit de toucher le chien. Le pauvre chien était tout triste, dès aussitôt que je lui parlais, il baissait les oreilles, ça m’a fait du mal de le voir comme ça. Mes parents ont bien sûr été au courant de ces multiples incidents.

Le lundi 6 octobre 2003, T. s’en est pris à PE, il lui a dit qu’il allait lui « foutre son poing sur la figure », le petit ne savait pas quoi répondre, tellement il avait été surpris, alors qu’il pensait s’amuser avec son père. C’est tellement ahurissant d’entendre un papa dire à son enfant « je vais te fiche mon poing sur la gueule ». Je n’ose même pas imaginer qu’un jour je ne sois pas là et que je ne puisse pas protéger mon fils, je suis terrorisée à l’idée que cela puisse se produire. Le mardi soir, PE était aux toilettes, T. est rentré, et j’ai entendu PE crier, je n’ai pas compris aussitôt, mais lorsqu’il en est sorti, il a donné un coup à T. dans le dos, et lui a dit qu’il n’avait pas à rentrer dans les toilettes et à regarder son zizi et ses fesses et T. s’est retourné avec une telle violence que je me suis dit qu’il allait recevoir un coup. T. s’est retenu, mais il lui a redit « un jour, je te le foutrai à travers la gueule celui-là ». Je me suis interposée, je lui ai dit qu’il n’avait pas le droit de s’en prendre à un petit, qu’il était violent, et qu’il fallait qu’il se fasse soigner et que s’il touchait à un seul des cheveux de PE c’était terminé pour lui, et qu’il ne pourrait plus faire de mal à personne.

Je ne pouvais plus continuer comme ça, je me faisais battre presque tous les jours et je devais ensuite assumer la journée qui commençait. Peu de personne dans mon entourage professionnel était au courant de ce que je subissais dans ma vie privée. Il y avait des jours, où j’avais beaucoup de mal à marcher, j’étais couverte de bleus et d’hématomes, c’était vraiment très rare que les bleus soient apparents, mais pendant ces moments là, je devais me maquiller à outrance afin que personne ne remarque les traces. Il avait réussi à me rabaisser plus bas que terre, j’en étais devenue à penser qu’il avait raison, que j’étais vraiment la personne qu’il décrivait. Il disait que j’étais moche, grosse, que je n’avais aucune allure, que je n’étais qu’une sale pute, que je n’avais rien dans la tête, une simple mijaurée. J’étais complètement anéantie. Il avait en plus réussi à me couper de tout mon monde extérieur, sauf de mes parents, je n’ai jamais cédé, ça m’a valu des coups mais je n’ai jamais voulu couper les ponts avec mes parents ; je crois que si j’avais fait cela, plus rien n’aurait compté et je me serais laissée aller et je ne serais plus là pour parler aujourd’hui. J’étais arrivée au point que dès aussitôt qu’il me regardait, je devais baisser les yeux et c’est ce qu’il y a de pire chez une femme, c’est d’être rabaissée au rang… « même pas d’un animal »… au rang d’une simple « crotte » qui peut disparaître d’un coup de balai.

Ces harcèlements commençaient dès le réveil, j’appréhendais le moment où mon réveil allait sonner car je savais quelles allaient être ses paroles ses gestes : il poserait sa main sur mon bras gauche, me dirait de me mettre sur le dos, d’écarter les jambes, il ferait ce qu’il faisait tous les matins », et il me dirait ensuite que je ne suis pas un bon coup » et me traiterait de sale pute. J’allais ensuite sous la douche pour essayer d’enlever la trace qu’il avait laissée, ce dégoût que j’avais de lui, cette peur aussi qu’il me fasse du mal, alors je le laissais faire, au moins, pendant ces moments où je ne disais rien, il n’était pas violent. Je me préparais et j’avais aussitôt cette remarque qui fait tant plaisir : « tu t’es regardée, tu es grosse, tu as de la cellulite, il est temps que tu te mettes au régime, tu n’es qu’une sale pute et regarde comment tu t’habilles, c’est ridicule », ou lorsque ma tenue lui convenait il me disait que j’étais baisable. J’étais seule à m’occuper des enfants puisqu’il refusait de le faire, je devais me « démerder » comme il disait, pendant ce temps, il regardait la télé « franklin » et prenait son café. Je ne dormais que 2 heures par nuit, car je pense que les enfants, inconsciemment ressentaient cette tension et ils faisaient beaucoup de cauchemars. Chaque soir, je disais au revoir à mes enfants, car avec la violence de T., je ne savais pas si je serais encore vivante à leur réveil, ça m’était très pénible, je faisais des câlins à n’en plus finir à mes enfants et quand je repense à tout cela, ça me fait énormément de mal. Je devais m’occuper des enfants 24/24 même lorsque j’étais malade, je montais les escaliers pour aller dans leurs chambres à 4 pattes, car je tombais en syncope, il ne s’est jamais levé, n’a jamais levé le moindre petit doigt pour faire des choses avec les enfants. La seule nuit où il s’est levé pour CH, il l’a secouée violemment et j’ai été obligée de me lever car les pleurs de la petite étaient très inquiétants ; lorsque je suis arrivée dans la chambre, il m’a jeté l’enfant dans les bras et m’a dit d’aller me faire foutre. Lorsque le soir arrivait, il fallait recommencer une deuxième journée, pendant qu’il buvait, je devais tout faire, du dîner au repassage, et bien sûr, les devoirs de PE, le bain, jouer un peu… et dîner, en 5 mn, car il n’était pas question de dire un mot, sinon les injures fusaient et les coups aussi. Sa dernière trouvaille a été de manger mon repas. Il disait que je ne faisais pas suffisamment à manger et comme il avait faim, il me disait « tu n’as pas faim, moi si, je prends ta part ». Je me retrouvais sans rien à manger, j’étais obligée de manger, soit un petit morceau de pain avec du fromage ou s’il me restait du slim fast, je me préparais un plat (il n’aime pas ces plats, j’étais donc sûre qu’il ne les mangerait pas).

En ce qui concerne JD, ça n’a pas été facile, plus il a grandi et plus les conflits sont apparus, c’est comme si, il avait effacé toute la violence de son père. Il a été odieux, parfois même à la limite de la politesse, insolent, il narguait à chaque fois que je lui demandais de faire quelque chose ou il refusait de faire les choses que je lui demandais, en me disant que je n’étais pas sa mère et que je n’avais rien à lui dire. Il me disait que j’avais une préférence pour mes enfants, alors que je le considérais comme mon fils. Le problème est, je pense, que j’ai voulu trop en faire, trop le seconder, à lui faire faire ses devoirs, lui faire réciter ses leçons, surveiller ses fréquentations, qui, à un moment donné n’étaient pas des plus sérieuses. Il me disait que je n’avais pas à m’occuper de ça car je n’étais pas son fils, mais j’estimais de mon devoir de lui apporter le soutien, non pas comme sa maman, mais comme une deuxième maman et il ne l’a pas accepté. Son père était bien content de cette situation, car il voyait JD se rebiffer et ça lui faisait plaisir. Plus il y avait de disputes plus il était content. J’ai soupçonné JD de mentir à ses grands-parents, de ne pas leur dire la vérité sur son réel comportement qu’il avait lorsqu’il était à la maison. Je percevais, dans la voix de sa grand-mère une « certaine sécheresse », c’est pour cela que je pense qu’il n’a dit comment il était, car je pense que sa grand-mère lui aurait demandé d’être plus poli, d’obéir, et de ne pas être injurieux. Je n’en veux pas à JD, car en fait, il reproduit tout simplement ce que son père a fait. Je sais qu’il peut être gentil et attentionné quand il le souhaite, mais dès aussitôt que son père se trouvait à ses côtés, il y avait une certaine tension et il devenait comme son père. Un jour, JD m’a traité comme son père le faisait, « sale pute, salope, connasse » et il m’a écrasé les doigts dans la chambranle de la porte, j’ai été une semaine sans pouvoir me servir de ma main droite, je suis secrétaire et il est difficile de taper avec une main, et ensuite, il m’a agressée avec un objet coupant et m’a entaillé le bras droit sur une quinzaine de centimètres. Deux ans après les faits, j’ai encore la marque.

Un soir où T. m’avait violemment battue, j’ai pris la décision dans la nuit d’en finir, il fallait que je trouve la solution de partir, de vendre la maison et de nous mettre en sécurité les enfants et moi. Puisqu’il disait que je n’étais qu’une sale pute, rien dans le cerveau et bien j’allais lui prouver qu’il avait raison. Je peux dire que je me suis rabaissée à ce moment, pour ne pas éveiller de soupçons car il disait que je n’avais pas suffisamment de « couilles » pour partir et que si l’envie me prenait il me tuerait et tuerait les enfants. Je ne pouvais pas me permettre de mettre mes enfants en danger alors, un jour, je lui ai dit que je voulais connaître la valeur de la maison et je souhaitais qu’un notaire vienne l’estimer. Avec une certaine réticence, il a accepté mais n’était pas présent lors de l’estimation. Petit à petit, j’ai dit que je voulais me rapprocher du travail, car nous avions trente kilomètres à faire tous les jours et que ça faisait beaucoup. Il a refusé, net, et est parti dans une colère inimaginable mais j’ai fait comme si de rien était et un jour, je lui ai dit que s’il refusait, je prévenais tout le monde de ce qu’il nous faisait subir et qu’il irait en prison. Je pense que ce jour là, il a paniqué et a dit oui, j’ai donc fait remplir les papiers et la maison, par chance, a été vendue en une semaine. Il m’a demandé à plusieurs reprises si la vente de la maison impliquait une séparation, je lui ai répondu par la négative et il m’avait répondu, « de toute façon, tu es tellement con que tu ne pourrais même pas t’en sortir toute seule ». Mes parents ne savaient pas ce qui se passait dans ma vie. Lors d’une discussion avec mon père, je lui ai demandé ce que cela lui ferait si je vendais la maison, je lui l’ai posée, tout simplement parce qu’il a fait beaucoup de travaux et j’appréhendais de savoir si ça lui ferait quelque chose ou pas, et lorsqu’il m’a dit tu fais ce que tu veux, je me suis sentie pousser des ailes, c’est comme si j’avais eu le déclic, je pouvais parler à mes parents et leur dire ce que j’envisageais ; mes parents sont restés interloqués, ma mère avait quelques doutes mais elle n’a jamais demandé d’explications puisque je n’en parlais pas, elle a vu à plusieurs reprises des bleus que je pouvais avoir mais à chaque fois, je lui disais que je me faisais ça au bureau. Le jour de mon déménagement, T. n’était pas au courant, et un samedi matin à 8 heures, il a vu un camion de déménagement, il s’est rué dans la cuisine pour avoir des explications et je lui ai dit que je partais. Je me suis fait traiter de toutes sortes de noms, ceux qu’il affectionne particulièrement, sale pute salope connasse, putain. Je lui ai dit de me redire ces mots là devant ma famille mais il n’a jamais voulu. C’est comme ça que j’ai pu partir, car il pensait que nous aurions repris autre chose ensemble, sinon il n’aurait jamais accepté de vendre la maison et comme les coups étaient de plus en plus violents, je ne serais pas là aujourd’hui.

Cela fait un an et 2 mois que nous sommes séparés. Il me fait toujours comprendre qu’il est là et qu’il peut agir à n’importe quel moment. Ma voiture a été abîmée, mon essuie-glace a été enlevé, mon pot d’échappement a été bouché. La police s’est déplacée mais ne peut rien faire, puisqu’il n’y a pas de violence. Il est venu sonner à la porte de mon immeuble, a essayé d’ouvrir la porte par la force. Il a même essayé de prendre les enfants à la sortie de l’école alors que je juge ne lui a donné aucun droit de garde, seulement deux heures, deux fois par mois. Je suis, en plus, obligée de le rencontrer, car nous travaillons sur le même lieu et je peux assurer que ce n’est pas toujours facile, c’est stressant, voire invivable. Pendant une période, il a continué ses harcèlements, et ses insultes, mais il a été vite convoqué par la hiérarchie et a été remis à sa place, mais cela ne suffit pas.

Aujourd’hui j’essaie de me reconstruire, j’ai rencontré quelqu’un, car j’ai besoin de me sentir en sécurité, épaulée, mais ce n’est pas évident. Je pensais que ce serait facile d’oublier, mais chaque geste de la vie me rappelle celle que j’avais avec T. Je pensais que ce serait facile de faire de nouveau confiance à quelqu’un, je m’aperçois que c’est pratiquement impossible ; Je ne pense pas pouvoir reconstruire ma vie comme je le souhaiterais, pourtant mes enfants ont besoin de quelqu’un, d’une sécurité, et de la stabilité. Mon petit garçon est suivi par un médecin car il est très perturbé, il doit parler de ce qu’il a vécu, des moments pénibles que son père lui a fait endurer, des gestes, des paroles qui seront, je pense, difficile à oublier. On ne peut pas tourner la page du jour au lendemain. Les gens ne comprennent pas lorsque je leur dis que notre reconstruction ne se fera pas en claquant des doigts, qu’il faudra du temps pour apaiser toutes ces souffrances. Combien de fois mes proches m’ont dit de tourner la page, je n’y arrive pas.

Merci d’avoir pris le temps de me lire, et je donne bien sûr mon autorisation pour que ce texte soit publié.

biche.meringue@laposte.net

Mai 2005

Bonjour,
Je voulais donner de mes nouvelles (n° 140) ;
Une nouvelle enquête sociale a été ordonnée par le juge des affaires familiales. J'ai eu un courrier de mon avocate m'indiquant que la seconde enquête confirmait les éléments de la première. Personne ne nous a écouté, personne ne nous a cru, n'a cru à tout ce que nous avions vécu. Je n'ai pas de mots pour exprimer ce que je ressens, à part une chose, je m'aperçois que j'ai fait une bêtise en emmenant mes enfants et en quittant le monstre de conjoint avec lequel j'étais. Si j'étais restée avec lui, il aurait réussi à me tuer et aujourd'hui il serait peut-être en prison, tandis qu'aujourd'hui, je vais peut-être perdre mes enfants parce que des enquêtrices sociales donnent raison à sa violence, ou l'ignorent tout simplement, car ce qu'il a fait est tellement horrible qu'on a du mal à imaginer que quelqu'un est capable d'être aussi ignoble.
La deuxième enquêtrice a souhaité qu'une confrontation ait eu lieu avec mon petit garçon et son père, mon fils (7 ans) m'en a voulu d'avoir accepté, il disait qu'il avait peur, mais je ne pouvais pas refuser et ils ont essayé de lui faire dire que c'était moi qui tapais.
Je ne comprends pas, je ne comprends plus. La justice nous dit, "aux femmes battues", quittez vos conjoints violents et nous vous protègerons avec vos enfants... où se trouve la protection, il n'y en a pas, on nous laisse tomber.
Je pensais avoir fait le bon choix en quittant ce monstre, aujourd'hui, je me sens anéantie, je me sens humiliée, et j'ai peur. Peur, car si mes enfants vont chez leur père, dans six mois, je pourrais aller me recueillir sur leur tombe.
Je donne mon autorisation pour que ce texte soit publié.

biche.meringue@laposte.net

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